22 lauréats, dont 7 en post-production et 15 en développement, ont bénéficié en 2023 du soutien Image/mouvement, à la suite de la commission dédiée qui s’est déroulée les 28 et 29 juin.

Projets soutenus en post-production

CaSk Films pour le film de Ben Russell

Nous Avons Toujours Vécu à la Fin des Temps

Ce long métrage dresse le portrait d'un vaste collectif d'activistes situé dans le nord-ouest de la France.  Filmé sur de la pellicule S16mm et associé à un univers sonore immersif 5.1, ce documentaire de création propose une approche observationnelle qui documente le quotidien d'une communauté intentionnelle de squatters, d'éco-activistes, d'agriculteurs et de militants afin de mieux comprendre comment le succès d'un mouvement de protestation écologique radical peut offrir une voie à travers la crise climatique à laquelle nous sommes tous confrontés.

Elinka films pour le film de Clémentine Roy

Arancia Bruciata

Dans le Sud de l'Italie contemporaine, une communauté s'adonne à des pratiques divinatoires issues de l’antiquité romaine, telles l'ornithomancie ou l’observation de phénomènes célestes et météorologiques. Ses membres nous entraînent dans la traversée contemplative d’un territoire aux paysages ravagés par la crise économique et la corruption. Au cœur de ces terres tourmentées, une série de gestes et d’attitudes singulières surgissent, ouvrant ainsi de nouveaux horizons politiques.

 

La Société du Sensible pour le film de Sarah del Pino

Chrysotile

En observant la roche à différentes échelles, en la suivant de chantiers en laboratoires et de laboratoires en usines, en observant les transformations qu’elle subit, en rencontrant les travailleurs qu’elle croise et qu’elle transforme à son tour, Chrysotile entreprend de raconter l’histoire de l’amiante. Celle d’une exploitation sans limites de la terre et des hommes, en partant de la tentative de réparation et décontamination.

 

L'Atelier pour le film de Jean-Paul Battaggia et Fabrice Aragno

Atelier JL Godard / inventaire

Notre entreprise consiste à réaliser un inventaire visuel et sonore de la pensée étagée et arborescente, livres, poésies, romans, films, musiques, peintures, appareils divers, outils, écrans et taille crayons disposés dans un ordre et désordre minutieux sur les étagères de la petite chambre de montage de l’atelier-appartement de Jean-Luc Godard à Rolle, en Suisse.

 

Shatamata Production pour le film de Alain Declerq

Leaks

France, aujourd’hui. Des informations secret défense ont fuité dans la presse. Depuis une salle de crise, des officiels essayent d’identifier le lanceur d’alerte à l’origine des fuites, un mystérieux CITOYEN K qui se prétend agent de renseignement.
Le film est pensé comme un objet hybride, entre fiction et found-footage. Les moments d’interrogatoire alternent avec des vidéos tournées secrètement par CITOYEN K au cours de ses missions aux quatre coins du monde.

 

Société acéphale pour le film de Mathilde Girard

Que quelque chose vienne

À Paris, à l’heure du couvre-feu, on s’attarde et on s’empresse dans la rue, avant de rentrer chez soi. Le matin, une femme se réveille seule, redoutant de sortir. La nuit une convalescente raconte les symptômes d’une maladie mystérieuse à un chauffeur de taxi, quittant l’hôpital. Les récits se déplient et se touchent, en cherchant à dépasser la séparation.

Tournage 3000 pour le film de Nicolas Boone

Aeroflux    

Pendant plusieurs mois, j’ai arpenté le territoire autour la zone aéroportuaire de Paris-Charles de Gaulle. Explorateur donc, j’emprunte des voix adaptées ou non, autorisées ou non, pour traverser, explorer le territoire des flux, ses interstices. Dans cette zone sous contrôle extrême, scannée en permanence par des radars, je dois être furtif, transparent, léger.
Aeroflux s'organise autour d’une dix-neuf chapitres. Chaque chapitre présente une expérience différente, un parcours, des sites, une exploration. Je traverse des échangeurs, l'aéroport, des chantiers, des champs, des villages, parfois des chemins sans issue m’ont fait faire demi-tour… Je croise un centre de rétention, une rue brûlée, la N104 en rénovation, un circuit de moto de course, les traces d’un camp rom évacué, des quais d'entrepôt, une zone d’enfouissement.
La zone aéroportuaire de Charles de Gaulle anticipe la ville-campagne du futur en Occident, un devenir vertigineux. Symbole même de la mondialisation, du libéralisme, du désastre écologique, l'aéroport international m’offre un décor, un terrain de jeu et d’écriture pour pointer du doigt une situation toujours plus alarmante.

