Véronique Boudier Nuit d’un Jour

Les installations, performances, images, ou sculptures de Véronique Boudier jouent avec insolence des artifices de la féminité et évoquent souvent le processus de désagrégation de la vie, son caractère instable, éphémère, ou périssable. Le film « Nuit d’un jour » présente une heure durant la troublante combustion du salon de l’artiste, du crépuscule à l’aurore. Puis l’envers du décor, à la naissance du jour, planté dans un champ de brume. Le Studio du Centre d’art le LAIT est reconfiguré entièrement pour recevoir le film-dispositif embrasé de Véronique Boudier « Nuit d'un jour ». « Donc, un dispositif : salon avec lampadaire, lampes, canapé, fauteuils, chaises, miroir, œuvres au mur, le tout en plan large, fixe. Des flammes surgissent à droite, hésitantes, léchant les meubles en bois puis le reste qui flambe peu à peu. Le feu ronfle maintenant jusqu’à ce que, à droite, s’écroule ce qui se révèle être la cloison d’un décor. Derrière, la nuit et, plus ou moins distinct, un paysage. Ah c’était donc ça ! Non : on n’en est qu’au quart du film. La durée, élément non négligeable de l’œuvre, laisse la part belle à la fascination qu’exerce le feu, mais, aussi, aux surprises qu’il nous réserve et que nous propose la nature. Voici le jour qui se lève et qui révèle l’envers du décor, les collines, les herbes hautes, tandis que, de la cendre, montent des fumées sur lesquelles s’étend le brouillard dont on a parlé, qui voile le paysage, se mêle à la fumée. Et tout se fond dans un blanc indistinct. Un perpétuel mouvement de mort et de résurrection, d’incessantes transformations animent ce film magique et rare. Véronique Boudier y prend tous les risques. Attention, chef d’œuvre. » Michel Nuridsany extrait du texte « Véronique Boudier : Tous les feux, le feu » (1) (1) Titre d’un roman de Carlos Fuentes