Biographie

Né à Lille en 1990, Massao Mascaro vit actuellement à Bruxelles. Il a obtenu en 2013 un Bachelor en photographie à l’école bruxelloise Le Septante-cinq et un Master en photographie à la BlankPaper Escuela de Madrid en 2016. Depuis 2019, Massao enseigne dans le département de photographie de l’Académie des Beaux- Arts de Bruxelles ESA-ARBA. Le travail de Massao est toujours un équilibre délicat entre l’autobiographie, la topographie et la politique. Ramo a été sa première incursion dans son mélange particulier de documentaire et de poésie, Jardin l’application consciente d’une forme d’expression visuelle mature et dans Sub Sole, en utilisant le voyage d’Ulysse comme ligne directrice, Massao a composé un voyage lyrique et littéraire à travers des villes le long de la mer Méditerranée. Son travail gravite souvent autour du territoire où il aime errer. Dans Ramo, c’est la Calabre de ses ancêtres, dans Jardin l’espace mythique du jardin, que l’on retrouve dans les rues et les parcs de Madrid, dans Sub Sole c’est la côte de la Méditerranée, berceau de nombreuses civilisations. La portée de son travail est profondément politique, car elle est ancrée dans le besoin d’explorer la relation entre les humains et les espaces, tant culturels que géographiques, qu’ils habitent.

La photographie de Massao est toujours quelque peu discrète mais en même temps capable de métaphores puissantes. Il préfère photographier un sac en plastique accroché à une clôture de barbelés, secoué par le vent, ou une porte jetée au milieu des poubelles, plutôt que de photographier les clôtures de six mètres qui entourent Ceuta. En 2016, la série Jardin a reçu le prix BOZAR Monography Series. En 2017, il a été nominé et a fait partie du .Tiff du FOMU d’Anvers. En 2021, Massao a fait partie du Prix Découverte Louis Roederer lors des Rencontres de la Photographie d’Arles. En septembre 2021, il a présenté l’exposition personnelle Sub Sole à la Fondation A Stichting à Bruxelles ainsi que le livre Sub Sole publié aux éditions Chose Commune.

Massao Mascaro nous livre dans sa nouvelle série Sub Sole (du latin : sous le soleil) un parcours initiatique autour des côtes de la Méditerranée. Au fil de plusieurs voyages ponctués par sept étapes : Ceuta, Naples, Athènes, Palerme, Istanbul, Tunis et Lampedusa, il construit un récit personnel dont les fondations s’ancrent dans l’épopée mythologique d’Ulysse. Porté par le chant de cette grande odyssée, il s’aventure en terre inconnue, là où le soleil brille si fort qu’il écrase les ombres, où les hommes s’échouent, chassés de leur pays d’origine. Pendant près de quatre années, de 2017 à 2021, il prend le temps pour observer et rencontrer une jeunesse dont les visages fiers et heureux résonnent avec la promesse de vies meilleures. Dans ces face-à-face se nouent des regards, des espoirs aussi, et Massao Mascaro nous offre à travers ces rencontres fortuites de simples moments de vérité et de partage. La mer Méditerranée lui sert d’itinéraire. A la croisée des mondes, cette mer qui sépare et relie les peuples ne cesse de le traverser. Dans la lumière silencieuse d’un temps bercé par le passé et le présent, il prélève sur son rivage des instants de vies, des moments suspendus entre les êtres, au coeur même des éléments. La pierre, l’eau, l’agave, la terre mais aussi les objets abandonnés et photographiés tout au long de sa route bâtissent le socle de sa recherche. Pour son exposition à la Fondation A. à Bruxelles, il organise cette matière accumulée en une fresque d’une cinquantaine de photographies, rythmée en de courts fragments tels des poèmes visuels écrits à partir des images. C’est toute l’histoire de l’occident qui se déplie sous nos yeux. Celle des temps anciens dont les vestiges gréco-romains portent en eux la puissance de leur civilisation. Celle d’une société contemporaine qui, pour reprendre les mots de Hyam Yared, « a troqué sa conscience de l’altérité en tant que richesse contre une phobie de l’étranger, par la menace qu’il représenterait du seul fait qu’il réclame de vivre* ».

Accompagné par la littérature et de fidèles compagnons de route dont les lectures le nourrissent chaque jour et lui indiquent le chemin (Jorge Luis Borges, Albert Camus, Barbara Cassin, Paul Valery, et tant d’autres), Massao Mascaro ne cesse de chercher ce qui le conduit dans les pas de cette nouvelle histoire. Et c’est dans le temps du voyage, en quête de l’autre mais surtout de lui-même qu’il donne un écho à nos destins communs.

Dernière mise à jour le 3 janvier 2024