Performing the Image

La Galerie Dix9 est heureuse de présenter Performing the Image, première exposition personnelle de Dmitry Kostyukov en France. Ce projet prend racine entre 2008 et 2011 : l’artiste travaille alors comme photographe salarié à l’Agence France-Presse. Il y produit une vaste banque d’images. Ces photographies ont été prises dans un climat conflictuel, voire dangereux. Le devoir d’informer y rencontre l’impératif de survie.

Un dialogue avec les commissaires de l’exposition a conduit Kostyukov à l’idée que la transformation d’archives documentaires crée de nouveaux sens. Elle ouvre ainsi la possibilité  de créer de nouvelles œuvres, qui sont des œuvres d’art, par l’auteur de ces premiers documents. Des œuvres qu’il  peut exposer publiquement. Il affirme ainsi sa liberté artistique.

En transformant le travail existant et en ajoutant de nouveaux éléments, Kostyukov a trouvé une nouvelle expression et une nouvelle signification des œuvres. Dmitry réitère la question de Michel Foucault : Qui est l’auteur ?
Selon Foucault, la notion d’auteur serait née du besoin d’identifier la personne ayant créé une œuvre d’art jugée immorale afin de pouvoir la punir.
L’aplat d’une peinture noire - action rétrospective du peintre - masque l’autorité neutralisante de la photographie médiatique. Ce geste révèle la relation de l’auteur à ce qu’il voit dans ses propres images, et à son travail.
Le punctum, à savoir le détail qui valorise significativement une photographie (d’après Roland Barthes) est délogé par l’artiste, suivant sa propre logique conceptuelle et picturale. Le motif carré se rapporte aux avant-gardes d’Europe de l’Est. Par son acte conceptuel, Kasimir Malevich fait de la peinture une performance: le geste du peintre crée son propre contexte.
Ainsi, loin de décontextualiser les territoires qu’il a photographié, Dmitry Kostyukov réhabilite la dimension documentaire de son travail. Le peintre-photographe rend visible ce qui fait un contexte : l’absence de sa totalité.

Au fil de sa carrière, la photographie d’investigation habitue Dmitry Kostyukov à une existence plurielle, se trouvant à plusieurs endroits presque simultanément. Il divise son temps en le consacrant à des personnes et des institutions géographiquement éparses. Cette ubiquité virtuelle affecte sa manière d’observer les interactions entre les différentes communautés qu’il côtoie.
En général, son approche de la photographie porte sur l’impossibilité d’en capturer le contexte. Sans essayer de raconter une histoire, Dmitry Kostyukov s’attache à saisir les détails que l’on montrerait à un ami, pour l’aider à comprendre une situation vécue. La photographie se présente à lui comme une méthode de recherche visuelle, une enquête critique sur l’environnement d’une situation, et sur les contraintes de cette investigation.
Dmitry Kostyukov travaille également avec les objets tridimensionnels, les textes, les matériaux et le design. Sa production récente porte sur la relation entre les êtres humains et les technologies humanoïdes. Il en étudie l’impact visuel sur la société globalisée contemporaine.

Actuellement basé à Paris, Dmitry Kostyukov est né à Sebastopol (URSS) en 1983. Son enfance au sein d’une famille de hauts fonctionnaires au Ministère de la Défense, ainsi que son éducation dans une académie militaire, ont façonné son intérêt pour l’analyse des structures sociales. Il a obtenu un diplôme de journalisme à l’Université d’État de Moscou (BA) ainsi qu’un Master à la Royal Academy of Art de La Haye, NL.
Par la suite, il s’est spécialisé dans la couverture visuelle des conflits en régions post-soviétiques. Il a notamment documenté les affrontements en Géorgie et en Afghanistan. Son travail a fait l’objet de publications prestigieuses au New York Times, au Times Magazine et au Financial Times, entre autres. Il a été nominé et a remporté plusieurs récompenses internationales, tels le Sony World Photography Awards, pour lequel il était finaliste en 2011, ou encore le NPPA, the best of photojournalism, qu’il a gagné en 2010.