A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind

Exposition
Arts plastiques
Galerie Karsten Greve Paris 03
Claire Morgan, Mourning for real, 2021, peau de pinson des arbres, polyethylene, nylon. Claire Morgan Studio. Photo:David Lawson. Courtesy Galerie Karsten Greve Paris, Köln, St. Moritz

Complément d'information

La Galerie Karsten Greve est heureuse de présenter la nouvelle exposition personnelle de la plasticienne Claire Morgan dans son espace parisien. Conçue comme une expérience immersive, l'exposition A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind dévoile ses travaux les plus récents, dont deux nouvelles installations de grand format, plusieurs œuvres en vitrines ainsi que de nombreuses œuvres sur papier.

A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind est une contemplation des sentiments de douleur et de perte. C’est aussi une célébration des possibles transformations qui surgissent des cendres de la dévastation. Inspirée par le pouvoir régénérateur des cycles naturels, Claire Morgan invite le spectateur à réfléchir à sa place au sein de la nature et à se tourner vers une quête de symbiose avec l'univers, afin de parvenir à un nouveau seuil de conscience: « Ma pratique s'est concentrée sur la façon dont nous, les hommes, comprenons et interagissons avec le reste du monde naturel, et sur notre réticence à reconnaître notre manque absolu d'autonomie ou de contrôle. Je considère les hommes comme des animaux, et la complexité de notre rupture intellectuelle avec le paysage qui nous nourrit. Nous nous comportons comme des entités individuelles avec des identités fixes, mais la réalité est moins claire. Le « Je » d'il y a quelques jours n'existe plus ».

 

Morgan étudie la catharsis qui s’opère lors de l’évocation de nos peurs et de nos secrets les plus sombres. Pour la première fois dans son œuvre, l'artiste remplace les animaux taxidermisés par leurs peaux. Le passage à l’emploi du tannage se traduit par le besoin d’atteindre une vérité et exorciser ses peurs les plus ancrées. Cette pratique remonte à la préhistoire, lorsque les peaux d'animaux étaient essentielles à la survie de l'homme. À l'époque victorienne, cette activité prend une nouvelle signification pour refléter l’emprise du colonialisme et l’importance des notions de classe et de propriété: les peaux d'animaux deviennent des trophées de l'excès. Les peaux souples, dépouillées de leurs carcasses osseuses, apparaissent alors comme d’étranges enveloppes vides. L'artiste associe ce processus complexe à la nécessité de provoquer une quête psychologique et personnelle : « Lorsque vous retirez la peau d'un animal pour la taxidermie, les gencives sont le dernier point où elle reste attachée. Voir un corps retourné comme ça, avec toute la peau encore attachée par les dents, c'est quelque chose qui ne quitte jamais votre mémoire. »

 

Pour composer son écosystème, Claire Morgan joue sur les contrastes à plusieurs niveaux. Dans Mourning for real (2021) le polyéthylène, qui est sublimé par une harmonie colorée, ne perd cependant pas sa fonction parasitaire puisqu'il fait irruption de la peau de l'oiseau. La rencontre entre les animaux et le plastique renvoie à l'extinction massive et à la crise climatique. D’un autre côté, certains éléments organiques, tels que les graines, forment des volumes élégants autour d’animaux et laissent entrevoir une référence au temps qui passe. L’artiste compose ainsi une ode à la nature grâce à ses œuvres interconnectées et aux diverses matérialités.

 

À la limite entre violence et vulnérabilité, les notions d'équilibre et de tension orchestrent l'ensemble de l'exposition. Claire Morgan aborde le passé et la mémoire archaïque à travers la forme de la corne, utilisée pour la première fois et révélée tout au long du parcours sous différentes tailles et techniques. Dans l'installation monumentale A tentative strategy for a renewal, or, wanting to tell you everything and then changing my mind (2021), la corne, plus grande que nature, ne peut appartenir à aucun animal existant - elle pourrait être une relique mystérieuse du passé. Elle semble tenir en équilibre grâce à un ensemble de graines vaporeuses, sa pointe acérée s'enfonçant dans celui-ci comme dans de la chair. « C'est une forme intrinsèquement violente mais il ne faut pas oublier qu'elle n'a pas de corps, qu'elle a été brisée et qu'elle est maintenant dans un équilibre précaire sur son point de rupture à la fin. Elle devient donc cette chose qui semble à la fois séduisante et impuissante », dit Morgan de cette œuvre.

 

Ces installations dialoguent avec Archaeology (2020-2021), une série de dessins au fusain. L'artiste y introduit une figure humaine qui interagit avec une corne, la chevauchant, s'y accrochant et l'explorant dans une tentative répétée de maîtriser cette forme inconnue, comme un enfant qui apprend à se repérer dans un nouveau monde. Si les deux entités coexistaient, pourraient-elles se soutenir mutuellement ? L'intimité entre la corne et la figure dévoile une nouvelle direction dans le travail de Claire Morgan –  plus proche de l’homme et de ses passions. Pour engager cette série, l'artiste puise dans son histoire personnelle, faite de pertes, de traumatismes et de douleurs, et partage ses propres secrets avec le spectateur.

 

Les installations en suspension et les œuvres sur papier illustrent une opposition constante entre le mouvement et l'immobilité. Cette tension nous incite à faire notre propre choix : rester dans le passé ou aller vers l'avant. Claire Morgan souhaiterait que chacun envisage les possibilités qui peuvent se présenter « à propos de choses qui auraient pu avoir lieu, ou des choses qui pourraient encore avoir lieu. » 

Artistes

Adresse

Galerie Karsten Greve 5 rue Debelleyme 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022