Patrick WEIDMANN

Biographie

Les préocupations de Patrick Weidmann depuis trois décennies traversent différents médiums. Dès les années 80, ses peintures abstraites se jouent des références, elles privilégient des esthétiques hétérogènes, parfois à la limite de l’aberration. Si la photographie y tient déjà une place importante, elle est diluée dans un dispositif qui s’apparente à l’installation, ou plus prosaïquement à de l’assemblage. Objets industriels, cadres démesurés et posters de supermarchés côtoient un champ lexical sanitaire. C’est aussi le temps des courts-métrages. Certains se mesurent à la narration, d’autres s’obstinent à éconduire une sensualité décalée.

Au début des années 90 la photographie s’impose, en même temps que l’écriture. Et c’est la fiction qui devient l’enjeu d’une entreprise singulière. Elle s’en prend directement aux capacités de l’illusion à générer du sens, elle traque ses failles et ses dérives, en active les impostures. En effet, les promesses de bonheur de la société consumériste sont asservies à une stratégie aussi virulente qu’énigmatique. Elle semble valider l’idée que la mort y joue un rôle capital. Les lieux de prédilections qui illustrent ce travail sont les galeries marchandes, les aéroports, les casses automobiles ou les casinos. Ils n’excluent en rien des décors montés de toutes pièces en atelier.

 

L’œuvre récente renforce le phénomène. Le déni du contexte rend difficile la mesure du temps, son emprise est vouée à une sorte de consubstantialité photogénique avec l’éphémère. Mais dans le cas des images de Patrick Weidmann on pourrait penser que la durée aussi a subi une peine incompressible. Exempté de toutes hiérarchies, le fragment obtient du réel un genre de capitulation. Il est libre de circuler entre les signes, d’éreinter les métaphores, de briser le luxe ou la banalité, de s’encastrer aux abstractions, mais encore de stigmatiser la vanité des objets ou leur symbole social. Libre aussi de rejouer la violence impeccable d’un drame indivisible. Et c’est tout le mal qu’on lui souhaite, pourrait-t-on conclure.

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Dernière mise à jour le 12 décembre 2013