Nicolai HOWALT, Esben KLEMANN, Pipaluk LAKE

Migrations
Exposition
Arts plastiques
Galerie Maria Lund Paris 03

A gauche :
Pipaluk Lake – Meltwater X
31 x 13 x 21 cm | verre, oxide, acier / glass, steel, oxide 2019
Esben Klemann - sans titre / untitled
42 x 26 x 16 cm | grès / stoneware
2019

Migration est un mot omniprésent dans nos vies contemporaines : migration des êtres, des populations, des espèces. Mais le phénomène n’est pas nouveau. Seuls les moyens ont changé et les attitudes, peut-être… Le déplacement se fait par nécessité, sous pression, par simple envie, ou résulte de paramètres physiologiques voire génétiques.  Relatif à des domaines aussi divers que la botanique, la physique nucléaire, la chimie, la pédologie ; le phénomène ainsi nommé est un fondamental du fonctionnement de notre monde.

L’exposition Migrations réunit trois artistes – le photographe Nicolai Howalt, le plasticien Esben Klemann et la sculptrice Pipaluk Lake – qui exploitent, chacun(e) à sa manière, la migration des matières. La série Silver Migration de Nicolai Howalt est un travail de pionnier : il crée des images sans prise de vue en développant un papier photo vintage avec une émulsion sensible dont les ions d’argent ont migré suite à une oxydation. Le résultat est spectaculaire. S’agissant des sculptures d’Esben Klemann, ce sont la chaleur et l’alchimie invisible opérant dans le four qui transforment des grilles en grès ultrafines. Un processus semblable est à l’œuvre chez Pipaluk Lake dont les sculptures peuvent être décrites comme des mouvements de matières (verre et métaux) contrariés et arrêtés.

Migrations montre ainsi comment un monde imperceptible à l’œil, régi par ses propres lois, provoque des déplacements, qu’ils soient spontanés ou produits sous l’impact d’interventions volontaires… Par le biais des œuvres, le domaine très concret des matériaux devient révélateur de processus fondamentaux inhérents à nos existences.



N I C O L A I   H O W A L T    (né en 1970, vit et travaille au Danemark)   

A travers le médium photographique Nicolai Howalt explore le temps, la lumière, les notions de vie et de devenir, l’immatériel et le matériel. Il alterne approches documentaire, expérimentale et conceptuelle. Issues de la mise en place de protocoles, ses recherches les plus récentes l’ont conduit à saisir avec Light Break (2015) les rayons vitaux et destructeurs du soleil et avec Endings (2011) la vie redevenue poussière à travers des photos de cendres humaines. Eléments (2016) a permis à l’artiste de montrer les propriétés transformatives des éléments primaires du système périodique (or, argent, cuivre et fer) en les transférant par l’intermédiaire d’une émulsion photosensible sur des plaques de métaux différents. La série Silver migrations (2018) est, quant à elle, la matérialisation en images du processus d’altération de feuilles de papier photo périmées (1962). Autrement dit, elle est le témoignage de migrations chimiques opérées par le temps et l’humidité. Ici, les tonalités de gris doux et les blancs affirmés nous conduisent dans un monde rappelant des microorganismes, des formations dont la migration suivante semble imminente. Seul l’acte de développement de la feuille photosensible, unique intervention de Nicolai Howalt, a stoppé le mouvement. Sans prise de vue, s’agit-il encore de photographie ? Ou serait-ce plutôt une forme de readymade ? L’on peut en effet considérer que l’image était latente et que seule la volonté de l’artiste l’a faite exister en tant qu’œuvre. Quoi qu’il en soit, à l’ère du numérique, le parti pris du photographe devenu simple révélateur d’images constitue une démarche nouvelle et captivante.  

 

p a r c o u r s

Présentée pour la première fois à la Galerie Maria Lund en 2015 (Here comes the sun) puis de nouveau en 2017 (de travers avec Esben Klemann), l’œuvre du photographe danois Nicolai Howalt a été largement exposée en Scandinavie, en Europe et aux Etats-Unis. Elle a été primée par de nombreuses institutions prestigieuses (Hasselblad Foundation, Danish Arts Foundation etc.). En France, la Maison du Danemark a accueilli l’exposition How to hunt (réalisée avec Trine Søndergaard) en 2012 et ses photographies sont entrées dans les collections de la Fondation Hermès et de la Maison Européenne de la Photographie.

Nicolai Howalt a publié de nombreux livres. Le dernier en date, Old Tjikko (2019) est dédié à l’organisme vivant le plus ancien qui soit connu - un arbre en Suède – et à l’instabilité de l’image photographique. Il constitue un ensemble passionnant de textes et de 96 variations d’une même prise de vue évoquant les rapports entre l’Homme, le temps, la nature et l’image.