 

Projets soutenus en développement

4 à 4 productions pour le film de Ben Rivers

Mare's Nest

Dans une époque incertaine, un monde sans adultes, des groupes d'enfants vivent libres, sans être soumis à leur tyrannie. À sa sortie de prison, Moon (11) est recueillie en voiture par un jeune garçon (10). Ils retrouvent leurs amis, une communauté d’enfants qui vit dans une vaste carrière sur une île, où ils jouent des pièces de théâtre ; ils parlent d'amour, de la mort et des créatures de la nuit. Parmi eux, un jeune minotaure est désorienté dans un labyrinthe.
Moon part en pèlerinage. Elle traverse un monde souterrain, jusqu’à ce qu’elle émerge dans une terre lointaine, où elle gravit une montagne et rencontre un sage et son traducteur. Moon interrogera le sage sur la Terre, l'époque, la langue, l'avenir. Mais les réponses énigmatiques du sage ne la satisferont pas, et Moon continuera son pèlerinage. Elle démarrera une voiture et roulera sur une autoroute qui traverse le désert en criant. Le film mélangera des séquences d’improvisation libre semi-documentaire avec les enfants et des éléments scénarisés inspirés de la pièce The Word for The Snow de Don DeLillo.

 

Andolfi pour le film de Pierre Creton et Vincent Barré

Sept promenades avec Mark Brown

Fleurs proches, à en oublier la fin du parcours, quand le marcheur comprend enfin que, même si le chemin le conduit toujours chez lui, il le conduit aussi, inéluctablement, aussi loin que possible de toute maison. À la recherche de plantes indigènes, nous suivons depuis Aizier au bord de la Seine à Sainte-Marguerite-sur-Mer chez lui dans son « jardin » le botaniste Mark Brown. C’est avec les moyens sensibles de la pellicule, revenant à l’origine du cinéma, à cette surface tropique qui réagit à la lumière comme le font les plantes quand elles se tournent vers le soleil que nous suivons Mark. De la vallée de la Seine, en suivant le littoral cauchois en sept promenades botaniques, nous filmons les fleurs au fil de l’eau, jusqu’à son projet botanique fou : reconstituer une forêt primaire à « l’aube des fleurs ».

 

Aurora Films pour le film de Patric Chiha

Simples Soldats

Simples soldats est un documentaire sur des hommes russes qui ont fui leur pays pour ne pas être enrôlé dans l’armée et devoir partir en guerre en Ukraine. À Istanbul, entre un passé qui semble à jamais perdu et un futur plus qu’incertain, ils tentent de reconstruire leurs vies.

 

Centrale Électrique pour le film de Aude Fourel

Entre les silences

Monica Maurer et Cahide Ozel sont liées l'une à l'autre par les images. Celles qui manquent à Cahide et celles que Monica patiemment restaure. Ce sont deux femmes aux trajectoires et de générations différentes qui ont en commun la croyance en un peuple, la construction politique du présent, la même quête d'un lieu sûr où bâtir une mémoire fragile, résistante incertaine à l'oubli.

 

Écarlate Films pour le film de Judith Auffray

La Volière

Chaque jour, des humains familiers des orangs-outans pénètrent dans la volière – sorte d'extrapolation fantasmagorique de la Singerie du Jardin des Plantes de Paris – et partagent l'espace de vie des singes. Dans cet espace-temps hybride conçu en images de synthèse, ces derniers ont retrouvé leur hauteur et observent le monde depuis leur perchoir. Sortis du système de séparation et de promiscuité du zoo, les personnages – orangs-outans et humains – rejouent des moments de leur relation et en expérimentent de nouveaux, issus des rêves ou des fantasmes. La volière devient la scène d'un petit théâtre de l’histoire des relations entre les espèces.

 

Fulgurance pour le film de Declan Clarke

All the Renaults in the Wolrd

Une marque mythique, trois voitures emblématiques et trois cadavres dans le coffre : l'actrice américaine Jean Seberg, l'homme politique italien Aldo Moro, et le PDG français de Renault, Georges Besse. Tels sont les points de départ du film de Declan Clarke à partir desquels il déploie une narration et une réflexion plus larges sur la relation complexe entre le développement capitaliste, la suppression des politiques industrielles et l'expansion de la privatisation, ainsi que l'implication des services secrets internationaux et des réseaux politiques clandestins.

