Type in process

Bureau 205
Exposition
Design
Galerie Roger Tator Lyon

   
Damien Gautier et Quentin Margat, graphistes et dessinateurs de caractères (Bureau205) s'installent dans la galerie pour travailler à la création d'une police de caractères. La galerie devient un atelier ouvert sur la rue afin de rendre compte du travail effectué et de l'avancement du projet.

Cette résidence a pour objet le développement d'une police de caractères sur la base des caractères présents sur les plaques de rues afin de déterminer quelle est la persistance des formes typographiques et leurs rapports au temps et à l'architecture, et proposer un ensemble de signes à la fois respectueux de l'histoire et tourné vers des usages contemporains.

Finissage: le jeudi 28 février, à la galerie Tator, à partir de 18h30
Restitution/Exposition présentée à la Biennale Internationale Design Saint-Etienne, du 14 au 31 mars 2013 (cour bâtiment H)

 

 

 

 

Typographie  

{(    _________        ) × Temps} x*
    (Technique)n

*x étant le créateur de caractères lui-même qui se saisit de chacun de ces paramètres pour proposer sa propre interprétation de la discipline.


L’art du dessin de lettres est une pratique qui, depuis l’apparition de la typographie avec les premiers caractères mobiles, est étroitement liée aux techniques mises en œuvre pour transposer ces formes dessinées en formes imprimantes. Au fil des siècles, de nombreuses révolutions technologiques ont accompagné la typographie qui continue, aujourd’hui encore, de bénéficier des dernières innovations. Des premières impressions à partir de bois gravés, la typographie utilise ensuite un alliage de plomb 1 puis est transposée sur support photographique 2 et est finalement traduite en formules mathématiques traduisant des tracés vectoriels 3. La création typographique a, par conséquence, subi de nombreux bouleversements. Ses praticiens n’ont eu de cesse de comprendre ces changements, de saisir les atouts de chaque technologie, d’en déceler les faiblesses, d’influencer finalement leurs évolutions et de participer à l’apparition d’une autre technologie plus performante encore.

    Le dessin de caractères est, pourtant, une pratique qui a su au fil des siècles se préserver des aléas des technologies (dans le sens où les technologies balbutiantes contraignent et limitent les formes typographiques à un stade rudimentaire) et des turbulences dues au passage de l’une à l’autre. Les formes typographiques ont, certes, évolué sans toutefois se départir de leurs références historiques, si ce n’est pour en démontrer leur domination. Les créateurs de caractères n’ont eu de cesse de se saisir de la technique à leur disposition pour vérifier la validité des formes historiques en les questionnant et en en proposant de nouvelles.

À l’heure de la typographie numérique, les caractères utilisés quotidiennement — qu’ils soient imprimés ou à l’écran — démontrent tout à la fois la résistance des formes et leur nécessaire mutation lorsque celles-ci rencontrent de nouvelles techniques et des nouveaux usages.

    La typographie, en constante évolution, se régénère constamment en puisant, avec une absolue nécessité, dans ses formes historiques. Nombreux sont les exemples récents de revivals  qui, de toute évidence, souhaitent rendre compte d’une histoire et d’une culture, utilisant les dernières innovations technologiques 4 pour rappeler une certaine excellence typographique.

Le propos et les intentions du travail que nous avons entamé dans le cadre d’une résidence à la galerie Tator et présenté dans le cadre de la Biennale internationale design Saint-Étienne, sont donc de questionner le rapport — à première vue contradictoire — entre la persistance et la nécessaire évolution de la typographie au temps et à la technique. Comment la création contemporaine de caractères puise-t-elle dans l’histoire de la discipline pour assurer sa pérénnité tout en regardant chaque technique nouvelle comme un atout pour renouveler ces mêmes formes et répondre à des usages actuels ? L’enjeu de ce  travail est  aussi de rendre compte du processus de création d’une police de caractères à l’heure où la typographie est à disposition de tous.

C’est à partir des plaques de rue, si présentes que l’on n’y prête pas ou peu attention, que débuta ce travail. Pourtant, à y regarder de plus près, celles-ci représentent un patrimoine typographique réel qui peut disparaître si l’on s’en tient à ces plaques  banalisées installées dans les nouveaux quartiers ou lorsque la rénovation urbaine pense des plaques flambant neuves, à la typographie sans histoire, pourrait judicieuses se substituer aux précédentes.
L’ambition est de relever les spécificités typographiques des plaques vernaculaires et de développer un programme typographique qui questionne d’une part, la relation entre patrimoine et nécessaire inscription dans le temps présent et d’autre part, le rapport entre typographie, architecture et urbanisme.



1. L’invention de la typographie par l’intermédiaire de caractères mobiles est attribuée à Gutenberg vers 1450. Plusieurs générations de machines utilisant ces caractères se sont succédées ou côtoyées entraînant parfois des adaptations spécifiques. Nous citerons, entre autres, les machines Linotype dans les années 1880 et Monotype.

2. Dans les années  1970, la photocomposition utilisant le procédé photographique a rapidement remplacé les caractères en plomb. Cette technique, ici encore associée à plusieurs générations de machines ayant chacune leur spécificité et atout, a permis de nombreuses expérimentations formelles, auparavant inenvisageables.

3. L’apparition des premiers micro-ordinateurs en dans les années 1960 et leur démocratisation dans les années 1980,  notamment   grâce aux  Macintoshs largement utilisés par les créateurs de caractères, a rapidement eu pour conséquence la disparition de la photocomposition avec le développement de la typographie numérique dont le dessin s’est logiquement ouvert à un plus large public, permettant de nouvelles expérimentations.

4. L’apparition du format OpenType a permis le développement de polices de caractère étendues  jusqu’à faire revivre des signes typographiques qui avaient disparu au temps de la photocomposition.





                    Damien Gautier, Quentin Margat
                    Bureau 205

Autres artistes présentés

Bureau 205 (Damien Gautier & Quentin Margat)

Partenaires

École Nationale des Beaux-Arts de Lyon

Mécénat

Axal Bureautique et If Contemporain

Horaires

Du lundi au vendredi, de 14h à 19h

Adresse

Galerie Roger Tator 36 rue d'Anvers 69007 Lyon France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022