               

E S B E N   K L E M A N N    (né en 1972, vit et travaille au Danemark)      

Le jeu et la volonté de fuir l’ennui sont au cœur de la création d’Esben Klemann. L’artiste s’exprime principalement dans le domaine de la sculpture (toute échelle) - béton, grès et porcelaine - tout en ayant une pratique permanente du dessin. La base de son travail est la grille, la trame. Structure fondamentale « neutre » - dit-il - que l’on trouve dans le monde organique mais aussi comme principe de construction dans de nombreux secteurs de l’activité humaine. Lors de la cuisson de ses œuvres en grès, la grille très fine qu’il a drapée, soutenue ou contrainte, sera sujet de modifications plus ou moins importantes. L’artiste cherche la surprise, la forme survenue par l’échappée de la matière.

Dans les dessins d’Esben Klemann la grille constituée de traits fins devient une membrane flexible immense qui recouvre des éléments qui la repoussent et l’étirent comme motivés par le désir d’en sortir… Ailleurs,  la ligne entraine l’artiste dans un jeu d’associations pour former une machinerie imaginaire.

On retrouve son dessin dans ses sculptures en béton coulé. L’artiste mène cette matière brute vers un très haut niveau de sophistication et de souplesse où tout ondule, craque, tel un ensemble de masses en mouvement.

 

p a r c o u r s

Esben Klemann a surtout exposé dans son Danemark natal, au sein d’institutions (Charlottenborg, Bornholms Kunstmuseum, Vejen Kunstmuseum, Danmarks Keramikmuseum), de galeries et dans l’espace public. La ville de Vejen, l’a invité à installer 14 sculptures en béton dans l’espace public (projet EGNSBETON, 2013). La Galerie Maria Lund l’a exposé dans le cadre de Terres – Copenhagen Ceramics Invites (Nouvelle vague – Palais de Tokyo-CPGA, 2013). L’année suivante Chaotiquement vôtre (avec Pernille Pontoppidan Pedersen) réunissait un ensemble de ses sculptures et une vidéo, Traits d’un abri (2016) ses dessins et reliefs et en 2017 de travers (avec Nicolai Howalt) expérimentait une nouvelle mise en tension de l’espace à partir des médiums respectifs des deux artistes. Esben Klemann a été exposé dans le cadre du Parcours Carougeois (2015) et à la 19e édition de la Biennale internationale de céramique, Châteauroux (2017). Son œuvre fait partie de nombreuses collections de référence au Danemark dont celle du Fond national pour l’art. Le sculpteur a réalisé plusieurs commandes pour l’espace public danois et travaille actuellement à la création d’une sculpture monumentale en béton pour l’état suédois.  

 

 

              P I P A L U K   L A K E    (née en 1962, vit et travaille au Danemark)

Pipaluk Lake a développé un univers unique où verre et métaux sont réunis selon des méthodes empruntant aux techniques de couture, de tricot, de tissage et de dinanderie. Lors du passage au four, ces « paquets de matières » sont assouplis par la chaleur ; la pesanteur les étire jusqu’à ce que l’artiste arrête le mouvement en sortant la pièce du four… Ainsi, la forme est donnée à la fois par la préparation de l’artiste qui peut laisser aux matériaux plus ou moins de liberté, leur imposer des contraintes et par les paramètres invisibles qui déterminent le « voyage » dans le four. Par la suite, Pipaluk Lake retravaille la forme récupérée ; elle la retourne parfois de façon à inverser son mouvement, la coupe, la polit. La coloration du verre provient des vapeurs libérées dans le four, des métaux auxquels le verre est attaché ou encore des émaux appliqués en amont.

Les œuvres achevées racontent le périple des matières, ceci dans une forme enchanteresse qui fait aussitôt songer au monde sous-marin, au commencement du printemps dans un monde de glace et de neige (Meltwater) - ou bien aux fascinantes structures des stalactites et des stalagmites (Passer).

 

p a r c o u r s

L’œuvre de Pipaluk Lake (née en 1962) a été largement remarquée et primée (Hempel Glaspris 1999 - Honorable mention à la 2nd Chongju Int. Crafts Competition 2001, Corée - Médaille d’argent pour Kunsthåndværkerprisen af 1879) et elle est représentée dans de nombreuses collections publiques : V&A, Londres - Corning Museum of Glass, Etat de New York - Glasmuseum Alter Hof Herding, Allemagne - Boston Museum of Fine ArtsDesign museum Denmark, Copenhague - The Danish Arts Foundation et New Carlsberg Foundation. Pipaluk Lake a exposé à travers l’Europe ainsi qu’en Chine, en Corée, au Canada, aux Etats-Unis (Drops, 2006, Chappell Gallery, NYC) et en Australie. En 2011, la Glasmuseet (Danemark) a accueilli une exposition de ses œuvres récentes (primée par The Danish Arts Foundation) et en 2012 l’institution publique Sophienholm (Danemark) a présenté l’exposition Pipaluk Lake 1987-2012.

La Galerie Maria Lund collabore avec Pipaluk Lake depuis 2008. Elle a accueilli trois expositions de l’artiste (D’ici et d’ailleurs, 2010 – Configurations, 2012 – Hasards planifiés, 2014) et a, entre autre, montré ses œuvres à la foire KIAF, Séoul (2015 et 2016).

Adresse

Galerie Maria Lund 48 rue de Turenne 75003 Paris 03 France

Comment s'y rendre

M°1 - St Paul 
 

Dernière mise à jour le 2 mars 2020