Sylvie Mas

Frôler le mur
Exposition
Arts plastiques
Galerie du Haut Pavé Paris 05

Du 27 septembre au 22 octobre 2011, la Galerie du Haut-Pavé présente des travaux récents de Sylvie Mas, née à Montreuil en 1979.

Sylvie Mas a intitulé son exposition Frôler le mur. Entre peinture et sculpture, ses œuvres murales tridimensionnelles  procèdent des deux médiums, mais aussi de l’installation. Elles ont besoin du mur, mais ce n’est que pour s’en affranchir plus certainement. Elles ont aussi une évidente dimension architecturale. Les Contre-reliefs de Tatline viennent naturellement à l’esprit, mais les œuvres de Sylvie Mas n’ont aucune prétention mécaniste ni monumentale. Des roses tendres, que l’on croirait empruntés à des layettes ou à des sous-vêtements féminins, leur donnent une sensualité qui les entraîne du côté de l’humain. Les bleus rapportés, le recours au plâtre, matériau rêche et désagréable au toucher, contrebalancent cependant ce confort apparent.

Chacune des propositions de Sylvie Mas est un champ de confrontations dialectiques multiples, de tensions entre humanité et matérialité, entre stabilité et déséquilibre, entre fixité et mouvement, entre positif et négatif, entre mollesse et rigidité, entre douceur et agressivité, entre minimalisme et volubilité, entre burlesque et tragédie… Chaque pièce est simultanément un élément d’un alphabet cherchant le compagnonnage d’autres pièces pour exprimer des mots ou des phrases d’une langue qui reste à inventer et un univers autosuffisant, grouillant, absorbant le regard et l’attention du spectateur à la manière d’un trou noir prêt à engloutir une galaxie.

Les références à l’histoire de l’art y sont multiples, mais elles demeurent sous-jacentes, comme en retrait. Elles affleurent çà et là pour se transformer en pied de nez dès que l’on veut les saisir et les creuser. Les titres donnés par Sylvie Mas à ses œuvres sollicitent et alimentent le jeu des références à l’histoire de l’art moderne, au mélodrame hollywoodien ou à l’art américain des années 60, mais ce n’est que pour mieux désarçonner l’observateur, un peu à la manière dont les verbicrucistes se complaisent à vous mettre sur la mauvaise piste. Il s’agit d’un jeu, parfois pervers, de résurgences et de correspondances qui finit par dissiper puis absorber toute l’attention du regardant, pour peu qu’il soit un peu curieux.

Ces œuvres sont aussi des artefacts. Sylvie Mas le clame haut et fort en laissant visibles les traces du processus de leur construction, les tracés, les lignes de coupe et de jointure, comme un patron de couturière qui coexisterait, superposé avec le vêtement terminé. Il y a aussi une évidente volonté d’infinitude, d’incomplétude. Le substrat qui reste visible, les coulures du plâtre et les matériaux de remplissage inégalement appliqués donnent, en effet, l’illusion d’une maladresse qui appellerait des compléments d’actions. Actions dont l’artiste se garde bien, car elles ôteraient tout le mystère et la magie de l’œuvre.

Dans ses travaux les plus récents, Sylvie Mas donne plus de place à l’objet réel. Elle exacerbe la troisième dimension, s’affranchit un peu plus du mur, accentuant le caractère instable de ses structures. Elle y intègre des éléments de récupération, souvent empruntés à l’univers domestique, en des installations qu’un rien pourrait faire basculer à l’état de débris sur un chantier de démolition. Les vêtements qui y sont souvent insérés humanisent cependant les matériaux manufacturés qu’elle utilise.

Sylvie Mas n’a pas fini de nous interpeller, de nous déranger, de nous forcer à méditer sur notre condition.

Le travail est introduit par un texte de Cédric Loire, critique d’art et doctorant en histoire de l’art.

Commissaires d'exposition

Adresse

Galerie du Haut Pavé 3 quai de Montebello 75005 Paris 05 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022