SUBLIME SONUS

Projection/Diffusion audio
Création sonore
Le Cube - Art 3000 Issy-les-Moulineaux

Les sons dans l'espace comme des visions fugitives © Roland Cahen

Le Cube vous invite à un parcours d’écoute commentée d’environ une heure sur l’histoire de la musique électroacoustique. Puis, assistez à un concert unique avec quatre grands compositeurs électroacousticiens aux registres différents : Roland Cahen, Daniel Teruggi, Christian Clozier et Justice Olsson.

Complément d'information

La musique électroacoustique est un genre regroupant de nombreux courants musicaux. L’expression “musique électroacoustique” est née au milieu des années 50 pour désigner une musique composée à l’aide de sons enregistrés et/ou synthétisés. Elle puise ainsi son origine à la fois dans la musique concrète initiée en France par Pierre Schaeffer en 1948 et dans la musique électronique développée au début des années 50, notamment à Cologne. Elle regroupe des courants aussi divers que la musique acousmatique, la musique mixte, le live électronique ou le paysage sonore.

Loin d’être une musique cérébrale comme le pensent ceux qui ne la connaissent pas, la musique électroacoustique propose aux auditeurs une entrée directe dans la musique, avec comme principal moteur le plaisir d’écoute. La dimension spectaculaire du son y est particulièrement présente et participe de la situation du concert. Car si l’on n’y voit que des haut-parleurs, ce qu’on y entend dépasse de loin l’expérience de notre écoute musicale habituelle. En concert, les musiques sont spatialisées selon des techniques d’interprétation très travaillées qui recherchent simultanément la mise en scène de la musique dans l’espace d’écoute et la sublimation du son. Grâce à ses trajectoires, ses modulations dynamiques de l’espace sonore, ses nuances de registres, ses allures et motifs rythmiques impossibles à réaliser avec des instruments, le concert électroacoustique apparaît comme une expérience musicale et humaine essentielle.

ROLAND CAHEN
Roland Cahen est né en 1958 à Paris. Il a étudié la musique électroacoustique dans la Classe de Pierre Schaeffer et Guy Reibel (77/80), puis a enseigné la composition électroacoustique dans différents studios qu’il a initiés à Amiens, Lille et Montbéliard. Il est responsable du studio sonore de l’Ecole Nationale supérieure de Création Industrielle à Paris et a travaillé à l’Ircam sur différents projets comme responsable artistique et pédagogique. Il travaille également pour des projets muséographiques (Musée du Quai Branly, Museum de Bruxelles).

La musique de Roland Cahen
Roland Cahen s’intéresse à l’espace sonore et a réalisé de nombreux ouvrages en multipoint, en particulier en octophonie. Il cherche à faire jouer l’espace musical comme une forme de plasticité en mouvement. La dimension théâtrale est également très importante dans son travail comme par exemple dans « Tonmeister Orpheus » dans lequel un acteur dialogue avec 8 haut-parleurs au royaume des ombre où l’image a cessé d’exister. Sa musique est souvent impressionniste, onirique ou fantastique, imaginative, composée avec une écriture précise et spectaculaire. On y retrouve des thèmes récurent comme le vol « wind’s wings » et des sons très particuliers comme des flux jetés de particules sonores.

"Rotations II" / Durée 16’30 / 2005-2006
Rotations II est une musique électroacoustique cinétique. Les sons cinétiques ont des qualités spatiales qui, si on les enregistre et les rediffuse en mono ou stéréo, on perd ce qui les rend remarquables. Dans cette pièce, les comportements distributifs dans l'espace sont essentiellement rythmiques. Il s'agit de jouer sur le décalage d'échantillons sonores localisés point à point sur chacune des huit voix du dispositif sans effet de salle, un son sur chaque enceinte. Les évènements sonores se désynchronisent dans le temps et l'espace puis se re-synchronisent progressivement pour lancer un nouveau jeu de rotations. La plupart des composants de la pièce se rapportent à la notion de rotations : rotations de phase, retard cycliques en rotation, rotation d'objets concrets... Il s'agit d'une pièce qui vise au plaisir musical. Une certaine virtuosité temporelle et spatiale y est recherchée. L'écoute suggérée serait de suivre les processus, transformations, ruptures, évolutions de la matière sonore dans sa plasticité et sa musicalité dans leur déploiement dans espace de la salle. Une première version a été jouée à Bourges en 2005 sous le titre "Gestes", puis reprise complètement au GRM en 2006 sous le titre de "Rotations II".


