Sara Ouhaddou

La démarche de Sara Ouhaddou nous oblige à regarder au delà d’une simple démarche d’atelier. L’artiste emmène ses outils dans les villages reculés du Maroc, dans le Haut Atlas, où elle rencontre ce qu’elle nomme ses «outsiders», tisserands de l’artisanat local, ceux/celles qui oeuvrent non pour le tourisme local (il n’y en a pas dans ces villages) mais pour l’usage quotidien. Profitant de cette collaboration occasionnelle, l’artiste incite ces outsiders à réaliser des broderies à l’opposé de leur savoirfaire traditionnel.

Sara Ouhaddou recourt à des matériaux et des techniques qui diffèrent de ceux employés habituellement dans les traditionnels ateliers d’artistes. Elle récupère des bandes de caoutchouc sur les marchés le long de la route de Targa. Après les avoir débordés, elle laisse apparaître des trames brunes, comme des décolorations, obtenant ainsi l’illusion d’un fond peint, sur lesquelles l’artiste fait broder des motifs simples, qui suggèrent des formes moléculaires, minérales, astrales… comme un vocabulaire géologique.
L’ombre et la lumière animent ainsi les superpositions obtenues. Sara Ouhaddou exploite les propriétés de ces matériaux les rendant pérennes et malléables, imprégnées de significations. Le résultat ainsi obtenu transforme la surface picturale en objets proches de la sculpture. On rejoint ici les Wall Hangings de Robert Morris, ou les déchirures de tissus de Antoni Tapiés.