Unheimlich

Exposition
Arts plastiques
La synagogue de Delme Delme
Paysages distants, environnements supposés anesthésiants, fuite du réel, artificialité d’un autrefois naturel, suggestions du fantastique sont quelques traits communs à ces oeuvres. Les frontières entre imaginaire et réalité s’effacent, ouvrant un spectre de possibilités où le physique et le mental débordent des espaces qui leurs sont assignés, dans un va et vient entre corps et architecture, entre limites des paysages naturels ou fictionnels.

Complément d'information

communiqué de presse

Unheimlich
28 juin - 28 septembre 2003. ouverture le vendredi 27 juin à 18h30.

Ricci Albenda, Christophe Berdaguer et Marie Péjus, Dike Blair, Marcel Dinahet, Véronique Joumard, Didier Marcel.

Questionner l’étrangeté revient à questionner les limites de ce qui nous est familier, mais aussi, immanquablement, la nature même de ces limites. L’acquisition de références, de catégories et d’oppositions participe à
l’identification et la compréhension quotidienne de notre environnement ; ainsi, l’étrangeté peut se concevoir non pas par détachement du monde des références, mais par glissement
subtil de celui-ci, où la nature même de la limite et de l’opposition serait remise en question.
Unheimlich, qui signifie à la fois hors du familier et secret, est le terme originel utilisé par Freud pour désigner le sentiment d’étrangeté, là où une scène ou un objet familier se retrouverait
soudainement, et sans rien changer à sa nature, parfaitement étranger. Perméabilité de la fiction et du réel, mise en suspens des processus d’identification, ambiguïté des limites et de l’organisation qui régissent le monde sont quelques-uns des traits communs aux oeuvres réunies dans cette exposition. Mettant en doute
notre conscience de la réalité, de nos limites corporelles ou de celles de notre environnement, procédant par inversion, proposant l’intrusion dans la matérialité de ce qui serait acquis pour fantastique, ces oeuvres fonctionnent en quelque
sorte comme des zones-tests de nos certitudes quant à la réalité physique des choses.

Ricci Albenda / Ricci Albenda puise dans les mathématiques et la géométrie les modèles théoriques pour réaliser ses sculptures. Les perspectives, les rapports d’échelle et de distances se brouillent au moyen de trompe-l’oeil, de spectres de couleurs, et de modules agrégés à l’architecture. La série des
«portails» consistent en des empreintes en négatifs ou positifs évoquant une présence, qui aurait surgit dans l’espace d’exposition ou s’en serait rétractée, et qui se serait figée dans un mouvement subreptice. Cet état entre-deux se
trouve renforcé par la tension entre gonflements organiques et netteté des arêtes et des angles, par la rupture qu’elles opèrent avec la régularité
orthogonale des espaces d’exposition. Formes convexes et concaves s’agrègent, jouant d’allers et de retours entre leur présence matérielle et l’image qu’elles produisent. L’irréprochable
précision, la surface immaculée, la fixité de cet « autre » ainsi rendu présent dans l’espace d’exposition, et la préoccupation régulière de l’artiste de donner à voir ce que pourrait être une «quatrième dimension» n’est pas sans rappeler les utopies qui animent les modèles de
science-fiction depuis quelques décennies. Sorte de perfection numérique piégée par le réel, ces
protubérances architecturales, sensuelles et discrètes, invitent finalement, sous prétexte de
science, à la fiction individuelle.

Vit et travaille à Brooklyn. Formation : BFA,
Rhode Island school of design.
Expositions(sélection) : The Moderns, Castello di Rivoli, Turin, 2002. From the Observatory, Paula Cooper Gallery, 2002. Tesseract, Andrew Kreps
Gallery, NYC (2001). Projects 74, Moma, NYC (2001). Casino 2001, SMAK, Gent. Courtesy : Andrew Kreps Gallery, New York.

