Olivier Millagou

La façade de la galerie donne l’impression d’être celle d’une cabane en bois, dans l’esprit de celle qui vit naître les premières Harley-Davidson ; le siège originel de la marque, où furent assemblés les premiers engins, ressemblait en effet plus à une construction précaire qu’à un édifice industriel. Ici, la construction a brûlé, laissant apparaître sur la porte le titre de l’exposition, CHAPTER 2 19 M.C., comme s’il avait été révélé par le désastre ; un titre qui s’inspire des codes d’identification et de localisation employés par les Bikers. L’espace intérieur est repeint en orange, identique au fameux « Oakland Orange » qui depuis les années 1960, conjointement au noir, caractérise l’univers des motards. Une couleur devenue « mythique » par accident économique : c’était la seule dont ils disposaient ! Des gilets en cuir accrochés au mur voient se développer des peintures de voyages sur leur dos. La moto ne supportant pas le superflu sur la route, ainsi va-t-on à l’essentiel en faisant de l’accessoire identitaire un support. Les gilets des Bikers étant traditionnellement appelés des « couleurs », ils sont utilisés ici comme un carnet de dessin retranscrivant des impressions de voyage. Dans un coin tourne un diaporama reprenant l’imagerie de l’univers des deux roues traditionnellement ancrée dans l’inconscient collectif : une série de clichés fantasmatiques vus, revus et détournés dans presque toutes les cultures, auxquels peu de gens peuvent au final raccrocher des expériences vécues. L’accrochage est complété par des peintures réalisées avec du gaffeur (scotch utilisé par tout motard digne de ce nom pour effectuer des réparations sur son engin) reprenant des citations de leurs tee-shirts, tout en reproduisant la forme (ou la déformation ?) éprouvée au contact de leur corps.