Plein soleil
Entre phénoménologie et hallucination, entre optique et divagation, dans les tableaux peints, mais aussi les dessins, les aquarelles, Sigurdur Arni Sigurdsson conduit ainsi le spectateur à une mécanique figurale dévoyée juste ce qu’il faut pour ne pas se laisser prendre ni à la naïveté mimétique ni à la tentation de la géométrie abstraite de l’espace et de l’image, mais à cette tranquille incertitude qui se joue de la présence et de l’absence.
Sigurdur Arni Sigurdsson semble montrer tout, dans un monde épuré, mais il y a du spectre dans cette lumière étale, sans origine, qui règne dans son univers peint, lui qui aussi joue dans tant de pièces en extérieur de la dynamique de la lumière du soleil.
Il y a de l’être-là, mais il est caché comme un animal dans son milieu, dont on perçoit sans la voir la présence furtive, prêt à détaler comme un lapin disparaissant dans son terrier.
Une question de patience, entre le temps immobile et synthétisé du tableau et l’attente de l’alignement du soleil dans le simple trou par lequel il passera, tôt ou tard.
Les oeuvres de Sigurdur Arni Sigurdsson sont ainsi portées par une patience active, que sait produire la peinture plus que tout autre médium, devant une mécanique du monde qui mérite, même modestement, parfois, une correction, un détour d’ombre. Une patience douce. Mais qui grince.
Christophe Domino
Extrait du texte « The espace between us »
Monographie de Sigurdur Arni Sigurdsson, éditée par le Frac Corse aux éditions Silvana