"Tien An Men"
Collage marouflé sur toile
50x50cm
2012

Biographie

Ce qui caractérise de prime abord le Street Art, c’est son indéniable essence contextuelle, l’architecture urbaine comme surface d’expression et les passants comme spectateurs. En développement constant et mondialisé depuis le début des années 60, il prend aujourd’hui diverses formes, du collage au Tag, de la fresque à la peinture murale en passant par le sticker. Par ailleurs, le Street Art a à voir avec la culture de masse, celle de nos icônes contemporaines issues des industries culturelles que sont Disney ou Nintendo que les street artistes ingèrent et digèrent pour mieux en saisir le potentiel politique subversif et ainsi délivrer au regard du monde un message fort et offensif par le détournement d’images innocentes.

Combo Culture Kidnapper s’inscrit dans ce mouvement. Ses oeuvres, que nous pouvons rencontrer au détour d’une rue à Los Angeles ou Paris, sont la plupart du temps des tirages marouflés au mur constitués de collages mêlés à des images d’actualités et éléments provenant de dessins animés ou de jeux vidéos. Sélectionnés pour leur identification immédiate, les différents éléments qui composent ces images sont surtout caractérisés par leur incongruité de rapprochement. Sur une photo officielle, les membres du G8 arborent les masques des frères Rapetou, Ben Laden porte un masque de Jerry la souris ou bien encore une couverture du Vogue Chine nous présente des mannequins dont la tête est remplacée par le faciès d’Hello Kitty.

Ce pillage et cette réappropriation des images omniprésentes nous invite sans nul doute à la réflexion sur le statut de ce que l’on voit, des stéréotypes de lecture que l’on nous apprend à déceler dans les images pour les catégoriser.

C’est aussi par ces rapprochements illicites et détournés de leur message originel qui en appellent à notre culture populaire que Combo vient troubler la clarté du message. Ici le déséquilibre qui vient désacraliser ces symboles nous renvoie très directement aux inégalités de notre monde, qu’elles soient d’ordre culturel, identitaire ou financier. De plus, c’est dans le modus operandi que la force de ces images s’exprime, dans le piratage de l’espace urbain comme surface d’expression conquise. L’alliance du geste braconnier d’affichage dans l’espace public allié à l’aspect éphémère de l’oeuvre soumise aux dégradations volontaires et involontaires offrant ainsi à Combo une nature activiste qui nous révèle, par d’habiles décentrements de lectures, l’envers du décor stratégiquement construit par un discours médiatique et politique.

Les oeuvres de Combo s’articulent autour de la notion de légitimation, point central qui préoccupe les interventions des artistes du Street Art. Légitimité d’expression mais aussi légitimé d’appropriation et de reconnaissance de la pratique. Les oeuvres de Combo, alors, qu’elles rencontrent ou non l’adhésion du public, ne nous laisseront jamais insensibles, la force de ces images désacralisées érigées en arme de perturbation massive.

Pierre Malachin

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Dernière mise à jour le 23 février 2013