Shakespeare à la folie, affiches internationales
Shakespeare est né autour du 23 avril 1564, disparu précisément le 23 avril 1616. Doit-on
y voir un signe du destin, ou le signe d’une légende nourrie de points d’interrogations,
d’absences inexpliquées ? Et quand bien même l’homme ne serait pas le dramaturge, l’oeuvre
immense est bien réelle. Écrite pour un public polymorphe, où l’aristocratie se mêle à la
plèbe en majorité analphabète, elle est jouée dans des théâtres qui accueillent jusqu’à 3 000
spectateurs mangeant, buvant, riant, pleurant, au cours de la représentation sans aucun
égard pour l’acteur, sans sacraliser l’auteur.
Le théâtre de Shakespeare puise à la source des tavernes et des cours royales.
Chaque pièce, construite généralement autour d’un personnage qui lui donne son âme, est
une suite de rebondissements, de duels, de meurtres, d’amours passionnés qui se terminent
dans un bain de sang. Le tout émaillé de plaisanteries grossières ou d’instants de poésie
d’une rare élégance.
L’humanité défile sur scène : Othello le jaloux, Hamlet l’indécis, Macbeth l’usurpateur,
Richard III le sanguinaire ; les amours tragiques d’Antoine et Cléopâtre ou de Roméo et
Juliette...
Il n’est pas étonnant que Shakespeare soit le dramaturge le plus joué au monde malgré ses
400 ans accomplis.
Les affichistes appelés à la rescousse par les metteurs en scène ou les directeurs de théâtres
s’en sont donnés à coeur joie pour les mêmes raisons. Shakespeare ne conte pas seulement
une histoire, souvent ancrée dans l’histoire vraie de la période pré-élisabéthaine. Il parle de
pouvoir et de passions entremêlés, et atteint, par son génie l’universel.
Au point que les affichistes polonais, dont les travaux étaient tolérés par le régime communiste,
laissaient libre cours à leur imaginaire, et donnaient aux opposants bridés la possibilité
de s’exprimer par affiches interposées. La double « lecture » de l’affiche devenait un jeu de
chat et de souris entre censeurs, opposants au régime et affichistes.
Macbeth n’était pas seulement l’assassin du roi Duncan, l’usurpateur de la couronne, mais
la métaphore du pouvoir en place.
Le théâtre et l’affiche ont en commun l’espace public. Ils créent les conditions du débat
social lorsqu’ils touchent à l’universel. C’est le cas des oeuvres de Shakespeare et des affiches
qui seront présentées.
C’est à ce vaste tour d’horizon de la forme et du sens du design graphique et de la
communication visuelle qu’invite le Centre du graphisme d’Échirolles pour la saison
2015-2016.