Simon Bonneau - Colin Champsaur - Baptiste Chave

Chez Simon Bonneau, tout est prétexte à appropriation, à faire, à générer des déplacements (d’où la sculpture d’une étrange monture dans la galerie). Sa production polymorphe et proliférante répond à un processus où « construire » se traduit par « déconstruire/reconstruire ». Les pièces se bousculent. Il convie le spectateur à sauter d’une sculpture à une peinture à une aquarelle à un poster. Les oeuvres et les formes de pensées ne sont pas immédiatement lisibles. On a un art en mouvement. L’accès au sens, aux sens et à la sensibilité semble s’inscrire dans les gènes enfin brassés des choses.
Colin Champsaur propose un travail tout en articulations. Ne pas être catalogué est pour lui une question de vie ou de mort. Il est toujours question de remise en question, d’un rapport aux choses, à l’art, à ce pourquoi nous sommes ici à ce moment-là. A chaque fois, l’absurdité de la situation mise en scène prive le personnage de son heure de gloire d’être oeuvre. Une économie de la déception. Colin étend l’idée de l’atelier aux lectures, aux visites, aux films, aux objets du quotidien, à un cadre qui ne refuse rien de ce que le réel peut offrir. Au travers de photographies et d’installations, il se confronte à certains de ses environnements : référentiel, espace d’exposition, environnement de choses. On est (dedans) au milieu, caché mais révélé.
Baptiste Chave est le plus spécialisé des trois. Il est peintre et toutes les questions soulevées renvoient à sa pratique. Ce qui compte est la rencontre entre le médium, le support, le geste, le motif, l’inattendu, le plaisir et cette idée que la peinture est capable de tout contenir et de tout donner. Baptiste cultive une forte sensibilité personnelle, proliférante et inquiétante et généreuse, une sensibilité d’ogre. Les coulures donnent à penser que les motifs choisis (un arbre, un cheval, un nuage) ont été renversés, que les fluides se mélangent pour offrir un lieu fantasmagorique qui provoque l’étonnement, le rire, le regard.