 

Les Films du Bilboquet pour le film de Marie Voignier

La Réponse de la mygale

Après presque 20 ans de recherches zoologiques infructueuses dans la forêt tropicale du sud-est Cameroun, le français Michel Ballot est sur le point d’abandonner définitivement la quête de l’animal autour de laquelle il a bâti sa vie, le Mokélé-Mbembé. Il décide cependant d’une ultime tentative : poursuivre autrement sa recherche de la bête, sur une voie plus mystique que zoologique. Il se lance alors avec considération mais scepticisme sur la voix de la communication avec les mondes non-humains, avec l’aide des initiés des villages du bord du Dja. Ce film est le récit du trouble intérieur qui tourmente Michel, entre la preuve scientifique qu’au fond de lui il ambitionne encore et la vision mystique qu’il désire ardemment. Il s’engage ainsi dans une nouvelle quête à l’itinéraire chaotique. Il avance autant qu’il recule au fur et à mesure de ses rencontres avec un initié puissant, des journalistes sceptiques, un scientifique croyant et un pisteur exceptionnel. Le film suit le parcours de cet homme blanc qui avance à tâtons dans les croyances d’une autre culture, avec une grande sincérité mais dont l’approche rencontre d’évidentes résistances. Résistances à une démarche qui relève de l’intrusion dans un territoire qui n’est pas la sien et où les blancs ne sont pas souhaités. Une zone de pouvoir et de concurrence des pouvoirs, un espace d’opposition historique à l’autorité administrative, cléricale et coloniale.

 

Les Volcans pour le film de Géraldine Py et Roberto Verde

Le rat & le robot

Ce projet de film propose une immersion au cœur de la cité des rats, un récit souterrain, sous forme d’enquête éthologique et exploratoire où des caméras robots d’inspection seront dépêchées pour partir dans les égouts à la découverte et à la rencontre de cette société méconnue parce que discrète et très organisée. En surface, Bruxelles compte « officiellement » 1 200 000 d'individus inscrits sur les registres de l’état civil. Sous terre, près de 2 millions d’habitants supplémentaires sont recensés. Cette population massive séjourne sous nos pieds, à l’insu de nos vies. Bien qu’elle n’ait aucune valeur aux yeux des hommes et que leur présence suscite toujours un profond dégoût, elle a néanmoins une histoire vieille de 5 millions d’années et elle est une condition nécessaire à notre confort, indispensable au bon fonctionnement des villes modernes.
Une épopée audacieuse dans les dédales de son habitat humide et sombre, dans les tréfonds d’une architecture humaine tentaculaire, à l’intérieur de l’univers toujours insolite, parfois hostile et dangereux, jusque-là invisible, des égouts de la ville.
Le défi est lancé… La rencontre aura-t-elle lieu ?

 

Petit à Petit production pour le film d’Adèle Shaykhulova

Être là

Je découvre l’existence de près de 15 000 caméras de surveillance dans ma ville natale, en Russie. Des images accessibles 24h/24. Les membres de ma famille apparaissent devant une des caméras, puis s’en vont. J’essaie de les retrouver avec d’autres caméras. Les saisons changent et transforment la ville. Je continue à y errer, obsédée par l’idée de les revoir. Leurs voix lointaines me donnent régulièrement des nouvelles au téléphone. Je suis suspendue à un lampadaire, à un immeuble soviétique, à un arbre. Et je reste là, à observer les autres. Sentez-vous ma présence ?

 

Petit chaos pour le film de Quý Truong Minh et Nicolas Grau

Eaux Souterraines

Un paysage inondé. Routes devenues rivières. Montagnes devenues îles. Sur une barque, une vieille femme rame. Elle rame vers la caverne où elle est née et a grandi auprès de sa famille, avant que les militaires ne les forcent à l’exil. La vieille femme s’appelle Cao Thi Hậu, elle est Ruc. Les Rucs sont une communauté indigène qui a été déplacée vers des villages de relocalisation artificiels et est aujourd’hui étroitement surveillée par la police frontalière entre le Vietnam et le Laos. Au fond de l’eau, sous la surface opprimée de sa vie actuelle, reposent les souvenirs et les rêves d’une maison perdue.

