MY CRAFTS

Exposition
Arts plastiques
Michel Rein, Paris Paris 03

Michel Rein est heureux de présenter la troisième exposition personnelle de Didier Fiúza Faustino après We can’t go home again (2013) et The Wild Things (2011).

 

He’s sitting on the fence, dirait-on outre-Manche. Didier Fiúza Faustino travaille en effet depuis de nombreuses années à la frontière de l’art et de l’architecture, entre espace et sculpture. On sait que ladite barrière, avec cet artiste, est susceptible de radicales contorsions (Point Break, 2009 ; Vortex Populi, 2015) qui n’arrangent en rien le grand inconfort de celui qui chevauche ainsi.

 

C’est très précisément d’assises incertaines et de commodités empêchées dont traite l’exposition MY CRAFTS. Dix pièces, réalisées ces seize dernières années, qu’on peine à désigner comme des « chaises » tant celles-ci malmènent, non seulement les corps, mais aussi et surtout les catégories établies par les théoriciens du design et autres spécialistes des arts décoratifs (Les Liaisons dangereuses, 2008). Dix pièces à considérer davantage comme des jalons dans l’œuvre de Faustino, des formations apparues lors de ses recherches spatiales puis intégrées à telle installation ou associées à tel chantier.

 

Rencontre fortuite du fil barbelé et du tube cintré, Love me tender (2000) ouvre la série et semble dicter à toutes les autres son traité d’anti-ergonomie au titre un peu trompeur. C’est en effet souvent au grand dam de nos tendons et cervicales, qu’ici les canons de l’histoire de l’architecture et du design ont été modifiés – hybridés, hypertrophiés ou décharnés (Donnie Darko, 2014).

 

Faustino cherche à établir le degré zéro du confort individuel (Expliseat, 2005) ou collectif (Sympathy for the Devil, 2006). Il remet en cause les conventions posturales occidentales et par là même notre addiction aux fauteuils. Pour ce faire, il révèle les possibilités du rocher (Broken White Cube, 2007), celles du destrier (Hermaphrodite, 2010). Parce qu’il s’agit de ne pas s’oublier dans la chaleur moite des rembourrages, l’artiste jamais ne remplit les vides. Aux corps de s’en charger (Temps sauvages et incertains, 2007). Seuls le fer à béton et la feuille d’acier souvent suffisent. L’objet, ainsi réduit à sa plus simple structure, devient à la fois marqueur de territoire et poste d’observation. Son instabilité délibérée, calculée, met en danger l’utilisateur et par conséquent stimule son attention.

 

Démultipliées, les dernières nées de la série, un couple d’assises (Delete Yourself, 2016), dessinent d’infinis paysages combinatoires et lancent au passage de révérencieux clins d’œil au travail de Sol Lewitt et de Superstudio. Polarisées à l’instar des deux ailes de l’Uncut House (2010), presque genrées, elles se veulent, aussi paradoxalement que possible, tant massives que chétives, à la fois structurelles et monolithiques. L’anguleuse est un atome d’espace, une borne qui nous indique l’origine des trois coordonnées cartésiennes. Le dossier courbé de l’autre sème le trouble dans ce système. Il se fout des trames et coupe à la traverse. Faustino lui-même (Nowhere Somewhere, 2013) trace ainsi sa route – buissonnière – à travers le rigoureux cadastre des champs disciplinaires.

Tony Côme
Septembre 2016

 

Artistes

Adresse

Michel Rein, Paris 42 rue de Turenne 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 2 mars 2020