Christophe Berdaguer & Marie Péjus / Maisons qui meurent et pierres tristes à pleurer... Les mondes de Berdaguer et Péjus consistent en de curieuses extensions du moi, où l’imaginaire et
la biologie se seraient affranchis des limites corporelles pour investir notre environnement.
Ainsi, les oeuvres produites consistent-elles souvent en des architectures ou des paysages qui diffusent des sons, émettent des odeurs, recèlent des substances parfois anxiogènes,
parfois anesthésiantes, et le spectateur se retrouve projeté dans une condition à laquelle il ne s’attendait guère, celle du patient.
Il s’agirait donc d’espaces à vivre,
d’environnement-organismes à visées curatives, d’architectures en sympathie avec leur habitants, dont la vocation première se serait élargie au point de prendre en charge notre biochimie. Il s’agirait peut-être, aussi, de nous
raconter des histoires, et ces paysages seraient de probables espaces entre fiction et réalité. Un monde plus juste, en somme : celui de notre subjectivité, celle qui peuple l’environnement de projections invisibles et de fluides
psycho-biologiques. Critiques acerbes ou
regardeurs amusés des sciences exactes et des flux d’informations qui s’attachent à tenter sans cesse d’organiser le monde, Berdaguer et Péjus proposent à nos intérieurs d’habiter enfin nos extérieurs, petit chaos salvateur et libérateur de nos imaginations.

Vivent et travaillent à Marseille. Expositions individuelles (sél.) : 2003 : Chapelle St Gaudens.Le parvis, Ibos.2002 : Locked-chamber
(2), FRI-ART, Fribourg, Suisse. Traumathèque, BF15, Lyon. 2001 : Zone désir, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille.
Locked-chamber (1), Brakke Grond,
Amsterdam. 1999 : Human-pop-corn-project, Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois, Paris. 1997 : Berdaguer + Péjus, Villa Arson, Nice. Expositions collectives(sél): 2002 : Belluard Bollwerk international, Fribourg, Suisse.
Subréel, Musée d’art contemporain, Marseille.
Micro-territoires, Chapelle Saint-Jacques,
Saint-Gaudens. Ouverture, Palais de Tokyo, Paris. 2001 : Odyssée de l’espace, Ateliers d’artistes, Marseille.

Dike Blair / Les oeuvres de Dike Blair se
répartissent en deux catégories : installations et images peintes à partir de photographies. Les premières intègrent des photographies rétro
éclairées, détails de paysages (ciels, sols, fleurs), des éléments de mobilier, des lumières et leur lot de câbles apparents. Les installations-environnements ainsi produites
semblent inviter à un temps de repos et d’immobilisme, qu’on imaginerait volontiers consacré à la contemplation de ces photographies. Les gouaches constituent un envers à ces installations : les images, peintes d’après
photographies, représentent avec finesse et minutie, des intérieurs, des vitres, des végétaux, des lieux publics. Leur double statut, pictural et photographique, les font osciller entre la
documentation d’un instant, et le temps étiré qui a été nécessaire à leur méticuleuse exécution.
Malgré la diversité des sujets représentés, ces peintures ont une atmosphère toujours identique, à la fois familière et absolument à distance. Paysages nocturnes captés dans un
halo de phares, traces de pas dans la neige, salles d’attente d’aéroports, cendrier sur un bar, chambre d’hôtel vide, vitres de trains finement
parsemées de gouttes de pluies, ces scènes stéréotypées produisent efficacement un sentiment de déjà-vu, où l’attente est omniprésente. Non-lieux connus de tous, dans des versions (si légèrement) différentes, lieux publics ou lieux intimes aux pluriels anonymes,
ces images puisent leur potentiel poétique dans la suggestion , par le vide, de l’événement extérieur, passé ou à venir.

Vit et travaille à New York. Expositions
(sélection) : personnelles : Feature, Inc., New York, NY . Works on Paper, Los Angeles, CA (2001). Charleston Heights Art Center, Las Vegas, NV (1998). Galerie Hubert Winter, Vienna, Austria (1995).

Collectives : 2002 : New Hotels for Global Nomads. Cooper-Hewitt National Design Museum, NY . 2000 : ompression (curated by Tim Griffin), Feigen, NY . Au-dela du spectacle (expanded version of
Let’s Entertain), Centre Georges Pompidou, Paris. Not a. Lear, Torch Gallery, Amsterdam.
Courtesy : Galerie Feature Inc, New York.

