Walker Evans

Exposition
Association Galerie Artem Quimper
Walker Evans

La Galerie Artem présente les images de Walker Evans en écho à l’exposition consacrée en 2017 par le Centre Pompidou au photographe américain.
Au-delà du style documentaire ou d’un idéal esthétique au sens strict, l’hypothèse de travail a été d’envisager le vernaculaire comme la « méthode » de cet observateur inlassable des conditions matérielles d’existence de ses contemporains.

« Pour comprendre le « vernaculaire » selon Evans, il faut faire attention à un certain rapport « américain » au langage et à l’écriture. Comme Rousseau avant lui, Emerson reprochait au langage hérité d’être déconnecté du réel. Il importerait de régénérer cette forme vide pour que la langue puisse exprimer, comme à l’aube de l’humanité, « une relation originale à l’univers ». Toute la tradition du réalisme américain, pour partie issue de l’empirisme anglais, et si souvent traitée avec condescendance en France, n’a de cesse de mettre « la chose » (« the real thing », commentera ironiquement Henry James) sous les yeux du spectateur-lecteur, en court- circuitant tout code, tout langage, toute académie. Cet idéal réaliste a fait de la photographie puis du cinéma les arts américains par excellence. C’est lui que magnifiait encore James Agee au début de Louons maintenant les grands hommes quand il se proposait, ou feignait de se proposer, de se dispenser d’écrire : « si je le pouvais, à ce point je n’écrirais rien du tout, il y aurait des photographies ; pour le reste des morceaux d’étoffe, des déchets de coton, des grumelons de terre, des paroles rapportées, des bouts de bois, des pièces de fer, des fioles d’odeur, des assiettées de nourriture et d’excréments ». Walker Evans aura privilégié la photographie en tant qu’auteur, sans jamais renoncer à écrire, le plus souvent anonymement. Au-delà du complexe provincial, la quête du vernaculaire exprime une défiance à l’égard du langage en tant qu’institution héritée et site de contrôle – site du politique – au profit d’une esthétique de l’expérience, commune ou singulière, mais surtout non dirigée par une volonté organisée de sens, fût-elle le sous-produit d’une entreprise industrielle. De la même façon, John B. Jackson définira le paysage vernaculaire – paysage gouverné non par un plan mais par l’histoire « organique », ou nécessaire, des usages humains locaux – par opposition au « paysage politique », incarné par les routes et les organisations macroterritoriales ; les deux catégories se rejoignant et se distinguant dans cette zone seuil qu’est le bord de route, si souvent photographiée par Evans, et tant d’autres à sa suite. C’est cette esthétique des bords ou des à-côtés, celle de l’émergence historique de formes locales non planifiées, que semble pouvoir mettre en œuvre l’image photographique, surtout la plus banale, mieux que tout autre « médium ». Les morceaux d’étoffe, comme les cartes postales et les rebuts de fer, sont utiles, domestiques et populaires. Mais s’ils sont « vernaculaires », comme les visages et les silhouettes des « anonymes au travail », c’est aussi et surtout parce qu’ils sont les traces d’une histoire collective qui, depuis l’intérieur du « système », cherche sans répit le témoin véridique de son travail contre l’adversité et pour la liberté. » François Brunet

Commissaires d'exposition

Horaires

Du mercredi au samedi de 14h à 18h // contact@galerie-artem.org

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Association Galerie Artem 16, rue Sainte-Catherine 29000 Quimper France
Dernière mise à jour le 22 mai 2023