Résidence Creuser la Terre de Fanny Papot

Chaque année, entre janvier et juin, le Centre Tignous d’Art Contemporain accueille un.e artiste au sein de ses locaux pour une durée de 5 mois. Ce projet de résidence en arts visuels a pour vocation d’offrir un espace de création, des ressources, et un accompagnement à la jeune création contemporaine locale et internationale.
Du 19 janvier au 17 juin 2023, c’est l’artiste montreuilloise Fanny Papot qui va bénéficier de ce dispositif dans le cadre de son projet-expérimentation Creuser la Terre. Diplômée des Beaux-Arts de Limoges-Aubusson puis des Arts Décoratifs de Paris, elle travaille sur la perception de l’espace et du paysage comme expérience sensible. En questionnant la notion de perméabilité et de réciprocité entre soi et le monde, elle s’intéresse à l’influence que les paysages et les espaces qui nous entourent ont sur notre rapport au monde.
Partant du constat initial que les citadins connaissent mal l’histoire des paysages dans lesquels ils vivent au quotidien, et ce en raison de la disparition des reliefs naturels au profit d’aménagements urbains, Fanny Papot souhaite replacer la géologie au centre de la ville. Avec le concours de l’Inspection Générale des Carrières, sa recherche aura pour point d’ancrage les anciennes carrières de gypse de Montreuil, aujourd’hui réaménagées en parcs, les Beaumonts et les Guilands. Sa proposition s’inscrit dans une démarche particulièrement intéressante puisque le centre Tignous d’art contemporain a investi l’ancienne maison d’Auguste Morel, qui fut l’un des exploitants des carrières de gypse montreuilloises.
A travers l’étude des carrières, l’artiste perçoit une opportunité de se reconnecter à la nature et à l’histoire du paysage montreuillois en faisant naître un imaginaire poétique lié à la Terre. A l’image d’une balade temporelle inversée, Fanny Papot part de la disposition actuelle du territoire et rebrousse chemin jusqu’à la formation géologique de celui-ci, initiée il y a de cela des dizaines de millions d’années, en passant par l’exploitation du gypse par l’homme qui s’est étendue sur plusieurs siècles. Mettre en lumière cette formation géologique initiale permet alors de raconter l’origine spécifique du territoire montreuillois et sa confrontation aux aléas du temps (érosion, exploitation, transformation par l’homme).
Issue de la scénographie, sa pratique s’articule essentiellement autour du diorama, de l’installation vidéo, et combine des aller-retours entre pratique d’atelier (recherche) et perception du paysage (immersion). Afin de proposer une expérience physique et immersive à ses publics, Fanny Papot se servira des
éléments du paysage des anciennes carrières de gypse et du matériau lui-même
pour créer des dispositifs de décors fictionnels qui prendront la forme d’installations.