RENCONTRE - LA DROITE ET LA COURBE

Joël Froment est un peintre classique, héritier de la grande peinture (qui n’a jamais cessé, elle aussi, de se remettre en questions), quand il s’efforce d’exprimer sans pathos, dans la clarté d’un objet qui ne déborde pas de sa fonction, le vécu d’aujourd’hui. Le regard est nu dans l’espace du tableau, dans son acte de voir et d’éprouver, sans qu’il y ait de textes à lire, de messages à comprendre, ni de souvenirs à ressusciter. Entre le fonctionnement du tableau et celui de notre regard, se glissent toutes les questions de nos rapports à l’oeuvre dans sa lecture et dans sa perception. Un tableau réussi est un tableau où les conflits sont résolus, les tensions apaisées, un petit fragment de paix dans le chaos du monde. Pour Joël Froment cela ressemble à un espace ouvrant sur une lumière intacte, perméable au silence. Cet espace et cette lumière demeurent comme l’horizon de son travail, le sens de sa recherche, l’exigence de sa pensée et le poids de sa solitude La respiration des formes est celle du peintre dans un monde idéal, elle seule rend compte de l’ampleur de son regard, ce point limite de l’existence, là où après il n’y a plus rien. C’est la magie de cette note bleue au goût d’éternité qu’il cherche comme un jazzman ivre de ses «tempos» quand il compose avec la droite, la courbe et la couleur, célébrant la vie, devant « la terreur de l’inconnaissable et le chaos noir et dur qu’est la mort »selon les mots de Barnett Newman, aussi impressionnants que sa peinture...