PAYSAGES CHAVIRES - 1

En complicité avec Fabien Lerat, trois artistes de la région : Boris Chouvellon, Nicolas Desplats et Caroline le Méhauté ont habité et vécu le lieu pendant un mois pour interpréter, réinterpréter, bousculer le paysage et se jouer de tous les points de vue. Pour atteindre Grand Boise il faut préalablement traverser les zones industrielles et commerciales de la vallée de l’Arc et contourner les espaces péri-urbains qui ceinturent la petite ville de Trets. A l’issue d’une route de campagne le domaine offre au visiteur ses vignobles et ses bois en terrasses et le charme de sa bastide du XVIIème. Nous y voilà, « Hic et nunc » au pied des Monts Olympe et Auréliens. Les lettres flottantes de Caroline le Méhauté, qui se déplacent sur l’étang ici et là, le confirment. Au détour du chemin qui mène à la bastide, un espace belvédère a été aménagé face à la Sainte Victoire. En dessous, une grande plaque de béton ancrée dans la terre cache une réserve d’eau. Fabien Lerat a choisi ce lieu pour y installer en contrepoint un promontoire qui duplique et renverse le point de vue sur la montagne mythique. Un immense miroir panoramique supporté par une charpente de bois renvoie à la montagne, l’écho de son image illusoire et mouvante. Ici ou là, ici et là, le regard est pris entre deux espaces paysages et deux visions autres et néanmoins semblables. En allant vers la bastide, à l’entrée du parking, Nicolas Desplats annonce son projet de reconstruction du Mont Olympe, à partir de la photographie « publicitaire » affichée au bord du vignoble. Le remodelage de la montagne des Dieux signe l’utopie du tout aménagement et questionne nos attentes et nos regards face au paysage naturel. Entre l’étang et la bastide, en contrebas du petit verger, la résurgence d’une ancienne et hypothétique occupation émerge du terrain. Dans le prolongement de son travail sur les zones indistinctes entre ville et campagne, aménagements et chantiers, Boris Chouvellon, a installé, in situ, la trace ruinée du rêve pavillonnaire, avec le vestige d’une piscine. De la contemplation et de l’évidence fantasmée du paysage naturel à la critique amusée ou « dés-amusée » de l’aménagement du territoire, chaque artiste témoigne d’une expérience singulière et d’une réflexion approfondie sur la manière d’appréhender les espaces dits naturels.