Things Not Necessarily Meant to Be Viewed as Art

Exposition
Arts plastiques
Vidéochroniques Marseille

 En 1966, Mel Bochner expose Working Drawings and Other Visible Things on Paper Not Necessarily Meant to Be Viewed as Art. Cette œuvre a été retenue par l’histoire de l’art comme figurant parmi celles qui ont inauguré l’art conceptuel, et initié le changement radical du régime de l’œuvre d’art qui s’opère dans les années soixante. Invité à organiser une exposition pour la School of Visual Arts de New York durant l’hiver 1966, où il enseigne l’histoire de l’art, Mel Bochner a sollicité des personnes dont il appréciait le travail et qui exerçaient leurs recherches dans différents domaines. Artistes, mathématiciens, biologistes, architectes, musiciens, chorégraphes ont envoyé des dessins préparatoires, plans, partitions, croquis... à la demande de Mel Bochner, qui précise que ces documents n’ont pas à être de l’art en soi. Mel Bochner a ensuite photocopié en quatre exemplaires les cent dessins, réduits au format papier standardet a présenté chaque ensemble dans un classeur placé sur un socle. Cette œuvre procède des questionnements d’une génération d’artistes qui cherche à mesurer les processus artistiques plutôt qu’à produire des œuvres et des expositions. Ce que la critique et commissaire Lucy Lippard a théorisé en 1968 comme relevant de la « dématérialisation de l’art ». Qui plus est, la nature hétéroclite de tous ces documents, leur statut incertain, ainsi que la multiplicité des auteurs défient les conceptions traditionnelles de l’œuvre d’art. Précisément, Working Drawings and Other Visible Things on Paper Not Necessarily Meant to Be Viewed as Art est un refus frontal de la conception moderniste, alors hégémonique, qui assure l’autonomie absolue de l’œuvre d’art, close sur elle-même ; suppose le surplomb de son auteur généralement démiurge ; repose sur un récit ayant pour horizon la conquête de la pureté des médiums. Une théorie qui, au nom d’une essence intrinsèque, assure à la discipline de l’art une place de choix dans la hiérarchie des valeurs.

Les années soixante sont celles des révoltes étudiantes et citoyennes qui mettent en crise l’autorité, le paternalisme et la culture bourgeoise. Elles sont aussi celles de toute une génération qui s’inscrit en faux contre l’esthétique moderniste incarnée par Clement Greenberg. Toutefois, la proposition de Mel Bochner ne saurait être associée à la rhétorique « anti-art » qui occupe les démarches de certains artistes affiliés à « Fluxus », pour ne citer qu’eux. Elle ne saurait non plus être inscrite dans la continuité des appels formulés par les avant-gardes historiques soucieuses de réunir « l’art et la vie ». L’œuvre de Bochner a ceci de singulier qu’elle reformule les termes de la question urgente de la place de l’art dans la société : en réponse aux recherches qui s’efforcent de dialectiser ces deux domaines distincts que seraient l’art et la société, Bochner sort de ces catégories binaires et affirme la possibilité de proposer un objet qui ne soit « pas nécessairement destiné à être considéré comme de l’art ». C’est-à-dire, un objet dont les statuts sont multiples, résolument poreux et dépendants d’un contexte – lui-même variable par définition. La catégorie « art » est dissoute et, ce faisant, la question même de la place de l’art dans la société devient caduque. Le renouvellement des termes opéré est alors d’une fertilité remarquable, en ce qu’il nécessite de réévaluer les critères d’appréciation de l’art, les outils de son élucidation théorique, et les attendus esthétiques.

Cette exposition a été conçue et réalisée par les membres du projet de recherche de l’Ecole Supérieure d’Art et de Design Toulon Provence Méditerranée, intitulé « Égalité, Hybridité, Ambivalence ». Ce projet explore des travaux dont le statut irrésolu interroge un ensemble d’idées entrelacées telles que celles de l’auteur, de l’autonomie de l’œuvre, leurs régimes de visibilité, leurs relations aux instances performatives du monde de l’art, et la notion d’art en tant qu’activité plutôt qu’économie productrice d’objets. Selon une approche prospective, nous présentons des pièces qui résonnent avec la démarche de Mel Bochner dont l’œuvre ici réactivée, par son caractère exemplaire, agit comme figure tutélaire de l’exposition.

 

Tarifs :

Entrée libre

Complément d'information

Une proposition du projet de recherche de l’École Supérieure d’Art et de Design de Toulon Provence Méditerranée

Commissariat : Marie Adedj, Anaïs Dormoy, Jean-Loup Faurat, Géraldine Martin, Édouard Monnet, Julie Origné, Axelle Rossini, Ian Simms, Mabel Tapia, Margaux Verdet

Autres artistes présentés

Rasheed Araeen, Mel Bochner, Marcel Broodthaers, André Cadere, Fernand Deligny, Hollis Frampton, James Lee Byars, Lucy Lippard, Raivo Puusemp, Ad Reinhardt, Robert Rauschenberg, Ed Ruscha, Allan Sekula, Seth Siegelaub, Mladen Stilinović

Partenaires

Coproduction : École Supérieure d’Art et de Design de Toulon Provence Méditerranée Cette exposition bénéficie du concours de : David Zwirner Gallery (NY), Ad Reinhardt Foundation, Galerie Michel Rein (Paris/Brussels), Frédéric Mathieu, Projects Art Centre (Dublin), Krist Gruijthuijsen, Donation Hervé Fischer, Bibliothèque Kandinsky, Musée d’Art de Toulon, Barbro Schultz Lundestam, Gisèle Durand-Ruiz, Sandra Alvarez de Toledo

Horaires

Du mardi au samedi de 14 à 18 heures

Adresse

Vidéochroniques 1 place de Lorette 13002 Marseille France

Comment s'y rendre

Tram : arrêt Sadi Carnot (T2, T3)
Métro : stations Colbert (M1) ou Jules Guesde (M2)
Dernière mise à jour le 3 février 2022