Mécaniques du dessin

Exposition
Arts plastiques
Les coopérateurs Limoges

Alain Doret, Dessin mural n°4, 2002
(Détail du dessin à reproduire sur les murs)
Collection FRAC Limousin

 

On assiste depuis environ une décennie à un véritable engouement en faveur du dessin. Salons et foires spécialisées se multiplient et, à côté de ce qu’on pourrait n’envisager que comme une recrudescence liée au marché de l’art, les revues spécialisées dans le domaine du dessin fleurissent : Roven, The Drawer, etc…, faisant du domaine des arts graphiques un champ d’investigation particulièrement riche. Pour s’en convaincre, il suffit d’énoncer la liste des thèmes développés par Roven depuis sa création en 2009 : la ligne, le dessin collectif, dessin et architecture, cartographie, tentation érotique (dessin et photographie), machines à dessiner, dessin et écriture, dessin et politique, carnet de recherches, dessin et performance.

 

Dans la collection d’œuvres graphiques de l’Artothèque du Limousin, et aussi dans une moindre mesure au sein de la collection du FRAC, le dessin est très présent sous des formes très diverses.

Cette exposition, intitulée « Mécaniques du dessin », s’appuie sur une exploration en profondeur des deux collections pour échafauder une présentation permettant de mettre en relief certains axes d’appréciation. Dessins délégués, mécanisés, à quatre mains, de sculpteurs, proches de reproductions, pluri-stylistiques, de peintres… sont quelques-uns des thèmes abordés dans cette exposition qui prend la forme d’une sorte de pinacothèque temporaire.

 

La collection du FRAC Limousin repose notamment sur des ensembles monographiques d’artistes importants. Parmi ceux-ci, certains pratiquent le dessin de manière systématique et on peut avancer que le dessin nourrit l’ensemble de leur démarche. Que l’on pense à Alain Séchas, par exemple, ou encore à Georg Ettl, Hugues Reip, ou encore Guillaume Pinard.

Les quatre premières salles de la galerie des Coopérateurs montrent des ensembles d’œuvres de ces artistes qui établissent des conversations plutôt humoristiques sur des sujets précis. Le dessin ne se limite pas seulement au papier, mais peut prendre des formes sculpturales, dans l’espace lui-même, ou encore lumineuses et temporelles. L’utilisation de techniques artisanales (papiers découpés) ou industrielles (sérigraphie, laque automobile, film d’animation, néon) voire de technologies plus récentes (dessins et animations numériques) montre, s’il le fallait, que les artistes font usage de tous les outils disponibles pour doter leurs œuvres de formes très convaincantes.

 

Dans les salles suivantes est présentée une œuvre qui documente l’activité mise en œuvre entre 1994 et 1997 par deux artistes, Gilles Mahé et Jean-Philippe Lemée, une école de dessin par correspondance. A travers documents divers (affiches, tracts, correspondances…), la boîte NCDGQAD (pour « Nous Cherchons Des Gens Qui Aiment Dessiner ») met en lumière l’enseignement et la transmission du dessin à travers sujets, notations, corrections, et sélection.

Dans la même salle, des papiers de grand format (240 x 160 cm) montrent des dessins d’artistes et d’architectes agrandis mécaniquement (il s’agit d’impressions numériques sur papier dos bleu), amplifiés et surlignés par une petite machine conçue par Fabrice Cotinat, « Confusion ».

En contrepoint, un dessin réalisé à quatre mains par un duo de jeunes artistes, Hippolyte Hentgen, rejoue avec préméditation et non sans paradoxe, la technique surréaliste du « cadavre exquis » pour une représentation de la géométrie plutôt amusante.

 

Ensuite, une grande salle blanche accueille des dessins de sculpteurs. Présentés en grappes, du sol au plafond, jusqu’à rappeler l’accrochage qu’on pratiquait dans les musées jusqu’au XlXème siècle, cet ensemble de dessins faits par des sculpteurs, artistes qui travaillent habituellement en trois dimensions, offre un panorama ouvert en termes de générations et de techniques, de Jean Clareboudt à Vladimir Skoda, de Richard Monnier à Arnaud Vasseux, de Charles Mason à Elmar Trenkwalder, de Laurent Terras à Lucia Bru, de François Bouillon à Stéphanie Cherpin.

 

Plus loin, des œuvres récentes de Bernard Moninot et d’Olivier Nottelet spéculent sur l’espace, l’un par superposition d’écrans de soie qui nuancent les effets de profondeur, l’autre par le contraste noir et blanc de l’encre de Chine sur papier poussé au maximum.

