MICHEL HAAS
MICHEL HAAS
Saute les murs 02
4 avril – 18 mai 2013
Vernissage le jeudi 4 avril 2013 de 18h à 21h
Suzanne Tarasieve est heureuse de présenter pour la première fois à la galerie les derniers travaux de l’artiste
Michel Haas.
…Disons-le d’emblée. Michel Haas n’est pas plus graveur, que dessinateur, que peintre, que sculpteur
même. Michel est Haas est un artiste qui a dépassé depuis bien longtemps ces catégories pour ce concentrer sur
l’unique question qui vaille : sa création.
Les étiquettes, « gravures », « dessins », « peintures », rassurent les spectateurs que nous sommes. Elles sont
des guides face à des objets nouveaux. Nous cherchons toujours à ramener les objets mystérieux dans un univers
connu qui nous permettra de mieux les distinguer, nous conduisant pourtant souvent dans l’erreur. Le plus difficile
est de regarder une chose pour ce qu’elle est, non pour ce à quoi elle nous fait penser. L’oeuvre de Michel Haas
nous pose très rapidement ce problème, au risque même de passer à côté sans y prêter attention. Trop différent
peut-être, ou à l’inverse, semble-t-il pas assez. Mais quelle oeuvre valable ne demande-t-elle pas un temps
d’appropriation ? Un temps de prise de contact ? Un temps de crise même avant de vraiment en saisir toute la
dimension singulière.
Une seule chose est invariable et extraordinairement palpable dans l’oeuvre de Michel Haas : le papier. Il ne crée
que sur papier. C’est à la fois son support, son terrain de fouille, sa matière première. Traditionnellement les
oeuvres sur papier sont présentées encadrées derrière un verre protecteur certes, mais projetant l’oeuvre dans un
espace infranchissable pour le spectateur, accentuant son caractère iconique et étranger. Ce mode de
présentation contredit totalement l’esprit de l’oeuvre de Michel Haas. La matière du papier, son épaisseur, les plis,
les déchirures qu’il y pratique, donnent un caractère extraordinairement physique à ses oeuvres. Elle fonctionne
comme des sculptures, partageant le même espace que nous-mêmes. Nous pouvons les toucher, les sentir, les
ressentir. Ce sont des images, non des icônes. Comme si nous ressentions qu’elles aussi vivent et peuvent
mourir. C’est en cela qu’il y a de la vie dans l’oeuvre de Michel Haas. Son coeur y bat.
En cela aussi son travail est plus profond qu’un travail sur la vie. Certes il représente des scènes de la vie
quotidienne, des cyclistes, des couples, des personnages travaillant sur un ordinateur portable, des chats, des
hommes buvants, des vieillards. Certes il le puise tout cela dans son quartier, là où le mène ses pas. Cependant
dans cette mise à l’honneur de son époque, dans cet intérêt pour les musiciens et les danseurs, pour les bouquets
de fleurs et les balayeurs, il y a une célébration affirmée de la vie.
Le regard analytique qui étudie « comment c’est fait » s’efface au profit de l’imagination, de la
remontée d’expériences personnelles qui recréent intérieurement le bruit de la moto, le mouvement du chat, le cri
de la victoire ou la chaleur du baiser. Toute chose déjà vécue et inscrite en chacun de nous.
S’il est des rencontres qui peuvent changer la vie, celle de l’oeuvre de Michel Haas nous permet de contacter
quelque chose de primaire et de très immédiat enfoui en nous, comme une bouffée d’éternité.
Paul Ripoche
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Né en 1934, Michel Haas vit et travaille en France. Depuis près de quarante ans, il a exposé dans de nombreuses
galeries françaises et étrangères (New York, Madrid, Tokyo…). Dès 1978, ses oeuvres sont montrées à la
Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques. En 2007, une exposition lui est consacrée au Musée
départemental de préhistoire de Solutré. En parallèle de « Saute les Murs 02 », d’autres oeuvres sont visibles
jusqu’au 28 avril 2013 au Musée du Dessin et de l’Estampe Originale à Gravelines.