Tenir/Trouer les murs

hugo capron • marianna capuano • miléna cortet • pierre larive • clément rousseau • shin-yu liao
Exposition
Arts plastiques
Interface Dijon

vue de l'exposition Tenir/Trouer les murs

Dans le roman fantastique de Danielewski, La Maison des feuilles 1, les murs de la maison semblent se déplacer, ouvrant des espaces, des trous sombres dans lesquels plonger fait découvrir des mondes inconnus. C’est là que se forment des images plus mentales que concrètes, là d’où celles-ci peuvent aussi sortir. Comme le précise Fernand Deligny à propos de son film Le Moindre geste : …surtout, n’oubliez pas les trous. S’il n’y a pas de trous, où voulez-vous que les images se posent, par où voulez-vous qu’elles arrivent ?

Ainsi, les six artistes présentés en cette fin mars 2015 à la Galerie Interface pourraient-ils se rassembler sous les auspices de ces deux auteurs, évoquant leur statut ambigu de « jeune artiste », statut autrefois dévalorisant et maintenant au sommet de la considération. Leur parcours naissant peut paraître encore plein de trous, trous de mémoire, trous de production, mais leur détermination à en faire l’objet même de leurs pratiques artistiques dénote une grande lucidité, égale à celle de Robert Smithson lorsqu’il publie en décembre 1967 dans la revue Artforum le récit d’une promenade faite trois mois plus tôt dans la banlieue de Passaic.2 : « Passaic paraît plein de ‘trous’ ; en un sens, ces trous sont les lacunes monumentales qui évoquent sans le vouloir les traces d’un ensemble de futurs à l’abandon.»3

Le regard convoqué par ces six jeunes artistes est donc celui d’une oscillation, entre leur présent encore à construire (Pierre Larive), où il est nécessaire d’ouvrir les murs pour inventer les failles dans lesquelles leur art se glissera (Hugo Capron), et un futur déjà « à l’abandon » contre lequel il faut résister (Clément Rousseau). Entre l’évanescence et la rage, le battement de l’exposition manifeste leur souci des formes (Shin-Yu Liao) tout autant que de l’Histoire (Miléna Cortet), même lorsque celle-ci est parfois hantée par une anthropologie intime (Marianna Capuano). Il nous rappellent donc, avec Rancière, qu’il est possible de penser un art qui ne soit pas désaffecté de l’Histoire, qui organise les régimes du discours et ceux du sensible comme une dualité conflictuelle  : Cette double poétique de l’image comme chiffre d’une histoire écrite en formes visibles et comme réalité obtuse… 4
Philippe Bazin, janvier 2015

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Ensa Dijon

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Dernière mise à jour le 13 octobre 2022