Subterranea

Une exposition de la revue Ingmar
Exposition
Arts plastiques
Florence Loewy Paris 03

“Les histoires sont des choses trouvées, des fossiles dans le sol - des reliques, éléments d’un monde préexistant qui reste à découvrir. Mon travail consiste à les extraire sans les abîmer.Parfois, le fossile est petit, un simple coquillage. Mais il peut aussi être énorme comme un squelette de tyrannosaure avec ses côtes et ses crocs gigantesques. Dans tous les cas, que ce soit pour une nouvelle ou un pavé de mille pages, les techniques d’excavation sont les mêmes.” (Stephen King)

Agartha, Shamballah, terres creuses, peuple dégénéré des Deros, Mole People, etc… Sous-genre de la littérature de science-fiction, l’imaginaire des sous-sols est traversé par une idée obsessionnelle, celle d’un autre monde sous la surface de la Terre, voire d’une autre civilisation ayant suivi une évolution parallèle à la nôtre. Dégénérescente ou supérieure à la nôtre, cette civiliation souterraine est souvent responsable de phénomènes inexplicables constatés à la surface. Cet imaginaire et ses multiples formes prospèrent particulièrement sur le terreau fertile de l’occultisme du XIXe siècle comme de l’angoisse de déclin en l’Occident pendant l’entre-deux-guerres. Que reste-t-il aujourd’hui de cette mythologie, si l’on met de côté les quelques thèses complotistes résiduelles, comme celle qui place notre monde à l’intérieur d’une Terre concave ?

L’exposition Subterranea a lieu dans le contexte d’une crise écologique : s’il faut se pencher sur la question des sous-sols, autant prendre en compte d’entrée de jeu leur fragilité, comme une injonction à prendre la parole. Ingmar réunit, dans cette exposition, peintures, sculptures, magazines, estampes, films, costumes et performances autour d’une question simple : quelles formes les fictions des sous-sols peuvent-elle prendre aujourd’hui, face à l’érosion des sols ? Quel type d’histoire souterraine ces œuvres nous poussent-elles à écrire ?

Suivant en cela la piste ouverte par Donna Haraway, cette exposition se prête au jeu de la « narration spéculative » pour envisager Subterranea comme une nouvelle de science-fiction écrite par les œuvres elles-mêmes. Son histoire s’inscrit dans un cadre philosophique nouveau - une philosophie de la synthèse beaucoup plus que de la séparation - qui perçoit la Terre comme une planète-organisme vivante. « L’hypothèse Gaïa », théorie scientifique des plus sérieuses, renoue avec certains des auteurs historiques de la « Terre creuse » pour imaginer la Terre comme une totalité sensible, dont nous sommes les éléments interconnectés à la manière des arbres d’une forêt. Les artistes de cette exposition envisagent les créatures qui peuplent les sous-sols (fourmis, taupes, chauves-souris, gnomes, racines et graines…) comme autant d’intelligences avec lesquelles cohabiter, et qui nous font tout autant que nous les faisons. Ces créatures tissent entre elles un dense réseau d’histoires ; tout ce que nous avons à faire, c’est de nous pencher un peu vers la terre, pour les entendre.

Commissaires d'exposition

Adresse

Florence Loewy 9-11 rue de Thorigny 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022