Marcel Dinahet / Marcel Dinahet a choisi
d’explorer les zones de contact entre terre et mer : paysages sous-marins, littorals, ports. Ses vidéos donnent à partager des expériences du déplacement et la matérialisation des limites ; dénuées de subjectivité, elles sont le produit du mouvement de l’artiste et non pas d’un cadrage déterminé : Dinahet évite soigneusement de placer son regard dans le viseur. Le paysage
apparaît souvent à ras du sol, comme pour mieux capter les reflets entre terre et mer, et le flux des vagues orchestre parfois le cadrage.
Cette proximité avec l’énergie des éléments naturels apporte une sensualité particulière à ces images. Ainsi, le titre de la vidéo « paysage
frotté » suggère un rapport d’échelle qui
suppose une capacité à agir différemment dans le paysage. Souvent métaphoriques, ces images restituent une expérience de la frontière, où la
mer peut être liée à un sentiment de liberté et de passages, mais où il est aussi question d’errance, d’attente, et d’enfermement.

Marcel Dinahet sera en résidence à
Lindre-Basse, invité par le centre d’art, en collaboration avec le PNRL, du 15 juin au 15 août 2003. Vit et travaille à Rennes. Expositions personnelles : 2001 : Le Quartier, centre d’art
contemporain, Quimper, Niveaux zéro, Institut français d’Écosse, Edinbourgh. 2000 : Les Flottaisons, Le Grand Café, Saint-Nazaire et galerie Le Sous-sol, Paris. 1998 : A fleur d’eau, La Villa de Noailles, Hyères, le fort Napoléon, La
Seyne-sur-mer. Les Finistères, Newlyn Art Gallery, Cornwall, Royaume-Uni. Collectives :
2002 Biennale d’art contemporain,
Enghein-les-bains. 2001 :Bambou Curtain Studio, Taipei, estuaire du fleuve, Taiwan. 2000 :Centre d’art de Nicosie, Chypre

Véronique Joumard / C’ est peut-être pour nous rappeler que la lumière est la condition première de l’apparition des choses, que l’oeuvre de Véronique Joumard sans cesse va et vient entre
jeux de lumières et jeux d’apparitions. La métaphysique cède le pas aux lois élémentaires de la physique , et des oeuvres discrètes s’activent en présence du spectateur, de sa chaleur, de ses mouvements, des bruits qu’il produit. Partageant avec les minimalistes leur
économie de moyens, les oeuvres de Véronique Joumard se fondent sur des processus élémentaires, abstraits de toute fonction autre que celle d’agir sur la perception. Dans les oeuvres produites pour l’exposition, l’apparition se métamorphose, la vérification élémentaire de la présence par l’image dans le miroir échoue partiellement. Les conditions de l’apparition semblent décalées, comme pour attirer notre
attention vers l’environnement, légèrement revêtu pour l’occasion d’un filtre quasi cinématographique ; la réalité des choses se reflète dans la distance d’un écran, apparaît et disparaît au gré des mouvements du spectateur.
Celui qui regarde voit sa présence évacuée un moment du monde des images au profit d’une vague silhouette. À l’instar des peintures thermosensibles et des lignes de lumières, ces
oeuvres donnent à expérimenter un état indiciel de sa propre présence, intrusion soudaine de la disparition comme preuve fragile de l’existence.

Vit et travaille à Paris. Courtesy : Galerie Cent8, Paris. Expositions personnelles (sélection) : 2003 Galerie cent8, Paris
2001 : Shizuoka stadium ecopa, Fukuroi city, Japon, organisé par Art Front Gallery. , La première Rue, Cité Radieuse Le Corbusier 2002. Le Parvis, Centre d'Art Contemporain, Tarbes.
Collectives (sél) : 2003 : Des voisinages, Le Plateau, Paris. Slots, Liestal, Suisse. 2002 : Rendez-vous, organisé par Claire le Restif, Smack Melon, Brooklyn, USA. Objets de réflexion, Le Plateau, Frac Ile de France, Paris.
Les heures claires, Villa Savoye, Poissy. 2001 : A fur et à mesure, Espace de l'Art Concret, Château de Mouans en Sartoux, une exposition de la collection de Françoise et Jean-Philippe Billarant

