Nú Barreto

Silhouettes Parfaites
Exposition
Arts plastiques
Galerie Nathalie Obadia Paris 04
Nú BARRETO ; Na Kalur, 2022 ; Peinture acrylique, stylo, crayon, pastel mi-gras et collages sur carton recyclé ; 124 x 149 cm

La Galerie Nathalie Obadia est heureuse de présenter Silhouettes Parfaites, la quatrième exposition personnelle de Nú Barreto entre les galeries de Paris et Bruxelles.

Des œuvres sur papier recyclé offrent des espaces de circulations où les êtres et les choses, entraînés dans une mobilité déconcertante, s’y retrouvent et s’agitent, dépassant parfois les limites structurelles imposées par le cadre. Parmi ces œuvres, une toile marouflée sur bois de plus de trois mètres de long siège au cœur de cette exposition. Intitulée Transmissions (2022), elle s’inscrit dans une forme de continuité de la série États Désunis d’Afrique (2009), reprenant la configuration du drapeau américain aux couleurs troquées par celles de la majorité des États africains. Sur toute la longueur de la toile, les stylos s’amassent comme pour signifier des accumulations d’idées, de savoirs et d’envies.

Ce nouveau corpus d’œuvres se situe dans une forme de prolongement des recherches de l’artiste - Nú Barreto utilisant le dessin comme moyen d’expression – et révèle des œuvres encore jamais dévoilées. Pour cette nouvelle exposition, la plasticité de chaque œuvre s’enrichit de variations de matières et de volumes, véhiculant des messages politiques engagés sur l’état du monde contemporain.

Depuis l’enfance, le dessin est le médium de prédilection de l’artiste : il est le “lieu de toutes les expressions” permettant de réduire drastiquement le discours par le biais d’une “iconographie qui facilite la lecture et la transmission” déclare-t- il. D’abord essentiellement en deux dimensions, la pratique de Nú Barreto bascule progressivement vers une démarche plasticienne où les collages, jeux de matières et de volumes tiennent une place centrale. Ces formes que l’on prendrait pour des abstractions reproduisent en réalité des silhouettes : “silhouettes comme ombres” s’exprime l’artiste, “ombres comme traces, traces comme empreintes gestuelles ou actes figés dans lesquels, leur agitation semble dicter avec légèreté ou danger, une narration de faits concrets” poursuit-il.

Seules ou enlacées, ces ombres de personnages mobiles sont parfois physiquement très proches de nous. Leur agencement sur la surface plane, tantôt disposées à l’endroit puis à l’envers, construisent des environnements déséquilibrés. Chaque contour de formes flotte dans le champ pictural, allant parfois jusqu’à le dépasser : les silhouettes s’extirpent du cadre par leur mobilité vive ou s’avancent vers nous dans leur épaisseur, se détachant significativement du support de l’œuvre. Le visiteur vit ainsi l’expérience de la matérialité dans ce face à face avec les œuvres, contemplant les variations d’échelles, de mesures et de volumes des silhouettes découpées.

L’iconographie de Nú Barreto, riche et symbolique, subsiste dans ce nouveau corpus. Les motifs se font écho d’une œuvre à l’autre : des bouteilles contenant des personnages et autres objets, des chaises à trois pieds et échelles aux barreaux inégaux se suivent comme une succession de mots transformés en images. Pour compléter sa sémantique personnelle, l’artiste emploie une palette chromatique où la couleur rouge est utilisée comme liant. Celle-ci continue d’être choisie pour sa puissance symbolique. Par l’image et la couleur, le nouveau langage de Nú Barreto tente d’exprimer l’instabilité et la violence du monde à l’ère de ce 21e siècle.

En portant sa réflexion artistique sur la condition humaine et les dérives du pouvoir dans nos sociétés contemporaines, les œuvres de Nú Barreto se rapprochent des dessins de l’artiste sud-africain William Kentridge. Dans ces décors où des circulations s’opèrent, le visiteur y pénètre et circule par l’image. Il franchit du regard les couches de matières, de volumes et de symboles qui lui transmettent un message. Car, c’est bien la transmission qui siège au cœur de cette exposition : l’ensemble des ressources symboliques et picturales débordent dans leur expressivité vive, s’échappant du cadre tant dans leur mobilité que dans leurs volumes. Ces accumulations s’attachent à représenter des paysages tourmentés ; miroirs d’un état du monde troublé.

Horaires

Lundi - Samedi, 11h - 19h

Adresse

Galerie Nathalie Obadia 3 rue du Cloitre Saint-Merri 75004 Paris 04 France
Dernière mise à jour le 16 février 2024