Mourir peut attendre

La céramique entre vanité et danse macabre
Exposition
Arts du feu
Maison de la terre Saint-Quentin-la-Poterie
Sculpture en porcelaine

Sculpture en porcelaine émaillée, or, L. 40 cm, H. 19 cm, P. 34 cm. Exposition "Mourir peut attendre", Galerie Terra Viva

La céramique accompagne de longue date le quotidien des vivants mais aussi le dernier voyage des morts. Des rituels funéraires aux décors floraux des tombes, elle a pris bien des formes au fil du temps. Choisie pour sa solidité, qui, à travers les siècles, témoigne de notre passage sur la Terre, elle est aussi incarnation de la fragilité, à l'image de notre vulnérabilité. 

Les vanités, ces natures mortes fréquemment associées à un crâne pour évoquer la brièveté de la vie et la futilité des plaisirs, sont apparues dès l'Antiquité et ont fait les beaux jours de la peinture dès le XVIe siècle, pendant que le thème de la danse macabre, farandole mêlant morts et vivants vers une issue inéluctable, émerge au Moyen-Age. Aujourd'hui encore, les artistes contemporains puisent à cette source intarissable.

Les céramistes ne sont pas en reste mais c'est bien la vie, et le lien avec le vivant, qu'ils célèbrent à travers leur travail. Car si "Mourir peut attendre", c'est que la céramique a encore bien des choses à dire... En témoigne la vitalité de cette exposition !

Complément d'information

L'omniprésence de ce thème à travers l'art romantique et symbolique a marqué Muriel Persil. Elle interroge, à travers ses sculptures en porcelaine ou en faïence, la Mort comme passage, porteur d'une promesse de renouveau. Herbes, arbres et fleurs se mêlent ainsi intimement aux crânes, aux jeunes filles endormies - à l'image de la belle Ophélie -, ensevelissant tout dans une vision syncrétique de l'humain et du végétal, expression d'une perpétuelle renaissance. Avec une précision minutieuse et une richesse chromatique qui nous enchante, entre naturalisme et fantastique, elle offre une vision foisonnante de ces mythes.

Audrey Ballachino compose, de son côté, de véritables tableaux en trois dimensions qui naissent d'une scénographie soignée : l'accumulation d'objets y génère une mise en scène baroque de banquets prolifiques mais silencieux. Le style rocaille revendiqué puise ses racines dans les origines siciliennes de l'artiste, un héritage fragmentaire qui nourrit sa recherche sur l'objet, entre fonctionnalité et dimension symbolique. Ses porcelaines se parent de couleurs vives, leurs formes mouvementées et complexes s'habillent d'une accumulation de détails délicats et exubérants par lesquels elle réinterprète librement les motifs récurrents d'un art populaire empreint de religiosité. 

Par sa force expressive, née de sa technique si personnelle, au corps à corps avec la terre, la sculpture de Michel Wohlfahrt célèbre, à travers ses grandes figures, la résistance, la liberté, la pulsion vitale. Pourtant, depuis plusieurs années, certaines oeuvres réservent au spectateur une surprise... Dans la série "Volte-face", ses figures humaines cachent en leur dos un squelette moqueur, dégingandé et grimaçant. Une vision effrayante mais aussi ludique - dimension présente à travers toute l'oeuvre de l'artiste - qui invite à prendre un peu de recul et à profiter de la vie, soulignant ainsi la valeur que la mort lui confère.

Horaires

20 mars - 30 avril : tous les jours sauf le lundi, de 10h à 13h et de 14h30 à 18h.

Mai-juin : tous les jours, de 10h à 13h et de 14h30 à 19h

Accès mobilité réduite

Oui

Adresse

Maison de la terre 14 rue de la Fontaine 30700 Saint-Quentin-la-Poterie France

Comment s'y rendre

Pédestre (centre village) ; parkings à proximité

Dernière mise à jour le 13 octobre 2022