Didier Marcel / Au premier abord, on serait tenté de considérer l’oeuvre de Didier Marcel comme la transposition d’un échantillon de forêt à l’intérieur de l’espace d’exposition. Quatre essences d’arbres différentes sont en effet le
point de départ de la réalisation de cette oeuvre et de l’identification des objets exposés. Le procédé de moulage utilisé pour fabriquer ces quatre oeuvres suggère la capacité de cette pièce à être reproduite en grand nombre.

Les couleurs et les textures, évoquant
directement celles de la guimauve, et la mise en scène de ces troncs sur socles, tournant doucement comme pour simultanément ralentir et exciter la convoitise, achèvent d’extraire ces
troncs de leur lointaine origine naturelle pour évoquer davantage un salon de l’auto qu’une clairière. La question du renversement ou de l’inversion va au-delà de la seule opposition nature-culture et du questionnement quant à
l’exposition. Le moulage est un procédé qui permet, par empreinte, la production d’un fac-similé ; extraits du réel, les arbres le sont à plus d’un titre : désolidarisés de la terre, il sont
montés sur socles qui eux-mêmes donnent à voir le ciel ou le plafond au lieu habituel du sol.
La rupture avec l’élément naturel se trouve consommée, alors que l’arbre finit de renverser l’ordre du monde en tournant sur lui-même.
Plutôt que se conformer au mouvement de rotation de la terre, l’arbre tourne sur son propre axe. Elément d’un paysage disloqué et inversé, l’oeuvre rend problématique la question de notre point de vue, et sa relativité à la fois géographique et culturelle.

Vit et travaille à Dijon. Expositions personnelles (sélection) : 2003 : La salle de Bains, Lyon.
Galerie Michel Rein, Paris. 2000 : CRAC Sète, Musée de Dôle. 1999 : Villa Arson, Nice ; centre d’art de Vassivière en limousin. Domaine de Kerhguehennec, bignan. OEuvre produite par l’artiste, le centre d’art de Thiers et avec le
soutien de Arcelor. Courtesy : Galerie Michel Rein, Paris.

Contact presse : Aurélie Gandit au 03 87 01 43 42 & aurelie.gandit@wanadoo.fr

Exposition du 28 juin au 28 septembre 2003.
Ouvert du mercredi au vendredi de 14h à 18h.
samedi et dimanche de 11h à 18h. Entrée libre.

Visites commentées : dimanche 29 juin à 15h et dimanche 21 septembre à 15h. Sur rendez-vous pour les groupes constitués.

Le centre d’art participera aux journées
européennes de la Culture Juive, le 7 septembre 2003 à 11h, avec un concert de musique klezmer dans les jardins de la Synagogue, puis aux Journées du patrimoine, les 20 et 21 septembre 2003.

Accès depuis Metz (30 minutes) : D955
(ancienne route de Strasbourg). Depuis Nancy (30 minutes) : N74 direction Château Salins, puis prendre direction Metz.

Autres artistes présentés

Ricci Albenda, Christophe Berdaguer et Marie Péjus, Dike Blair, Marcel Dinahet, Véronique Joumard, Didier Marcel.

Horaires

Ouvert du mercredi au vendredi de 14h à 18h. samedi et dimanche de 11h à 18h. Entrée libre.

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

La synagogue de Delme 33 rue Poincaré 57590 Delme France

Comment s'y rendre

Delme se trouve à 30 minutes de Nancy et Metz
45 minutes de Luxembourg et Sarrebrück
1h30 de Strasbourg
3h30 de Paris, de Bruxelles et de Bâle


Depuis Nancy : prendre la direction Château-Salins et prendre la D955 direction Metz à Château-Salins
Depuis Metz : prendre la D955, ancienne route de Strasbourg

Dernière mise à jour le 2 mars 2020