Narrative, critique, libre ...

Figurations des années soixante aux années quatre-vingt
Exposition
Arts plastiques
Les coopérateurs Limoges

Après avoir abordé les relations entre la peinture et la photographie, puis l’évolution de l’art géométrique abstrait (1), nous poursuivons notre investigation dans le domaine pictural en nous intéressant à l’évolution de la peinture figurative, notamment en France, des années 1960 aux années 1980, à partir des collections du FRAC et de l’Artothèque du Limousin.

    Il s’agit de proposer au public, notamment aux jeunes générations, une relecture iconographique de cette période pour comprendre en quoi un certain nombre d’artistes se sont intéressés aux images - interroger leurs sources, apprécier leurs méthodes de manipulation et de détournement - et de poser la question de leur réponse individuelle ou collective(2) à un contexte médiatique en augmentation mais pas encore aussi saturé qu’aujourd’hui.

    En France, un nouveau courant pictural apparaît au milieu des années soixante, en réaction à la situation générale de la scène artistique largement dominée depuis l’après guerre par la peinture abstraite. D’abord nommée Nouvelle Figuration puis Figuration Critique, cette tendance s’affirme lors de l’exposition « Mythologies Quotidiennes » (1964, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris) organisée par les peintres Bernard Rancillac et Hervé Télémaque avec le critique d’art Gérald Gassiot-Talabot. Elle prendra ensuite l’appellation de Figuration Narrative en 1967, sous la plume du même critique qui la définit ainsi : « Est narrative toute œuvre plastique qui se réfère à une représentation figurée dans la durée, sans qu’il y ait toujours à proprement parler de récit… »(3). Travaillant à partir de l’image photographique ou cinématographique, de l’imagerie publicitaire, du roman-photo, de la bande dessinée, les artistes détournent les significations de ces représentations pour en révéler des sens inattendus, suggérer d’autres narrations, montrer leurs implications politiques.

    Au début des années 1980, un peu partout en Europe et aux Etats-Unis, une nouvelle génération de peintres s’impose dans les galeries et les musées à travers des expositions importantes et très médiatisées (4).
    Durant l’été 1981, l’artiste Ben invite Robert Combas et Hervé Di Rosa à exposer dans sa galerie de Nice et lance l’appellation « figuration libre ». Combas en parle ainsi : « Pour moi, une toile peut être influencée par des publicistes naïfs africains, par l’illustration de livres d’école primaire, mélangée à Picasso ou à Miro ou alors, un dessin genre BD, plus des fausses écritures arabes, plus une peinture brute, très Dubuffet ou COBRA. La figuration libre est une peinture qui ne renie pas ses instincts primitifs et une volonté de culture. Comme Jules Verne, sans sortir de chez moi, je suis allé à Tombouctou. » (5).

    Le mouvement prendra rapidement de l’ampleur  en étant  relayé par de nombreuses expositions internationales et des critiques d’art influents à l’époque (Bernard Lamarche-Vadel organise l’exposition « Finir en Beauté » en 1981 et Hervé Perdriolle publie « Figuration Libre, une initiation à la culture mass medias » en 1984).

    Au-delà des regroupements formulés par les critiques d’art relayés par des appellations plus « commerciales », une sorte de « valse des étiquettes », il paraît intéressant de se replonger aujourd’hui au cœur des oeuvres conçues par ces artistes pour proposer une relecture attentive à l’évolution des mythologies des années soixante aux années quatre-vingt. Durant ce laps de temps, le quotidien a changé, la vision des artistes aussi. Certains thèmes demeurent (l’argent, le pouvoir, la violence, la guerre, la religion, l’amour sont des thèmes (éternels) très présents dans l’exposition), la façon de les aborder peut évoluer ; on remarquera ainsi la présence fréquente des animaux, de la meute de Cueco au lézard d’Aillaud, ou aux lapins jaunes de Combas, comme métaphore de la condition humaine.

    Organisée à rebours, l’exposition présente d’abord les œuvres des années 80 puis remonte le temps jusqu’aux années soixante, permettant un éclairage approfondi sur cette période. Elle permet les rapprochements thématiques et stylistiques (les façons de peindre). Elle veut également donner à voir des œuvres collectionnées par le FRAC et l’Artothèque dans leur période de constitution, 1983 pour l’un, 1986 pour l’autre. On pourra y voir une sorte de préambule à l’anniversaire des trente ans du FRAC dont le programme « officiel » débutera à l’automne 2012.

Y. Miloux

(1) par le biais des expositions Photopeintries « Comment peindre après Picabia et Richter? » et « Pharmacies », puis « Au-delà de la géométrie: art concret, minimal, sériel », « Néo-Géo & Cie » et « Electro-géo »
(2) il faut rappeler que l’époque était aux collectifs d’artistes – la fameuse Coopérative des Malassis, le groupe espagnol Equipo Cronica, l’assassinat symbolique de Marcel Duchamp par Aillaud, Arroyo et Recalcati, réactivant la méthode surréaliste du cadavre exquis - dont on  trouvera trace pour les années 80 chez les Frères Ripoulin, le groupe Bazooka, les Musulmans Fumants…
(3) dans le catalogue « Bande dessinée et Figuration narrative », Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, 7 avril – 12 juin 1967
(4) notamment les Neue Wilde (Nouveaux fauves : Baselitz, Penck,…) en Allemagne, La Trans-avangardia (Transavantgarde : Chia, Clemente, Paladino…) en Italie, Bad Painting (Jean-Michel Basquiat, Keith Haring, David Salle...) à New York, La Figuration Libre (Blais, Blanchard, Boisrond, Combas, Di Rosa...) en France.
(5) Robert Combas in catalogue « L’air du temps », Galerie d’art contemporain des musées de Nice, février – avril 1982


> Les rendez-vous autour de l’exposition :
> Lectures de l’exposition : de 18h30 à 19h30 - entrée libre
jeudi 8 décembre 2011 par Yannick Miloux, directeur du FRAC Limousin
jeudi 26 janvier 2012 par Olivier Beaudet, chargé des publics à l’Artothèque du Limousin
> Samedi 18 février 2012 :
14h : visite commentée au FRAC Limousin
15h30 : conférence par Henri Cueco à la BFM de Limoges (2, place Aimé Césaire)
> Décrochage ! samedi 10 mars de 14h à 18h
Empruntez une oeuvre de l’Artothèque du Limousin.
Vous pouvez réserver votre oeuvre pendant la durée de l’exposition.
Entrée gratuite et visite accompagnée de l’exposition à 16h.

Légende de l'oeuvre :
Martial Raysse
Le cheval ou la nuit de Noël, 1980
acrylique sur panneau, 80 x 120 cm
Collection FRAC Limousin
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Complément d'information

Exposition réalisée en partenariat avec l’Artothèque du Limousin :
27, boulevard de la Corderie 87 031 Limoges cedex
tél. : 05 55 45 18 20
artothequelimousin@orange.fr
www.artothequelimousin.com

Adresse

Les coopérateurs Impasse des Charentes 87100 Limoges France

Comment s'y rendre


 

Dernière mise à jour le 2 mars 2020