DANIEL TERUGGI
Après des études musicales de composition et piano en Argentine, Daniel Teruggi étudie en France, à partir de 1977, au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe de Composition Électroacoustique et de Recherche Musicale. Il est le directeur du Groupe de Recherches Musicales depuis 1997 et directeur de la Recherche et de l’Expérimentation à l’INA depuis 2001. Docteur en Art et Technologie, il enseigne le travail du son associé aux arts plastiques à l’Université de Paris I Panthéon - Sorbonne. Il dirige un séminaire sur les nouvelles technologies et la musique à l’Université de Paris IV. Il est président de la section française de la Société Internationale pour la Musique Contemporaine et est l’auteur de nombreux articles sur la musique acousmatique et la projection du son.

La musique de Daniel Teruggi
Daniel Teruggi compose des musiques acousmatiques et mixtes, c’est-à-dire mêlant instruments et dispositifs électroacoustiques. Sa musique est souvent virtuose, parfois classique et contemplative avec une construction très précise, des formes très nettes et décidées. La facture sonore très travaillée porte une assez forte empreinte dramatique voire spectaculaire, allant à l’essentiel, sans surcharge. Sa musique fonctionne souvent comme un montage de petits moments avec une suite d’idées musicales construisant par touches successive le tableau complet de l’oeuvre.

"Spaces of Mind" (Les Espaces de l’esprit) / Durée : 17' / 2004
Nous avons chacun notre propre perception de l’espace ; c’est un concept ouvert, avec des significations différentes en fonction des situations. La physique, l’astronomie, la poésie, ou simplement la vie de tous les jours, proposent une interprétation particulière et lui appliquent des lois différentes. Définir ce concept est une tâche difficile, nous pouvons toutefois dire que l’espace est quelque chose autour de nous qui peut ou pas avoir des limites, toujours fortement lié à la dimension temporelle, et dans lequel nous nous déplaçons et agissons. L’espace musical est multiple: position des sources instrumentales, diffusion du son dans une salle, perception poétique de la musique. Pour la musique électroacoustique, et plus particulièrement acousmatique, le contexte précise les définitions. Les sons sont organisés dans un espace en fonction du support de composition: gauche/droite au minimum, ou dans des positions beaucoup plus complexes si la musique est composée pour un support multipiste. Le fait d’écouter un son produit par une source invisible (l’essence de l’acousmatique), produit une perception spatiale car nous créons une image du son dans notre esprit, reliant ses dimensions temporelles et spatiales à notre perception propre. Enfin, la situation de concert, dans une salle particulière et sur un dispositif complexe de haut-parleurs génère également une part d’effets non voulus, (réverbération, absorption de certaines fréquences, échos, trous brillants et opaques), le tout compliquant la tâche d’écoute, mais donnant vie à la musique. À ces trois approches de l’espace (les sons eux-mêmes, les sons dans l’oeuvre, l’espace dans lequel les sons évoluent au moment de l’écoute), j’ajoute un quatrième niveau, lequel fait appel à nos émotions et impressions, dans lequel nous inventons des mondes à travers notre imaginaire.
Spaces of Mind (Espaces de l’esprit) concilie tous ces mondes, fortement suggérés par l’organisation spatiale des sons. Il ne s’agit pas de « L’origine des espaces » ou d’« Études sur l’espace » , mais d’organisations de l’espace produisant des visions dans notre esprit, une expérimentation du mouvement, de la multiplicité des sources, les positions discrètes ou l’immersion totale dans l’espace des sons.


