'WOMB'

'Womb' est le titre de la première exposition de l'artiste uruguayenne Katharina Kaminski à Paris, qui se déroule à Sainte Anne Gallery. Mais 'Womb' va au-delà d'une simple proposition d'exposition. Il représente une naissance : la conceptualisation de la création, mettant en avant la grandeur de l'acte créatif, la capacité presque chamanique de donner vie à quelque chose qui n'est pas nécessairement humain, mais qui est façonné et généré par les mains de l'artiste, comme c'est le cas avec l'argile et la sculpture.

La matérialité de l'objet sculpté devient un besoin fondamental dans cette exposition: le besoin d'être et de se connaître comme fécond. Ainsi, 'Womb' — dont le titre fait référence à l'organe reproducteur féminin — vise à questionner les limites de la fécondité, en tournant autour du mythe de la création et de la force supérieure qui la rend possible, une question qui a accompagné l'artiste au fil des ans.

Katharina est scientifiquement considérée comme une personne intersexe, car elle est née avec des chromosomes XY typiques du sexe masculin, mais dans un corps morphologiquement féminin sans utérus ni ovaires. Le fait de naître physiquement en dehors de la norme binaire de genre est estimé à 1,7 % de la population mondiale. Par conséquent, sa sensibilité découle d'un univers cosmique et éthéré qui ne néglige pas les contrastes de la vie ; au contraire, elle en découle pour accomplir son existence. Partant de son propre corps, elle explore l'espace infini de la sensibilité humaine, un corps qu'elle a appris à aligner dans une dimension physique-mentale pour maîtriser ses émotions et les utiliser comme un état pur de création.

Consciente et fière de sa singularité, ses œuvres résultent d'un besoin provoqué de s'affranchir de l'établi, s'exprimant depuis cet espace alternatif en dehors des normes sociales. Pour elle, la création est une sorte de rituel qui lui permet de traiter sa sexualité et sa physicalité. La question sacrée — "qui suis-je et d'où viens-je ?" — occupe une place centrale dans son travail, accompagnée d'autres questions qui surgissent alors qu'elle explore ses nombreuses préoccupations : où se situe la limite de notre expérience sensorielle, et qui décide de ce que nous sommes ? Pourquoi sommes-nous ainsi ?

Pour développer sa cosmogonie, l'artiste utilise un langage visuel qui frôle l'étrangeté des formes et puise dans des genres tels que le surréalisme et l'abstraction, une sorte de maniérisme attribué au langage corporel qu'elle explore et dévoile. Mais cet éloignement trouve un sens clair dans le cas de Kaminski. Katharina sculpte et façonne en s'opposant à la norme imposée par la raison et la logique, inspirée uniquement par son intuition et en s'immergeant dans le langage caché des rêves et de ses pensées les plus profondes.

C'est ainsi que 'Womb', en plus d'être une ode à la force et à la capacité intérieure qui nous est donnée, propose de nouvelles - autres - façons de regarder le biologique, en considérant l'ampleur infinie de la nature et en mettant en évidence les écarts existants entre le physique et l'éthéré, le matériel et le spirituel. Qui sommes-nous avant et après notre corps ?

L'exposition présente un groupe de sculptures en céramique, en marbre et en bronze, de différentes tailles et formes : zoomorphes, amorphes, extraterrestres, météoriques. Certaines d'entre elles sont légères et humoristiques, tandis que d'autres sont plus intenses et spectrales, mais elles semblent toutes être des êtres extraterrestres envahissant gracieusement l'espace d'exposition avec un but.

En même temps, l'exposition pourrait être considérée comme un paysage surréaliste d'objets intemporels et laconiques, un reflet d'un monde onirique qui est intime et unique. Parfois, on a l'impression que ses êtres sculpturaux nous parlent, murmurant à notre oreille le mystère de la vie, les réponses aux questions qui obsèdent tant la vie humaine.

Au rez-de-chaussée, nous trouvons Telescopio Invertido, une pièce en bronze et marbre qui se distingue par son habileté technique, sa monumentalité et sa spatialité. Cette œuvre représente un saut vers une échelle supérieure dans le répertoire visuel de Kaminski. Pendant ce temps, le deuxième étage de la galerie est occupé par l'installation éponyme de l'exposition, composée de 10 sculptures en argile. C'est un sanctuaire de corps sculpturaux dansants autour du feu. Une chorégraphie du physique où la lumière, la chaleur et le son produisent une activation sensorielle unique, évoquant une danse tribale ou un rituel ; un espace pur qui nous reconnecte à la terre et à nos racines.

Dayneris Brito, Paris, octobre 2023