Hélène DELMAIRE
Mon travail traite de la fragilité, de la féminité, du rapport de l’homme à la nature et à ce qu’elle lui révèle de lui-même. Le nu et le monde végétal sont mes sujets de prédilection, et tendent à se rejoindre.
Si l’humain est présent dans ma peinture, ce n’est pas de manière traditionnelle comme sujet principal de l’image mis en valeur par son environnement. L’élément humain est ici au contraire la partie qui renvoie au tout. Il est un élément parmi les autres éléments du tableau, végétaux ou nature morte. J’explore la notion d’un certain animisme moderne dans lequel l’être humain retrouve une place plus humble et par là se retrouve lui-même. Le sujet est souvent englouti ou caché par un environnement pictural dont les coups de pinceau débordent – dans un calme abandon. Le visage, élément déterminant du moi, est tronqué, masqué, ou au regard hagard, distant du spectateur, car tourné vers l’intérieur.
Paradoxalement, la découverte de cet intérieur passe par la perte de l’identité extérieure, et se traduit visuellement par l’absence d’éléments descriptifs individuels. Il s’agit d’effacer le personnel pour retrouver l’universel.
Ces corps ou visages perdus dans des mers de verdure, au regard parfois effacé par le pinceau, renvoient à l’expérience de la dissolution de soi au contact de la nature, à l’appréhension « primitive » et intuitive du monde qui nous entoure. L’élément naturel est pour moi le symbole du berceau originel que l’oubli de soi permet de rejoindre un court instant. L’idée d’un rapport contemplatif et spirituel à la nature se double parfois d’une atmosphère sensuelle à laquelle font échos les corps nus et lascifs. Mais qu’est-ce que la sensualité sinon une autre forme profonde d’abandon ?
