Piero Dorazio

Textures Lumineuses
Exposition
Arts plastiques
Tornabuoni Art Paris 08
Piero Dorazio, Umbrae III°, 1976, 64 x 81 cm

Si nous projetons un rayon de lumière sur un mur en le passant à travers un prisme, nous verrons devant nous la “Lumière”, dans toutes ses couleurs, le spectre de la “Lumière”. Tout cela concerne l’apparence physique des couleurs, et ce sont des sujets qui sont enseignés à l’école. Il existe cependant d’autres façons d’entendre et de voir les couleurs pour les effets qu’elles ont sur notre esprit et nos émotions. Toutes les sciences, de la psychologie à la chimie, utilisent les couleurs comme symboles ou preuves . Mais la caractéristique la plus importante des couleurs est qu’elles stimulent notre imagination et créent des émotions.»

Piero Dorazio,  Rigando dritto. Piero Dorazio scritti 1945-2004, Cologno Monzese 2005, p. 338

Six ans après sa dernière présentation parisienne sous le commissariat de Serge Lemoine, Tornabuoni Art est heureux d’offrir une exposition de Piero Dorazio, père de l’abstraction italienne, couvrant en vingt œuvres quarante-cinq années de la carrière de l’artiste.

Peintre italien né à Rome en 1927, Piero Dorazio commence à étudier l’architecture, puis s’oriente vers la peinture. Séduit par la richesse de la peinture à l’huile, Piero Dorazio est d’emblée absorbé par la couleur ; il s’attache également au matériel et à la technique : préparation des toiles, choix des pinceaux, préparation des couleurs. Ses débuts picturaux datent de 1942-1943, période pendant laquelle il peint des toiles de petites dimensions représentant des paysages de la campagne romaine et des natures mortes.

Après s’être détaché de la peinture figurative, il participe avec Pietro Consagra, Achille Perilli, Carla Accardi et Giulio Turcato à la rédaction du manifeste Forma 1 en 1947. Ce manifeste, avec lequel il confirme son adhésion à l’art abstrait, va guider l’ensemble de toute son œuvre.

Ayant obtenu une bourse d’études du gouvernement français en octobre 1947, il part pour Paris et s’inscrit à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts. Il y rencontre Georges Braque, Fernand Léger, Jean Arp, Alberto Magnelli. Il découvre que Magnelli pratiquait déjà l’abstraction à Florence en 1914. C’est Magnelli qui lui fait connaître Francis Picabia, Le Corbusier, Antoine Pevsner, Sonia Delaunay, mais aussi de plus jeunes artistes comme Jean Dewasne, Serge Poliakoff et Victor Vasarely.

Dorazio n’est pas seulement peintre, il est aussi critique d’art, conférencier et organisateur d’expositions et deviendra en 1984 le critique attitré du plus important journal national italien, Il Corriere della Sera. Avec Achille Perilli et Mino Guerrini, Piero Dorazio s’occupe de la librairie galerie L’Âge d’Or à Rome qui exercera une grande influence sur l’art italien de l’époque et sera reconnue à l’échelle internationale. Le Groupe de ces trois artistes publie alors Forma 2 en hommage à Wassily Kandinsky, avec la participation de Nina Kandinsky. L’Âge d’Or est notamment fréquenté par Mark Rothko, Rufino Tamayo, Friedrich Hundertwasser, Libero Tancredi, Jean Dewasne, Roberto Matta, ainsi que Léon Degand et Günther Franke. De son côté, André Bloc, directeur de la revue Art d’Aujourd’hui à Paris, propose à Dorazio d’en être le correspondant en Italie. À ce moment, il est aussi nommé́ Secrétaire de l’Art Club International.

En 1951-1952, le Groupe Origine fondé par Mario Ballocco, Alberto Burri, Giuseppe Capogrossi et Ettore Colla invite les artistes de L’Âge d’Or à ne former qu’un seul mouvement qui devient la Fondazione Origine ; qui entretiendra de nombreux contacts avec les artistes américains dont Cy Twombly et Mark Tobey.

En 1953 et 1954, Dorazio se rend aux États-Unis, invité à participer au Harvard International Summer Seminar à la Harvard University, à Cambridge. À l’automne, il s’installe pour une année à New York. Grâce à Matta, il rencontre Joseph Cornell, Robert Motherwell, Leo Castelli, alors collectionneur, Enrico Donati et Marcel Duchamp. Il se lie d’amitié avec Willem de Kooning, Franz Kline, Barnett Newman, Helen Frankenthaler et d’autres artistes new-yorkais, comme avec le critique d’art Clement Greenberg, plus tard avec Kenneth Noland dont l’art présente tant de similitudes avec le sien. Il entretiendra toute sa vie durant, une étroite relation avec les États-Unis, jusqu’à aider à la fondation de la nouvelle Graduate School of Fine Arts de l’University of Pennsylvania dans les années 60 qu’il dirigea par la suite.

D’abord cubiste puis futuriste d’esprit, insistant sur la structure et le rythme, Dorazio utilise tout de suite des couleurs vives et contrastées. Bien vite, le fil conducteur de son expression va devenir le geste, toujours construit et à partir duquel il traduit la couleur et la lumière.

Abandonnant l’approche classique à la composition et au motif, Dorazio trouve son style vers 1957-1958, fondé sur la lumière et son irisation, exprimées à la fois par la couleur et par la manière de la poser avec des touches juxtaposées et croisées, une façon pour lui de rendre hommage à Giacomo Balla et à son art du divisionnisme.

En 1959, il participe à l’exposition Italienische Malerei à la Kunsthalle de Baden-Baden et à la Documenta II de Cassel. En 1960, Max Bill l’invite à l’exposition konkrete kunst à Zurich. En 1965 il fait partie des artistes exposés à la fameuse exposition The Responsive Eye au Museum of Modern Art à New York. En 1979, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris lui consacre sa première rétrospective en France. Par la suite, à l’initiative de Serge Lemoine, le Musée de Grenoble organise en 1990 sa plus importante exposition en France, accompagnée d’un catalogue fondamental dû à Nathalie Vernizzi.

Les œuvres de Piero Dorazio font partie de collections publiques et privées prestigieuses, dont le MoMA (New-York), la Tate Gallery (London), le Centre Pompidou (Paris), la Peggy Guggenheim Collection (Venise), la Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea (Rome), le Musée del Novecento (Milan), la Galleria Civica d’Arte Moderna e Contemporanea (Turin) la National Gallery of Art (Washington), le Hirshorn Museum and Sculpture Garden (Washington) le Art Institute of Chicago ou encore le Fine Arts Museums (San Francisco).

Après une longue maladie, Dorazio décède en 2005, à l’âge de 77 ans, à Pérouse.

Artistes

Horaires

Du mardi au samedi : 10h30 - 18h30
Les lundi sur rendez-vous.

Tarifs

Gratuit

Adresse

Tornabuoni Art 16 avenue Matignon 75008 Paris 08 France
Dernière mise à jour le 13 octobre 2022