SAMUEL ROUSSEAU

Un monde-machine mis en abîme
Exposition
Nouvelles technologies
Le Creux de l'Enfer - Centre d'art contemporain d'intérêt national Thiers

 

Extrait d’un entretien entre Frédéric Bouglé et Samuel Rousseau

Un monde-machine mis en abîme

juin 2011

Des installations sur les deux niveaux des 500 m² du centre d’art, pour la plupart inédites, inaugurent l’exposition de Samuel Rousseau, plasticien magicien de la vidéo. Dès le rez-de-chaussée, une construction magistrale et palettisée, théâtre animé de silhouettes colorées, emporte le visiteur dans une traversée de la scène qui se retourne en coulisses d’un décor précaire. Au fil de la vie chacun n’est-il pas acteur / spectateur dans la rue ou de sa fenêtre, consommateur d’images anthropophages, corps rôdant de Samuel Beckett vu et voyant dans les écarts d’une architecture planche-écran.

 

FRÉDÉRIC BOUGLÉ :

Chaque nouvelle créationvidéo, commeUnmonde-machine mis en abîme, anticiped’un pas supplémentaireunavenirmondeirrévocable. Sous l’imaged’unesortede rotorelief kaléidoscopique, l’œuvreexalteununiversexclusifdont la production matériellevalidel’uniquefinalitéhumaine. Le mondeentier, devenuuneseule ville géante, est uncomplexeindustriel en mouvementperpétuel, unegirationmécanisée.Sa condition, tels lescylindrespositionnés en cercled’unvieuxmoteurd’avion, entraîneunmouvementrectilignealternatifde pistons architectoniques, régulésurun cycle rotatoirevisuel et sonore.Gratte-ciel et manufactures s’étirent et seretirent, s’érigent et s’affaissentsurun tempo régulier. De hautescheminéesd’usinesexhalentdesboufféesdenuagesblancs et colorés, commesi en arrière-planuneentité invisible tiraitinlassablementsursespipeauxdebriques, justifiants’il en fauttoutel’activitéde son système. Ni petits bonshommesniombresmouvantes pour alleraucharbonouhabiter la machine. Il en résulteune narration simple, en boucle, assezdéconcertante, absurde et prenante, et quisuffità la raisonhumaine pour validertoutel’horlogerie.C’est vraiquel’existencesociale, l’intérêtgénéral, répondentàl’urgenceéconomique et àses techniques. Ce mobile urbain et architectural n’ad’autre mobile que son proprefonctionnement : pas d’incantationuniverselle pour uneépoque nouvelle, pas d’oraison pour un ton plus sensible del’existence, pas d’aspiration commune immatérielle. Le principe est là, obnubilant et fascinant.Un moteurà combustion internecherche-t-ilàtrouverun sens à son mouvement ? Accaparé entreundevoirde production quirépondavecpeineà la demande et sesrejetsdegaz en volutes symétriques, pourquoicemonde-machinechercherait-ilàsereproduireautrement.Tournant dans son proprevide, l’œuvredégage la poésiemystérieusedesa force tournante.

 

SAMUEL ROUSSEAU :

Formellement aussi, je pose la question du temps mort dans un temps en boucle. Parce que j’ai envie que mon travail vidéo fonctionne exactement comme une sculpture ou une peinture, qu’il soit uniquement un détonateur de réalité. Donc, même quand je fais une narration, cette narration sera cyclique et en boucle, afin qu’on puisse venir à n’importe quel moment et se retrouver pourtant dans une justesse temporelle. Après, évidemment, il y a un pouvoir hypnotique. Je fais des boucles, et je fais des boucles invisibles, c’est-à-dire que parfois je fais des boucles de quarante secondes et les gens les regardent pendant dix minutes. C’est assez incroyable, mais il y a toujours des choses à voir. Si tu regardes les « Plastikcity », je les réalise à partir de multiboucles temporelles. On reviendra ensuite sur les « Chemical house », pour moi c’est de la musique. Je viens du mix, j’ai organisé des raves, donc ma culture fait partie de ce registre. Avec « Plastikcity » j’agis ainsi : je prends une boucle de 20 secondes plus une boucle de 20 secondes plus une boucle de 20 secondes, ce qui va me donner 60 secondes. Ainsi je vais faire une boucle de 60 secondes dans mes 20 secondes. C’est-à-dire que, le temps que mes trois actions se passent, je vais prendre une boucle de 60 secondes et il va se passer une action sur 60 secondes. Mais pile-poil au milieu, je vais en refaire une qui va refaire 60 secondes, que je vais couper en deux et remettre au début. Plus encore, je vais en prendre une de 40 secondes, que je vais recouper, que je vais remettre à 20 secondes, que je vais couper donc à 60 secondes, et ainsi de suite. Donc tu as une boucle qui se remet dans une boucle qui se remet dans une boucle, et qui crée une nouvelle grande boucle...

 

 

 

 

Tarifs :

gratuit

Complément d'information

Visite commentée, un dimanche sur deux à 15h /
2,50 € par personne / gratuit pour les moins de 18ans

Commissaires d'exposition

Artistes

Partenaires

Ministère de la Culture et de la Communication/ Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Auvergne, Ville de Thiers, Conseil Général du Puy-de-Dôme, Clermont Communauté, Conseil Régional d'Auvergne, Rectorat de l'Académie de Clermont-Ferrand, Parc Naturel Régional du Livradois-Forez.

Mécénat

la fondation Claudine et Jean-Marc Salomon, la Galerie Aéroplastics à Bruxelles, la Galerie Claire Gastaud à Clermont-Ferrand et de André Siegel.

Horaires

Ouvert tous les jours sauf les mardis, de 13h à 18h, entrée libre et gratuite

Adresse

Le Creux de l'Enfer - Centre d'art contemporain d'intérêt national 83-85, avenue Joseph Claussat 63300 Thiers France

Comment s'y rendre

Avion : Clermont Ferrand Auvergne Aéroport. Train : Gare SNCF de Thiers. Voiture : Accès par A89, sortie N°2 « Thiers Ouest » ; suivre D906, direction « Thiers » ; puis D2089 = avenue Léo Lagrange, direction « Thiers » ; jusqu'au rond point où est indiqué le centre d'art contemporain du CREUX DE L'ENFER, avenue Joseph Claussat ; remonter la Vallée des Usines jusqu'au numéro 85. Parking le long de l'avenue, face au centre d'art contemporain (gratuit).
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022