Soirée autour de Lewis Baltz

Conférence
Photographie
LE BAL Paris 18

 

À l’occasion de son exposition Lewis Baltz - Common Objects, le BAL invite cinq personnalités, artistes, historiens, écrivains à interroger l’œuvre de Lewis Baltz et son influence aujourd’hui.

Introduction et modération par Dominique Païni, co-commissaire de l’exposition.

 

Larisa Dryansky, Jean-Luc Godard, Michelangelo Antonioni et le courant New Topographics


« Baptisé du nom d’une exposition qui s’est tenue aux États-Unis en 1975, le mouvement New Topographics a joué un rôle crucial dans la transformation de la représentation photographique du paysage et, plus largement, dans l’épanouissement de la photographie contemporaine. Jusqu’à présent les histoires de ce courant ont privilégié son ancrage dans l’histoire artistique et culturelle américaine. De manière différente, cette intervention vise à

mettre en lumière l’importance de modèles européens en rappelant l’impact des films de Michelangelo Antonioni et Jean-Luc Godard. L’influence avérée de ces cinéastes sur certains photographes de New Topographics, dont Lewis Baltz, tient à la fois au regard qu’ils ont porté sur le paysage de la modernité et à leur façon d’envisager l’image. »

Larisa Dryansky est maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’université Paris-Sorbonne. Elle est l’auteur de deux articles sur New Topographics et le cinéma.


Éric de Chassey, Lewis Baltz et la scène américaine

« L’œuvre de Lewis Baltz au tournant des années 1960-1970 entretient des liens très forts, conceptuels aussi bien que formels, avec celle d’autres artistes américains, contemporains ou historiques, photographes, sculpteurs ou peintres. En mettant en avant la platitude de ses images, non sans contradictions et paradoxes, il s’inscrit dans une tradition nationale, qu’il relève et qu’il redéfinit, dont l’exploration permet de mieux comprendre sa singularité. »

Historien de l’art, Éric de Chassey, est directeur de la Villa Médicis à Rome. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages portant sur l’abstraction picturale. En 2006, il a publié Platitudes, Une histoire de la photographie plate chez Gallimard.

Raphaël Zarka, Regarder le sol

« J’ai découvert le nom de Lewis Baltz il y a 15 ans environ, dans une revue qui reproduisait sa série San Quentin Point (1985). Ces images, je ne les ai jamais oubliées, et pourtant, je n’ai jamais cherché à en voir davantage. Comment me l’expliquer ? Rétrospectivement, je dirai que les aspects les plus prégnants de San Quentin Point, la contre-plongée, le vide, la matérialité des sols, leur caractère haptique, préfiguraient l’intérêt que je porte aux photographies des « sculpteurs » qui auront le plus marqué mon propre travail, de Robert Smithson à Gabriel Orozco en passant par Michel François et Richard Wentworth. »

Raphaël Zarka est un artiste français. Son travail a été récemment exposé au Palais de Tokyo, au Centre Pompidou et à la Tate Modern.

Bertrand Schefer, Running on empty

« Dans ce vide parcouru, détaillé, fixé, épuisé, qu’advient-il de la figure humaine ?

Ce que la frontalité aiguë et les images fragments de Lewis Baltz semblaient avoir relégué à tout jamais hors-champ est pourtant l’objet d’un scénario complexe qui n’a cessé de négocier la présence et l’absence des hommes dans ses images. L’œuvre qui s’est ouverte sur le geste inaugural de la disparition, sous la forme d’une véritable mise en scène cinématographique (Laguna beach, 1969), y revient de loin en loin, cultivant les présences furtives, les apparitions, les images manquantes. Longtemps tenue à l’écart, la figure humaine finit par percer la muraille des blocs-images désertés et réapparaître au milieu de ruines nouvelles. »

Bertrand Schefer est philosophe de formation, écrivain et réalisateur. Il a notamment coréalisé avec Valérie Mréjen le film En ville (2011) et publié Cérémonie aux éditions P.O.L (2012).

 

Didier Semin, De ces paysages, on serait tenté de dire que personne ne leur a passé la main dans les cheveux(T.W. Adorno)

« Les cadrages de Lewis Baltz sur l’architecture vernaculaire des États-Unis dans les années 1970 ne se laissent pas si aisément interpréter : n’y aurait-il pas, dans cette façon que l’artiste a souvent de dégager dans telle façade ingrate la structure d’un Mondrian caché, un avatar de la pire photographie d’art, celle qui avance sous le masque de l’objectivité ? Les propos de Baltz on le sait contredisent cette lecture : mais c’est dans les images que figure le démenti le plus net — leur beauté est indiscutable, mais elle est faite du plomb de la mélancolie. On songe devant elles à une formule d’Adorno dans ses Minima Moralia (1951), à propos des paysages américains : « On serait tenté de dire que personne ne leur a passé la main dans les cheveux. Ils sont inconsolés et désolants. »

Professeur d’histoire de l’art à l’ENS des Beaux-arts à Paris, Didier Semin a été conservateur au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris et, de 1991 à 1998, au Musée national d’art moderne, Centre Pompidou.

 

Sur réservation : contact@le-bal.fr
Entrée à l’exposition et à la soirée : 4 euros
LE BAL :
 6 impasse de la Défense - 75018 Paris
Métro Place de Clichy - www.le-bal.fr

 

Complément d'information

Cet événement a reçu le soutien de Gregory Gooding.

Horaires

18H - 22H

Adresse

LE BAL 6, impasse de la Defense 75018 Paris 18 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022