Pragmatismus & Romantismus, les Matériaux du Possible
Vue de l'exposition
Pragmatismus & Romantismus associe deux notions antagonistes, correspondant à deux attitudes : Pragmatismus privilégie l'expérience et l'action, les conditions concrètes de production des œuvres ; sous le signe de l'ironie et de la contradiction, Romantismus voit toutes choses en double : la mort dans la vie, le possible dans le réel, ce qui n'existe pas encore dans ce qui existe. Pragmatismus & Romantismus définit donc une opération contradictoire. L'époque étant peu propice aux utopies collectives, il convient de considérer ce qu'il est possible de faire au sein d'une situation donnée, ici et maintenant. Si cette attitude pragmatique peut sembler déceptive, supposant de faire avec les circonstances, ce faire avec peut être interprété différemment selon le point de vue adopté : celui des grandes idées ou celui du processus, celui de la fin ou celui des moyens. Dans une optique pragmatique, faire avec consiste à s'inscrire au sein d'un processus, afin de se donner les moyens de changer une situation de l'intérieur. Le pragmatique faire avec contient ainsi un romantique faire contre. Parmi les artistes exposés, certains opèrent au sein d'une réalité tangible, dont ils extraient les matériaux et les formes d'un monde possible ; d'autres raniment un réel enfoui qu'on ne voit plus ou pas encore. Pragmatismus & Romantismus affirme « une volonté de bâtir, une utopie consciente qui loin de redouter la réalité, la traite simplement comme une tâche et une invention perpétuelles » (Robert Musil, L'homme sans qualités).
Complément d'information
D'autres artistes inscrivent leur pratique dans la vie ordinaire. Daniel Dewar & Grégory Gicquel s'immergent au sein d'un monde physique, où tout devient matériau, même les représentations. Isabelle Cornaro et Alicja Kwade interviennent, quant à elles, de façon discrète dans leur environnement. Alicja Kwade présente des cailloux taillés par un joaillier. Vanité vive d'Isabelle Cornaro compose un tableau cadré serré sur une main qui place, ôte et remet des objets sur une table. Le classique memento mori devient un pragmatique work-in-progress. Les objets ne sont plus des fétiches. Si la marchandise réifie les hommes, en retour ces artistes se saisissent des objets qui nous remplissent afin de construire un nouveau décor.
Évariste Richer, Franziska Furter et Giuseppe Gabellone concrétisent des existences lointaines : célestes, fantastiques et archaïques. Richer ramène le ciel sur terre, l'infini dans un objet fini, l'Himalaya dans une bobine de fil en cuivre. Les bas-reliefs de Gabellone, radicalement étranges, hors du temps et des styles, matérialisent la lutte primaire entre matière et forme.
Les sculptures de Furter, sortes de végétaux de science-fiction, révèlent la dimension fantastique de l'ordinaire. Optant pour la lenteur, Dove Allouche et Katinka Bock montrent comment le mode de production agit sur nos représentations. Les dessins de Dove Allouche, fidèles reproductions de photographies d'un lieu réel, aplatissent ainsi l'image documentaire. Pour Katinka Bock, la forme procède d'une physique des matériaux, avec la fragilité comme horizon.
En valorisant les moyens mais en délaissant la fin, les artistes façonnent les matériaux d'un possible. Le réel redevient ce contre quoi on se cogne, ce que l'on peut tailler, découper, cuire, tresser : ce que l'on peut transformer.
Artistes
Autres artistes présentés
Franziska Furter
Giuseppe Gabellone
Alicja Kwade
Manfred Pernice
Horaires
Adresse
Comment s'y rendre
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Pour les personnes à mobilité réduite,
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