RECYCLE GROUP

Novus Ordo Seclorum
Exposition
Arts plastiques
Galerie Suzanne Tarasiève Paris 03

Formé en 2008 par Andrey Blokhin (1987) et Georgy Kuznetsov (1985), Recycle Group engage notre réflexion sur le devenir de la culture contemporaine en utilisant des matériaux recyclés provenant de l’ère industrielle.

 

Titre de leur deuxième exposition personnelle à la Galerie Suzanne Tarasiève, « Novus ordo seclorum » est une devise apparue sur le Grand sceau des États-Unis en 1782 et imprimée sur le dos des billets d'un dollar depuis 1935. Utilisée avec les symboles géométriques de la franc-maçonnerie et désignant un « nouvel ordre mondial », cette devise célébra le début d'une nouvelle ère américaine et produit de nombreuses théories du complot.

 

Avec Novus ordo seclorum, Recycle Group explore ce sujet en transposant ses significations secrètes à l'ère de la réalité virtuelle et en se référant aux deux acteurs qui en ont le contrôle.

Matérialisée sous forme de vestiges, leurs œuvres acquièrent ici un statut archéologique, figé dans le temps et portant un message sans appel : la génération post-Internet serait entrée de plain-pied dans une histoire séculaire, régie par des entreprises technologiques qui dominent notre pensée et notre histoire, avec des moyens numériques.

Avec une esthétique « rétro-futuriste », Recycle Group réactualise ainsi la pensée orwellienne et envisage le terme d'une civilisation où le pouvoir digital aurait remplacé celui des ordres religieux et du pouvoir temporel. Nous sommes ainsi confrontés à une vision « rétro-anticipative » (terme adopté par le critique Arnaud Pierre[i] pour désigner la description d’un avenir déjà dépassé). Et ce monde au futur antérieur s’exprime sous nos yeux à travers des œuvres symboliques et narratives, caractérisées par l'esthétique des générations passées : scriptes, obélisques et pyramides antiques, bas-reliefs de la Renaissance... Le visiteur déambule dans un musée post-apocalyptique, en s'interrogeant sur l'avenir de son espèce. Qui détiendra la mémoire collective ? Comment sera-t-elle sauvegardée et selon quels principes ? Faudra-t-il un guide spirituel ? En guise de réponse Recycle Group fait allusion aux acteurs économiques à l'origine de la Troisième Révolution Industrielle: Google, Facebook, Bluetooth, Dropbox, etc.

Toutefois, avec Novus ordo seclorum, ce duo d'artistes nous livre un point de vue moins positif que celui de Jeremy Rifkins qui popularise l’idée d’une troisième révolution[ii]. En effet, Recycle Group pointe vers une société asservie et en déperdition spirituelle. Dans Consecration of the servers (2016) par exemple, les prêtres bénissent des rangées de serveurs tandis que dans Tower Raising (2015), les fidèles grimpent une échelle avec leur périphérique, en quête de Wifi.

 

Et c'est aussi en combinant medium et technologie que Recycle Group porte un regard critique et ambivalent sur notre patrimoine et nos pratiques culturelles contemporaines. En effet, en choisissant des matériaux industriels recyclés (caoutchouc polyuréthane, plastique thermoformé....), il pérennise notre présent tout en suggérant que la trajectoire de notre histoire est cyclique.

 

Tristan van der Stegen

 


[i] Arnaud Pierre, « Futur antérieur. Une uchronie contemporaine », 20/27, n° 4, Editions M19, Paris, 2010, pp. 7-29.[ii] Jeremy Rifkins, La Troisième Révolution Industrielle, Acte Sud, Paris, 2013.

Horaires

Du mardi au samedi, de 11h à 19h

Adresse

Galerie Suzanne Tarasiève 7, rue Pastourelle 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020