Résistance

Le Centre d’Art Contemporain de Lacoux ouvre la saison automnale avec « Résistance », une exposition consacrée au travail de l’artiste Assan Smati. En écho à l’exposition estivale « Pigeons » du Musée départemental de la Bresse-Domaine des Planons (Saint Cyr sur Menthon) où sont dévoilées des gravures, au Centre d’Art, Assan Smati présente un panel de productions sculpturales (boxeur en plomb, buste en placo) et de sérigraphies. Assan Smati est un créateur au sens premier du terme. Il pense et fabrique manuellement la totalité de ses œuvres, accompagnant chaque étape avec persévérance et exigence. Du 1er dessin au dernier, le schéma de construction d’une gravure atteste d’une maîtrise totale de la technique. De la 1ère plaque de placo à la dernière, la sculpture se dessine dans une forme impeccable, contrôlée. Le rendu est minimal, pur, total. L’ensemble de son œuvre est établie à partir de matériaux bruts (béton), d’alliages (plomb), de matières premières (palettes) ou usinées (plastiques). Il y dessine avec exigence un univers engagé, imposant, avec des pièces qui questionnent tant le rapport à la sculpture, ses fondements, que la notion de mémoire, de trace, de gestuel. Assan Smati engage aussi son travail sur la poésie de l’événement par le biais de la sérigraphie (Assan le fou, Kigali, Frappes, tu ne frappes pas assez fort) et d’un travail de sculpture où le rythme s’accélère incessamment (Benne bleue, Palettes en ébène, Brüder, Dos Santos, Colonne grise colonne bleue, Crocolion). Utilisant la couleur et des formes primaires presque brutes, oscillant entre l’image et l’abstrait, avec une expérimentation du caractère historique, identitaire, il s’approprie et revisite des portraits et des icônes, dévoilant un microcosme composé d’œuvres à la force intrinsèque évidente. « Son travail manifeste une monumentalité expressive et dérangeante qui n’hésite pas à aller jusqu’au tour de force. Ses revendications esthétiques, ses choix formels (le bleu ou le rose des Chevaux ou des Centaures) expriment une force contenue et nécessaire en réaction à l’oppression encourue dans des sociétés si policées qu'elles en deviennent policières. Assan Smati se place dans des territoires incertains et provisoires où s'effritent les fragments oubliés du classicisme, du modernisme ou du minimalisme. Une manière de déchirer la continuité illusoire du temps » ( Bernard Ceysson). Comme si Assan Smati souhaitait ériger ce qui est couché, abattre et ruiner ce qui est dressé. Dans ce qui est empilé s'étale le cours des choses, se stratifient les flux des pensées, les suites de gestes répétés dans le quotidien des vies des gens que l'histoire lamine. C'est ce qui se donne à voir dans ses sérigraphies si photographiques, mais qui ne laisse des êtres qu'une empreinte superficielle, une transparence, une trace, une empreinte sur du blanc.»