Verbs

Exposition
Photographie
Galerie Christophe Gaillard Paris 03

La Galerie Christophe Gaillard est heureuse de présenter la deuxième exposition personnelle d’Hannah Whitaker à la galerie : Verbs.
Verbs rassemble les photographies les plus ambitieuses, les plus complexes visuellement, réalisées par l’artiste à ce jour. Elle travaille depuis plusieurs années en superposant sur un film 4 x 5 les expositions prises à travers des caches en papier découpés à la main. Dans cet ensemble présenté aujourd’hui et réalisé en 2016, ce procédé est poussé à l’extrême. Nécessitant une prévisualisation minutieuse, une photographie peut compter jusqu’à 30 caches (et donc autant d’expositions), des lieux de prise de vue multiples, et plusieurs semaines de travail.
Dans cet ensemble inédit, Whitaker porte son attention sur le corps. Utilisant fréquemment des silhouettes, elle associe la forme humaine à des blocs de couleur, ou encore à la texture de matériaux divers comme des grilles de métal, un éventail en papier, ou même un journal. L’empreinte ainsi obtenue est moins délimitée par l’objet en lui-même que par les coupes et orifices du cache utilisé.
Le titre de l’exposition, Verbs, souligne l’intérêt continu de Whitaker pour les façons dont la photographie peut traduire des systèmes externes, qu’ils soient numériques, musicaux ou digitaux. En faisant référence à une partie du langage, le titre situe ce travail dans un système linguistique structuré. De plus, Verbs insiste sur les actions dans lesquelles sont engagés les corps représentés, positionnant ces silhouettes en tant qu’êtres mouvants réfutant ainsi la passivité conventionnelle du sujet photographique.
Depuis toujours intéressée par l’automatisation,, Whitaker s’inspire des cartes de pointage du Métier Jacquard, les calculatrices du XIXème siècle de Charles Babbage, ou encore les premiers ordinateurs d’IBM. Le procédé de Whitaker, impliquant également des cartes en papier avec des combinaisons de trous, pourrait être perçu comme saisissant des données à même le film. De cette manière, un ensemble de caches est comparable à un programme qui peut être exécuté à plusieurs reprises avec des ensembles de données différents. Ainsi, l’exposition présente plusieurs paires de photographies, telles que Stride 1 et Stride 2, prises avec la même série de caches, contraignant un contenu différent à adhérer à un schéma visuel dominant.
L’automatisation mécanique et digitale ne joue pas seulement un rôle essentiel dans son procédé mais inspire aussi les décisions formelles évidentes dans les oeuvres qui en résultent. Son utilisation de motifs noir et blanc, de couleurs vives (vues floues de papiers colorés), de dégradés (feuilles de papier éclairées de manière inégale), rappelle la simplicité des logiciels graphiques de la fin des années 80 / début 90. La répétition et le détachement émotionnel de ses sujets rappellent la clarté impassible des diagrammes d’information. L’utilisation de motifs distincts se chevauchant, en particulier dans les 4 photographies Picture Window, reproduit la cacophonie visuelle d’une fenêtre d’ordinateur encombrée.
Le fait que Whitaker utilise des procédés analogiques pour penser notre culture visuelle contemporaine hautement digitalisée, représente une tension centrale dans son travail. Bien que les photographies soient élaborées avec soin et ardeur, les erreurs accidentelles d’alignement provoquant une double exposition du film restent néanmoins visibles, de même que les fibres des caches en papier. Les lignes franches ainsi que la palette artificielle s’opposent à la vision d’humanité fugitive rendue avec justesse, que seules les photographies grand format peuvent offrir. Ces moments, tels les erreurs d’alignement, se faufileront inévitablement - un journal à peine lisible, un pied laissant apparaitre des veines, ou des mèches de cheveux hirsutes.


Artistes

Horaires

du mardi au vendredi, de 10h30 à 12h30 et de 14h à 19h le samedi, de 12h à 19h

Adresse

Galerie Christophe Gaillard 5 Rue Chapon 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022