CHRISTIAN CLOZIER
Né en 1945, Christian Clozier a fondé en 1970, avec Françoise Barrière, le Groupe de Musique Expérimentale de Bourges « GMEB » (devenu en 1994 l’Institut International de Musique Electroacoustique de Bourges « IMEB »). Ils en assurent la direction et organisent les Festivals Internationaux de Musique “Synthèse” et les Concours Internationaux de Bourges (Musique et Logiciels). Christian Clozier est président d’honneur de la Confédération Internationale de Musique Electroacoustique (C.I.M.E.) et vice-président de la Société des Amis du Musée de la Musique (AMM). Concepteur des instruments électroacoustiques appelés Gmebogosse et Cybernéphone (instruments de diffusion-interprétation de la musique électroacoustique), il a écrit de nombreux textes et articles sur la musique électroacoustique. Ses oeu-vres sont publiées aux Editions Chant du Monde et Mnémosyne Musique Média.

La musique de Christian Clozier
Christian Clozier a été un des premiers musiciens français à créer de la musique électronique avec des processus génératifs. Le studio Charybde de sa conception permettait et permet encore de chaîner tous les dispositifs analogiques et de construire des sortes de mobiles sonores électroniques. En 1981, "Quasars" fût le premier grand concert de plein air diffusée sur le site du radiotélescope de Nancay. Par la suite il réalise de nombreux spectacles sonores sur des sites tels la place St Marc de Venise, le Château de Chambord… et compose des musiques souvent spectaculaires pour ces situations. Sa musique met souvent en avant la facture même des sons, comme des couleurs simplement mais très précisément posées là comme si elles n’étaient pas un tableau, ne cherchant pas à ressembler à « la musique » mais donnant à l’interprète une matière très riche pour arroser le concert de couleur. On y retrouve souvent des séquences de synthétiseurs planantes, au son puissant, rythmé par des changements inattendus et impulsifs. Si l’on devait résumer on pourrait dire Clozier : le son le son le son.

"Le temps scintille et le songe est savoir"
"Le temps scintille et le songe est savoir" a été pensé pour des grandes fêtes sonores, données en plein air, au château de Chambord ou au pieds de la cathédrale de Bourges. Les grands espaces y sont donc largement ouverts, voulus et recréés dans une musique où l’on respire avec bonheur. …


JUSTICE OLSSON
Justice Olsson est né à Johannesburg en 1949 et vit en France depuis 1975. Il a suivi des études de direction d’orchestre, d’électroacoustique et de jazz. Marqué par ses stages auprès de Stockhausen et Dhomont, il est également influencé par la musique africaine. Premier prix au concours international de musique électroacoustique de Bourges en 1991 et au Phonurgia Nova en 1986, il compose de nombreuses pièces pour instruments comme des récitals de piano de musique mixte. Ses recherches s’orientent sur les nouvelles façons d’allier les mots et la musique électroacoustique.

La musique de Justice Olsson Justice aime la mesure et Olsson le rythme et le son. Sa musique est un pont remarquablement réussi entre le rap, la musique électroacoustique et la fable dramatique. Le compositeur mène un travail très original sur les voix et le souffle : il aime jouer et chanter d'étranges vocalisations hyper rapides et multi-rhythmique comme dans le "Projet Vertigo" commencé il y a très longtemps sous d'autres titres et latitudes. Il compose également pour piano et pour diverses formations instrumentales.

"Up"
" Up" a reçu le 1er prix au concours international des musiques expérimentales de Bourges en 1991 et est édité sur le CD Cultures Electroniques. Entre pop song et musique contemporaine, la facture est superbe, ciselée comme de l’orfèvrerie musicale. Son rythme peut faire pâlir pas mal de rappeurs et l'orchestration n'a rien à envier à Stockhausen auprès de qui Olsson a étudié. L’histoire fantastique s’inspire de tradition radiophonique anglo-saxonne et du cinéma du même nom. C’est un rêve raconté en français par la voix très émouvante et sensuelle de Sandra Lanvin qui se tord et se vrille. Celle-ci alterne avec la voix du compositeur au lointain, qui intervient en rimes parlés et chantées.

Horaires

Dimanche 9 mars à 15h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Le Cube - Art 3000 20 Cours Saint-Vincent 92130 Issy-les-Moulineaux France

Comment s'y rendre

T2: Les Moulineaux
RER C: Issy
Bus 123: Chemin des vignes

Dernière mise à jour le 2 mars 2020