Morgane Tschiember, HONEY, HONEY !
Pour Morgane Tschiember, chaque exposition
est une nouvelle promenade. L’occasion
d’établir un nouveau dialogue entre
matières et matériaux, de déambuler et
de se laisser happer par différents supports
et médiums. « Au loin, on entend
des sons, puis de nouveaux sons, comme
s’ils avaient fusionné » , confie l’artiste.
HONEY, HONEY! , comme une douce
incantation, interpelle le visiteur : une
invitation sucrée et intime à effectuer
un parcours sensible, à explorer
les mutations des formes et des
matières. C’est le printemps, les bourgeons
s’ouvrent, les abeilles (celles
qui restent...) sont de retour. HONEY,
HONEY ! fait résonner nature et culture,
art et artisanat, dans des réalisations
qui subliment les trésors et chefs d’oeuvre
en péril que sont les petites
ouvrières du miel et leur production.
Ainsi, Honey Drop joue sur les correspondances
et similitudes entre le verre
et le miel.
« Les deux matériaux, ce sont des
liquides amorphes. La viscosité du verre
due à son point de fusion est identique à
la viscosité du miel... Beaucoup de qualités
similaires entre ces deux éléments
m’ont amenée à réfléchir à cette nouvelle
série » , poursuit Morgane Tschiember, qui,
par ce jeu de correspondances, donne
un corps et un visage à la synesthésie,
faisant fusionner les sens et perceptions.
Un autre regard sur le monde pour
l’expérimenter et l’éprouver sur un nouveau
mode.
« Chaque oeuvre apparaît douce, mais
il y a toujours une autre forme plus rude,
plus brute, qui rentre en contact avec
la douceur des oeuvres » , confie la plasticienne.
Les difféntes pièces constitutant Honey
Drop, suspendues à des crochets métalliques
de boucher, sont une matérialisation
des antagonismes inhérents à la
nature. Le cocon, le bourgeon, le miel
et ses saveurs sucrées, la transparence
du verre... Du plus découle le moins, de
la naissance naît la mise à mort. Ainsi, la
matière transformée, figée, s’affichet-
elle comme suppliciée, condamnée et
en suspens sur ces crochets froids et
glaçants. Croisement paroxystique de
sensations opposées.
Le travail de Morgane Tschiember parle
d’états de la matière, d’états physiques
et métaphysiques, s’appuyant sur les
mots de l’écrivain, Marguerite Yourcenar :
« Un rideau léger bouge… Se soulève,
on se rendra compte bientôt qu’il n’est
que la métaphore de la voix… que l’on
entend… À chaque mouvement du rideau,
une fragrance imprègne le lieu un peu
plus » , poursuit Morgane Tschiember.
Invitation à révéler les matières, à bousculer
les sens.
« De nouveau, une douceur se dégage
de l’oeuvre. Pourtant, si l’on écoute le
texte avec attention, les fusions, puis
les confusions des sentiments apparaissent... »
Fusion des oppositions, rencontres de
corps que tout oppose, confrontation
de sentiments et d’états diffus... HONEY,
HONEY! questionne la passion, l’absolu et
les frontières entre monde physique et
sensible, entre renaissance et destruction.
« Des infusions se répandent au sol et
sur les murs… des mousses roses sont
imbibées de cire… » , énumère l’artiste.
La promenade se poursuit : entre différents
états, entre liquide et solide,
entre douceur et amertume... Les matériaux
épousent le flux de la vie, en capturent
la sève, mus par une sublime et
effrénée incandescence. Les formes se
font et se défont, à mesure que la matière
se révèle et se consume. HONEY, HONEY!
douce répétition susurrée à l’oreille du
visiteur, traduit ce double mouvement qui
traverse l’exposition. Suspendues, tendues,
voire écartelées entre deux temps
et deux émotions, les oeuvres explorent
les limites de l’état et les états limites.
Une balade romantico-tragique au coeur
de la matière.
Tarifs :
Entrée libre