Filmé en 16 mm avec la sensibilité intime d’un « home movie », le film propose un voyage cinématographique sensoriel aux côtés de Mme Hậu, sur les traces de son passé désormais englouti. Lors de son trajet en barque depuis son village surveillé jusqu’à la caverne où elle est née, Mme Hậu est accompagnée de ses petits-enfants. Il leur faut deux jours à travers la forêt inondée pour atteindre leur destination. Au fil de l’eau, les souvenirs noyés dans les paysages refont surface. Aujourd’hui âgée de 69 ans, elle sait que ce pèlerinage sera peut-être son dernier. Mais la caverne de son enfance n’a pas été épargnée par la crue, et le retour tant espéré à la maison n’est peut-être qu’un rêve… Un rêve qui, sous sa surface paisible, cache un cauchemar : celui de la destruction silencieuse des communautés indigènes et de l’environnement par des politiques corrompues.

 

Pltv pour le film de Catarina Simão

Archives du changement - la fin des nuits

Catarina Simão travaille depuis une quinzaine d’années sur l’histoire de la libération du Mozambique. Au cours de ses recherches, elle a découvert les liens établis dans les années soixante entre les mouvements de libération du Mozambique et des activistes et cinéastes canadiens, particulièrement au Québec. Elle a été invitée à s’engager dans le « développement » de ces liens dans le cadre de la prochaine biennale de Québec qui ouvrira en février 2024, autour de questions liées au sommeil et à l’éveil. Réveiller l’histoire et les récits oubliés, faire entendre les voix effacées par les vainqueurs, offrir une seconde vie aux savoirs institués, aux documents visuels et sonores assoupis : des artistes sont nos guides dans les archipels de la mémoire collective.

L'essai cinématographique reposera en partie sur des séquences de films produits après l'indépendance du Mozambique en 1975. Catarina Simão accomplit ce voyage qui la mène de Maputo à Toronto et à Montréal au Canada pour retrouver ces films et écouter témoins et protagonistes. Exhumant ces liens entre deux territoires éloignés, Catarina Simão tissera ces traces du passé avec l’époque présente. Archives du changement – La fin des nuits interrogera la complexité et les paradoxes de la pensée sur la décolonisation au Mozambique, mais aussi au Canada où la reconnaissance de la place des Premières Nations est encore en cours.

 

Poteau d'angle pour le film de Thomas Bauer

Pendant que la femme suit la vache l'homme suit la femme

Le témoignage d’une femme, d’une star de l’ethno-jazz des année 1960, exilée d’Afrique du Sud. Miriam Makeba est devenue progressivement une des icônes noires des luttes anti apartheid et panafricaniste. Forcée de quitter les États-Unis, elle décide de s’installer dans une province reculée de la moyenne Guinée. Un territoire dont la population d’origine peule a migré pendant des siècles avant de s’installer. Dans ce paysage de montagne, source de plusieurs fleuves, surgissent différentes figures sous formes d’architectures, de monolithes rocheux. Des voix s’échappent de ces formes incarnées. Elles portent le récit perturbé du territoire, de l’époque coloniale, de l’indépendance et des dérives autoritaires successives. C’est dans ce climat de violence dissimulée et depuis une maison qui s’inscrit en contrepoint dans l’urbanisme colonial du quartier, que la mémoire de la femme Makeba se raconte à la première personne, cherchant sa place dans ce récit polyphonique.

 

Triptyque Films pour le film de Yaël Perlman

No sex no love no country

Une artiste israélienne exilée en France réinterprète avec deux acteurs les échanges amoureux qu’elle a eu parallèlement avec un ex-soldat israélien et un jeune Palestinien, rencontrés sur la plateforme Chatroulette. Alternant images de webcam reconstituées et fragments de réels du tournage, elle interroge la construction mêlée des identités politique et sexuelle sous l'influence de l'occupation israélienne.

 

TS Productions pour le film de Guillaume Massart

La Détention

À Agen, au sein du vaste campus de l’École Nationale d’Administration Pénitentiaire (ENAP), on apprend en six mois à devenir surveillant de prison. Entre cours magistraux et mises en situation dans un bâtiment de simulation, se fabrique une projection idéale de la détention. Cette petite fiction de la prison a-t-elle quelque chose à voir avec la réalité carcérale ?

 

UFO Production pour le film de Julien Faraut

Les Yeux fermés

Exécuter un geste, imaginer un geste ou observer un geste dépend dans les trois cas de nos représentations motrices. L’utilisation du film et de l’imagerie mentale dans le sport de haut niveau nous conduit de façon inattendue aussi bien sur les traces de l’évolution humaine que sur les fondements de l’histoire du cinéma.

Dernière mise à jour le 7 juillet 2023