The Training

En résidence à la fondation Kadist depuis le mois de novembre 2012, l'artiste Zhou Tao (né en 1976) travaille à la réalisation de son prochain film intitulé After Reality. Il sera présenté avec son précédent film Collector (2012).

Tous deux résultent d’un état de vigilance recherché par l’artiste.  C’est dans une économie de moyen que l’œil s’entraine à traverser les paysages, en isolant chaque partie pour s’attacher aux traces d’un vécu. Il faudra le hasard et la précision pour y déceler un autre ordre possible, engendrant des relations nouvelles entre les personnes, les espaces, les choses, que le montage du film rendront visibles.

On pourrait reprendre à ce propos la formule de Bresson pour qui  « Créer n’est pas déformer ou inventer des personnes et des choses. C’est nouer entre des personnes et des choses qui existent et telles qu’elles existent, des rapports nouveaux. »[1] Plutôt que de faire un film, Zhou Tao dit qu’il le cherche dans les lieux, l’architecture, les personnes ou communautés, qu’il rencontre au fur et à mesure du regard.

Pour After Reality, certaines images ont été tournées à Guangzhou (Chine) et d'autres à Paris dans des espaces délaissés, urbains ou ruraux, des espaces de transition, aux abords de routes, de rives, de talus de voies ferrées, soit des espaces considérés comme le Tiers-paysage, pour reprendre l'expression du jardinier- paysagiste Gilles Clément. Grâce à la précision du montage alterné des images tournées à Paris et à Guangzhou, Zhou Tao crée un troisième espace qui est celui du film. Son regard se pose tout autant sur la biodiversité de ces lieux en déshérence, qu’il travaille à la constitution d'un corps agissant qui performe, creuse, porte, s'entraine. L’artiste témoigne alors d’une communauté en survivance, qui échapperait à tout projet de planification urbaine. L’exploration des espaces marginaux produits par nos sociétés permet de concevoir des alternatives à leurs fonctionnements et à la place que nous y occupons.

[1] Robert Bresson, Notes sur le cinématographe, ed. Gallimard 1975, p27