PROMO 163

“Dans quel état d’esprit arrive-t-on pour commencer un travail photographique sur l’Ecole Nationale de l’Administration Pénitentiaire ? Avec beaucoup de curiosité, d’interrogations et d’a priori ... forcément. Dès les premières images, l’enfermement est là. Certaines compositions rappellent l’univers de la prison tout en captant les visages interrogatifs de ces nouveaux venus et de l’inconnu qui les attend. Il a fallu un peu de temps pour se détacher des clichés véhiculés par un imaginaire collectif. Alors, mettre de côté les récits des uns, les expériences des autres. Et surtout, laisser tomber les uniformes quand ils arrivent, ou du moins ne pas en rajouter. Eviter la caricature. Se laisser sentir comme à chaque reportage. Ecouter et échanger beaucoup, surtout après leur premier stage en détention : les peurs, les certitudes, le quotidien carcéral qui arrivera vite, les habitudes qui s’installeront. Peut-être. Répondre souvent aux mêmes questions : “Pourquoi vous êtes là ? C’est pour qui ? On pourra voir les images ?” Puis la prison. Découvrir les cellules, les couloirs et les détenus que je ne regarde pas tout de suite dans les yeux. L’appareil photo pose question mais pas problème. Ils en ont même envie. Je retrouve certains élèves en stage, les mêmes à quelque chose près, dans les murs. Je les photographie au milieu des surveillants plus âgés et des histoires de prison qui circulent. Les témoignages fusent. Les interrogations sur les affectations à venir sont omniprésentes. Là encore, je saisis des corps et des visages dans la découverte de ce qui deviendra leur environnement quotidien, les premiers gestes qui deviendront réflexes, les allers et venus incessants dans les coursives. Le cadre de cette résidence m’a permis de porter un regard singulier sur les élèves surveillants et leur formation, d’approcher la réalité d’un métier mal connu.” Christophe Goussard