De part et d’autre de la porte d’accès à la petite salle, deux dessins à l’encre et aux crayons de couleurs de Piero Gilardi montrent des vues rapprochées de paysages, à l’image des « tapis-nature » qui l’ont fait connaître, à savoir des reliefs minutieusement taillés dans la mousse et entièrement recouverts de couleurs vives, ersatz totalement artificiels de fragments de nature à l’échelle 1/1.

 

La petite salle jaune orangée est consacrée à la présentation de dessins d’André Raffray : le fameux « paysage recommencé » d’après Picabia où l’artiste a retrouvé en 2006 le point de vue du maître (à 50 cm près) sur la Sédelle, près de Crozant, et en propose une vision en diptyque (copie aux crayons de couleurs à l’échelle 1/1 du tableau « hyper fauve » de 1909 à gauche, et version photo-réaliste aux crayons de couleurs au même format à droite) ; « Le peintre assassiné », gouache de la série télé culte « Les Brigades du Tigre » ; le « Haussmann perdu et retrouvé par André Raffray », ultime œuvre réalisée par Raffray pour le FRAC Limousin en 2009.

 

Plus loin, quatre dessins réalisés aux crayons de couleurs par Loïc Raguénès donnent un bon aperçu de son processus de création. A partir d’une banque d’images, l’artiste réalise patiemment des dessins monochromes et, plus rarement, polychromes, copies manuelles d’images tramées, déjà imprimées. Les résultats ne manquent pas de rappeler le pointillisme d’un Seurat et la pixellisation des images numériques actuelles, tout en restant la plupart du temps monochromes.

En vis-à-vis, « Rythme vital », une œuvre de Marco Godinho est constituée d’un faisceau de néons colorés qui dessinent les différents itinéraires parcourus entre la gare de Nancy et la galerie de l’artiste dans cette ville, et d’un ensemble de 21 dessins aux techniques variées qui sont autant de détails urbains aperçus lors de ses déambulations.

Trois dessins multidirectionnels particulièrement denses de l’américain David Scher montrent la saturation des signes et des informations dans la métropole contemporaine.  

 

Enfin, la dernière salle accueille un vaste dessin mural d’Alain Doret, « Dessin mural n°4 ». Réalisé par des étudiants de l’ENSA selon un protocole très précis établi par l’artiste, ce dessin aux dimensions de la salle est une combinaison aérée d’un répertoire de formes (les « F3D ») aux traits plus ou moins épais qui n’est pas sans évoquer le flottement d’un économiseur d’écran. Cette surface visuellement mouvante sert de support pour des dessins de peintres accrochés en une ligne horizontale.

S’y présentent, à hauteur d’œil, des recherches graphiques d’Alain Doret, Jane Harris, Sol LeWitt, Olivier Gourvil, Bruno Rousselot et Henri Jacobs. Chaque dessin superpose des plans et/ou des enchevêtrements de motifs pour suggérer une spatialité à l’intérieur du format de la feuille de papier.

 

 

Les rendez-vous de l’exposition :

> Lectures de l’exposition : entrée libre

jeudi 11 décembre 2014 par Alain Doret, artiste : de 18h30 à 19h30 au FRAC Limousin

jeudi 15 janvier 2015 par Johana Carrier, Roven Editions :

de 16h30 à 17h30 conférence à l’ENSA Limoges (19 av. Martin Luther King), suivie d’une lecture de l’exposition au FRAC Limousin à 18h30.

Jeudi 5 février 2015 par Guillaume Pinard, artiste : de 17h à 18h conférence à la BFM de Limoges (2 place Aimé Césaire), suivie d’une lecture de l’exposition au FRAC Limousin à 18h30.

> Dernier jour ! samedi 7 février 2015 – entrée gratuite

Visite commentée à 16h par Yannick Miloux, directeur artistique du FRAC-Artothèque du Limousin.

Complément d'information

Horaires:
de mardi à samedi : 14h - 18h, sauf le 24 décembre de 14h à 16h.
Fermé : les 2 et 3 janvier 2015, les dimanches, lundis et jours fériés.

Tarif des entrées :
Tarif plein : 1.50 euros
Tarif réduit : 0.70 euros
Entrée gratuite pour les chômeurs, journalistes, étudiants, scolaires...

Adresse

Les coopérateurs Impasse des Charentes 87100 Limoges France

Comment s'y rendre


 

Dernière mise à jour le 2 mars 2020