SKULLFLOWER, LIVE IN ANTWERPEN, 27.01.2007 - PART II

Exposition
Arts plastiques
SALON DU SALON Marseille
Hendrik Hegray,«Skullfl ower, Live in Antwerpen, 27.01.2007», 2007/2022

𝗛𝗘𝗡𝗗𝗥𝗜𝗞 𝗛𝗘𝗚𝗥𝗔𝗬 - "𝐒𝐊𝐔𝐋𝐋𝐅𝐋𝐎𝐖𝐄𝐑, 𝐋𝐈𝐕𝐄 𝐈𝐍 𝐀𝐍𝐓𝐖𝐄𝐑𝐏𝐄𝐍, 𝟐𝟕.𝟎𝟏.𝟐𝟎𝟎𝟕" — PART II
EXPOSITION #34
SALON DU SALON PROJECT SPACE MARSEILLE

Observateur de l’infra-ordinaire et des anomalies puisées dans son quotidien le plus immédiat, HH porte un regard en biais sur les choses qui l’entourent et témoignent de sa condition existentielle. En résultent des images au statut incertain, décorum de ruines du temps présent, présence-absence d’un paysage dont les humains se seraient exilés. Photographies tronquées, griffonnages compulsifs ou objets de consommation d’un autre temps sont érigés au statut d’abstraction la plus déconcertante : snapshots d’un concert du groupe noise-psychédélique Skullflower (qui donne son titre à l’exposition), segments réagencés d’un vieux magazine de bondage japonais, vitrines poussiéreuses filmées au musée d’agriculture du Caire, architecture glauque de zone pavillonnaire, dessins grotesques ou scans de papier d’emballage… Un art du déphasage et de la non-adéquation au monde, comme s’il fallait en passer par l’altérité la plus radicale pour atteindre le domaine de la vision. Une vision qui ne passerait plus seulement par la pulsion scopique mais par l’expérience d’un décadrage, conjuguant les accidents aléatoires avec les décisions formelles les plus rigoureuses – quand bien même elles échapperaient au regardeur dans leur part d’arbitraire.

Cette sublimation de l’informe, doublée d’une outrance dans l’absurde frôlant la sociopathie, HH l’accomplit quasiment les yeux fermés, à tâtons dans un bordel sans nom. Bordel de l’obsessionnel, de l’archivage compulsif, de la passion pour l’obscur, de la quête de l’image manquante, d’une poésie du rebut. L’aiguille dans la botte de foin, la pièce de puzzle introuvable sans laquelle la vue d’ensemble est aussi incernable qu’indécidable – d’où cet effet de déstabilisation tant recherché. C’est par cette tangente, ce contre-sens délibéré, cette rigueur dans la dissolution du sens et dans l’inversion des hiérarchies que se produisent les associations d’idées les plus saugrenues : l’entrée en collision de références cryptiques dont se saisissent avec jubilation les initiés, mais qui interloquent d’autant plus ceux qui ignorent tout de la teneur radicalement underground de ses anciens travaux. Photocopies de photocopies de photocopies qui ne laissent plus filtrer en bout de chaîne que des traînées de couleur, des lignes géométriques et des bribes de figuration S/M. Le refoulé, l’irrécupérable et la négativité ne sont plus seulement le ferment de ses névroses – les siennes, comme celles d’une société irrémédiablement malade - mais atteignent une forme de beauté impure, non homologuée dans le champ de l’art. De strate en strate se produit alors une expérience quasiment initiatique, dont les tenants seraient privés d’aboutissants. Le mystère règne, accompagné le plus souvent d’un rire qui libère de la violence comme de l’humiliation sociale.

Car HH a toujours pratiqué un humour narquois, provoquant l’incongruence jusqu’à susciter une forme d’effroi ou de malaise – de nos jours, on dirait gênance. Il y a chez lui une lucidité d’outsider conscient de voir plus loin, égaré dans une société à laquelle il est à la fois étranger et perméable. Il y oppose une auto-aliénation radicale, dans l’attitude comme dans le geste pictural. Radicalité qui consiste notamment à restaurer les scories les plus vulgaires de la pop culture des années 1980-1990 et les technologies obsolescentes dans lesquelles sa jeunesse a baigné pour les commuer en totems énigmatiques ou en monticules de bruit low-fi. Faire les poubelles du capitalisme pour en extraire des ready made, quoi de plus salvateur ?

Au fil des ans, la pratique de Hendrik s’affirme et s’affine, se fait de plus en plus aigüe, d’une désinvolture de plus en plus calculée. Délicatement dérangeante, si l’on peut dire. Son inclinaison naturelle pour le grotesque aurait même tendance à s’estomper pour atteindre une forme de raffinement. Car rien n’est laissé au hasard dans ces agencements faussement hasardeux qui simulent le chaos pour mieux déclencher la perplexité. Entre ses auto-publications, ses sculptures larvées, ses vidéos poisseuses tournées au caméscope et ses murs de collages en photocopies, HH offre un redoutable précis de déviance esthétique d’où surgit une forme inédite, réconciliant art dégénéré et avant-gardisme sophistiqué.

Julien Bécourt, août 2022

Commissaires d'exposition

Artistes

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Festival Photo Marseille

Provence Art Contemporain

Galerie Valeria Cetraro

Horaires

VISITES JEUDI VENDREDI SAMEDI 16-19H + RDV

Tarifs

Entrée libre
La date à laquelle le tarif devient valide

Adresse

SALON DU SALON 21 avenue du Prado 13006 Marseille France
Dernière mise à jour le 14 octobre 2022