Pascal Convert

Constellations
Exposition
Arts plastiques
Galerie RX Paris 03
Pascal Convert

Souche de Verdun cristallisée VI, 2024

Verre optique et charbon de bois,

65 x 52 x 30 cm

Maitre Verrier Olivier Juteau

RX&SLAG Paris est heureuse de présenter la deuxième exposition personnelle de Pascal Convert, juste un an après « Les voix qui se sont tues ». Il réunit aujourd'hui 14 œuvres – dont 8 créées spécialement pour l'occasion – pour nous parler de l'actualité en se tournant vers les étoiles, les constellations pour écouter la rumeur sourde du monde. Ainsi prend-il du recul et une certaine distance face aux flux d'informations qui brouillent la compréhension des conflits en cours. Il mêle différentes dimensions (temporelle, symbolique et poétique) par les techniques, les matériaux, l'importance de la couleur et sa réflexion pour « faire renaître les choses et aborder la question de ce qui survit et de ce qui fait trace humaine ».

 

Décentrer le regard

Des drames, des failles, des cicatrices. Pascal Convert accroche son regard sur des événements qui s'imposent comme des cataclysmes dans la vie d'individus confrontés à une folie indissociable de l'histoire de l'humanité. Mais contrairement à un Goya qui l'a traduite de façon directe et crue dans la série des gravures des Désastres de la Guerre (réalisées entre 1810 et 1815), Pascal Convert dézoome et décentre le regard. Il crée des œuvres dans lesquelles le temps semble suspendu, arrêté à un moment de l'histoire (Souches de Verdun cristallisées) ou consacrant une mémoire (Tombe pour Anna Politkovskaïa, Écorces de pierre, Les voix qui se sont tues #2). Tel un alchimiste, l'artiste transmute les horreurs des conflits en œuvres poétiques qui nous invitent à prendre le temps des questions et de la réflexion, loin des pièges des réactions passionnées.

 

Quelles constellations ?

Le titre de l'exposition renvoie à un ouvrage que Pascal Convert a publié en 2013 chez Grasset, La Constellation du lion, dans lequel il raconte son enfance, sa mère « cernée par l’angoisse et à l’ombre d’un père » grand résistant mais aussi les trahisons et les morts. « Avec l'exposition, on passe de cette constellation où s'imbriquent le familial et un pan de l'histoire à une constellation dans laquelle s'imbriquent l'hyper-actualité et un paysage plus complexe que la simple littéralité du journalisme d'actualité », pointe-t-il. L'art devient un filtre qui fonctionne par décantation et l'artiste, l'inventeur d'une nouvelle langue.

« Dans ces œuvres, je pose la question de l'imagination, la question de Susan Sontag : comment imaginer la douleur des autres ? À quel endroit se place-t-on pour imaginer ? Près ? Est-ce qu'on comprend mieux ? Peut-on imaginer en étant loin ? Tout cela paraît crypté mais j'ai voulu une exposition qui soit dans une actualité polysémique. »

 

Des matériaux palimpsestes

Dans cette nouvelle exposition, Pascal Convert se fait archéologue de la mémoire et superpose des temporalités. En effet, il remploie des plaques de verre produites entre les années 1930 et 1970, tels des ready-made sur lesquelles il intervient. Elles se font palimpsestes et se chargent de sens. Il grave le monitoring du dernier battement de cœur d'une personne » (Pan #2) – sur une dalle de Cirey bleu azur – ou d'un enfant qui vient de naître (Pan #3) – sur une dalle de Boussois rouge. Sur cette dernière figure une date : 15 avril 2019. Il n'en dira pas plus, à chacun de trouver à quoi elle correspond. Dans Le Jourdain, le fleuve biblique se transforme en une cicatrice qui barre la plaque de marmorite, un verre opale noir longtemps utilisé comme dalle funéraire mais dont la production s'est tarie. « Ce fleuve, qui sépare cette imbrication de territoires du Liban à la Mer morte en passant par Israël et la Cisjordanie, est devenu un ruisseau de sang. »

Dans Les voix qui se sont tues #2, il pose sur des grandes plaques cobalt 13 cloches en cristal soufflé dont chacune recouvre un éclat de verre jaune d'urane, contenant un très faible taux d'uranium. L'association des couleurs évoque inévitablement le drapeau ukrainien...

La trace reste présente avec les empreintes obtenues par frottage au graphite sur des khatchkars du cimetière de Djoulfa (Écorces de pierre), ces stèles symboliques de la culture arménienne détruites par les militaires azerbaïdjanais. Un conflit qui laisse la communauté internationale indifférente.

« J'essaie de créer des formes qui pensent, qui nous donnent du temps », conclut-il.

Horaires

du mardi au vendredi, de 10h à 18h

le samedi de 11h à 19h

Adresse

Galerie RX 16 rue des Quatre Fils 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 11 mai 2024