Une saison culturelle turque

Olivier Rucay Né en 1970. Vit et travaille à Nantes. Diplômé de l’école des beaux-arts de Nantes Galerie Rapinel. « Captations urbaines - Istanbul, Captations urbaines - Paris » Le paysage est présent depuis longtemps dans le travail d’Olivier Rucay. Il a transformé par le biais de la peinture, de la sérigraphie ou de la lithographie des fragments de paysages urbains ou ruraux. Il présente ici des aluminographies* et des sérigraphies qui immergent le regard du spectateur dans des crépuscules urbains. C’est à ces heures tardives - entre chien et loup - que l‘artiste a choisi de présenter l’ambiance colorée des villes. Il déambule avec son appareil photographique à Istanbul et à Paris, au moment où les capitales semblent s’éveiller à la nuit. Quelques fenêtres s’allument, les grands buildings se vident, on imagine les piétons qui affluent dans les quartiers animés. Pour chaque série d’œuvres, Olivier Rucay se trouve en haut d’une tour, entre terre et ciel (la Tour Eiffel et la Tour Galata). L’accrochage de la série Captations urbaines, Istanbul offre des points de vue multiples comme autant d’écrans ouverts sur le mouvement et la lumière. Les points lumineux, les cercles rouges dans Captations urbaines, Paris nous rappellent que nous faisons face à un dispositif de fabrication d’images particulier (photographies d’écrans de caméras vidéo mises à la disposition des touristes). Le manque de repères, l’horizon et les perspectives fuyantes nous interrogent sur le temps et l’espace de ces deux villes. Elles se confondent presque dans un métissage visuel et culturel, semblables mais différentes. Jean-Philippe Lemée : Né en 1957. Vit et travaille à Rennes Docteur en histoire de l’art contemporain, Rennes Centre de Création « Les turqueries de Bazouges » C’est l’histoire d’une œuvre qui mêle les gens d’ici aux images de là-bas. Pendant plusieurs semaines, les deux écoles primaires de Bazouges, ses habitants et Jean-Philippe Lemée ont travaillé en collaboration à partir de peintures et dessins traitant de la Turquie. Une image à reproduire, un temps chronométré, une pratique individuelle ou collective, et après toutes ces étapes, le croquis est donné au peintre en lettres avec les consignes de l’artiste pour la couleur et le trait. Les différentes phases de réalisation s’ajoutent à l’activité à plusieurs mains. La diversité est visible dans l’unité du travail pictural : les détails d’un costume changent, les silhouettes se métamorphosent au gré de l’inspiration de chacun. La multiplication des figures permet aux acteurs de l’œuvre d’apporter une touche personnelle dans l’histoire de l’art. Ce processus de création commune trouve son aboutissement dans l’exposition comme une collection de couleurs et de formes, un univers de fantaisie où chaque « turquerie » est prétexte à un début de voyage culturel et artistique. Geneviève Quebriac : Née en 1970. Vit et travaille à Rennes. Docteur en arts plastiques, Rennes Galerie Thébault. « Viens manger à la maison… » A la question de l’entrée de la Turquie dans l’Europe, Geneviève Quebriac préfère répondre par une réflexion sur le mot partage : mettre en commun, rassembler des motifs récurrents entre la Turquie et la France (la Bretagne). L’oiseau présent dans les faïences de Quimper se retrouve dans l’art des céramiques d’Iznik. Les couleurs et codes des drapeaux, la danse sont des éléments de convergence culturelle au travers desquels l’artiste traduit son propre langage plastique. Pour rassembler ces signes, l’artiste a réalisé des motifs imprimés sur assiettes et mugs à la manière des produits dérivés que l’on trouve dans les boutiques de souvenirs ou de musées. C’est dans un rapport à l’institution et aux codes de nos sociétés qu’elle s’interroge, travaillant ici sur l’hybridation des motifs, le jeu et l’échange. « Le repas est un acte interculturel et cependant spécifiquement culturel au sens où, d’un pays ou d’une région à l’autre, sa pratique est récurrente et son déroulement différent (...). La pertinence des assiettes qui renvoient aux repas réside aussi dans le fait que le repas est un moment au cours duquel les divergences d’opinions peuvent aussi être convoquées et s’exprimer. L’histoire et les pratiques culturelles se rejoignent, se répondent, s’entrechoquent ou s’entrecroisent » Geneviève Quebriac.