When it Stops Dripping from the Ceiling (An Exhibition That Thinks About Edification)

Exposition
Arts plastiques
Kadist Art Foundation Paris 18

Jesse Ash, Composing a Battle for Narrative, 2011. Film 16 mm, écran en bois de pin. Courtesy the Artist & Monitor Gallery, Rome.

L'exposition When it Stops Dripping from the Ceiling (An Exhibition That Thinks About Edification)a été conçue par Bassam El Baroni.

De nos jours, on encourage l’invention de nouvelles terminologies afin de définir plus précisément des phénomènes qui affectent nos vies, culturellement, socialement et politiquement. Parfois les termes qui nous intéressent n’ont pas à être réinventés, mais simplement exhumés afin de revêtir une nouvelle signification. Le terme « édification » est peut-être  l’un de ceux-là. Une recherche rapide dans un dictionnaire nous renseigne sur le sens de l’édification comme « une manière d’instruire singulièrement, de façon à encourager un progrès intellectuel,  moral ou spirituel » ; ce qui signifie en outre, « l’élévation par l’instruction, résultant de la compréhension et de la transmission des savoirs ».

Au cours des trois derniers siècles, l’édification était l’affaire de quelques penseurs  qui cherchaient à résoudre l’équation réduisant l’écart entre l’autonomie individuelle et  la société au sein de laquelle celle-ci-ci s’exprime.  Ces systèmes se sont finalement dilués, simplifiés ou reconfigurés pour devenir les fondements intellectuels des Etats, les codes culturels ou les rouages administratifs des régimes répressifs.
Cette exposition tente d’interroger l’impact de l’édification sur notre manière de vivre, de pratiquer l’art, la politique ou la communication. Elle présente les propositions de sept artistes qui abordent indirectement le combat et débat permanent entre l’individu et le collectif.

Mais comment  reconnaître l’édification? Pensez par exemple que, bien que vous n’ayez jamais lu
Gustave Flaubert, vous avez réalisé que ses nouvelles vous ont indirectement construit, ou encore, le fait que vous connaissiez  presque tous les articles présents dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, sans avoir jamais pris le temps de la lire. Pensez aussi à ces moments de désespoir ou de souffrance, où vous avez soudainement eu recours à des termes religieux alors que vous êtes plus agnostique que croyant auto-proclamé. Ou comment, au cours d’une relation amoureuse, vous n’avez pu trouver pour vous exprimer, que les mots génériques qui semblent provenir d’un scénario de comédie romantique.
Pensez au nombre d’artistes, commissaires et critiques d’art qui aujourd’hui, s’attachent ou tentent d’échapper,  à l’édification pensée depuis longtemps déjà,  par Friedrich Schiller et John Ruskin*, et à l’approche morale de  leur esthétique. L’édification n’est pas qu’un facteur déterministe ultime qui contrôle nos vies, ni une force omniprésente extérieure, mais bien ce qui est compris entre la volonté individuelle et l’idée que la société a d’elle-même.

L’exposition sera ponctuée de copies de sculptures de Martin Kippenberger (1953-1997), artiste dont la production diversifiée témoigne de sa confrontation aux héritages artistique, par l’ édification et l’histoire,
et qui est devenu lui-même une référence pour les étudiants en écoles d’art aujourd’hui. Inspirés du célèbre incident de 2011, au cours duquel une femme de ménage nettoya malencontreusement une flaque d’eau
peinte en trompe-l’œil faisant partie d’une oeuvre de Kippenberger intitulée « When it Starts Dripping from the Ceiling », ces fac-similés se verront attribués une valeur d’usage ou se confonderont avec d’autres œuvres tout en demeurant méconnaissables - en tant que sculptures de Kippenberger -pour la majeure partie des visiteurs.

Le titre de l’exposition fait donc référence au cette œuvre de Kippenberger, reliant les questions engendrées par l’incident, à de plus vastes questions englobant la notion d’édification. L’édification est-elle évitable, souhaitable, ou est-ce tout simplement une caractéristique inéluctable ? En nettoyant la fausse flaque de l’œuvre de Kippenberger, la femme de ménage mit fin à l’évocation des gouttes tombées du plafond que l’artiste souhaitait représenter.  L’exposition suggère que ce sont là des moments qui révèlent  la nature problématique de l’édification et signale la nécessité d’approfondir cette réflexion sur son actualité et son historicité.

Commissaires d'exposition

Horaires

Du jeudi au dimanche, de 14h à 19h, ou sur rendez-vous.

Adresse

Kadist Art Foundation 21 Rue des Trois Frères 75018 Paris 18 France

Comment s'y rendre

Métro : Anvers (ligne 2), Abbesses (ligne 12)
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022