MATURITÉS

Le Centre d’art vous invite à découvrir le dernier cycle de la saison 7 Les registres du jeu avec l’exposition de CLARA, intitulée Maturités, visible dans la Grande Halle du 3 juin au 27 août 2023. Ce cycle d’exposition propose un jeu de dévoilement progressif réenchantant les espaces des Tanneries qui, pareils aux palimpsestes, accueillent de nouvelles écritures, des jeux narratifs oscillant entre récits personnels et collectifs. Ce dernier chapitre de la saison 7 est irrigué par une énergie caractéristique, un élan aux allures indéfectible : trois univers dans lesquels cheminer, tour à tour peuplés de figures issues de contes, de légendes – Twist & Die d’Hélène Delprat – de machines exubérantes et inventives – N.O.É(1) de Victor Cord’homme – mais aussi de formes végétales singulières – Maturités de CLARA.

Formé en 2005, CLARA est un collectif d’artistes rassemblés par leur complicité et leurs aspirations communes. Son processus de création s’inscrit sur un temps long habité de découvertes progressives de lieux, d’objets et d’échanges, fruits de précieuses rencontres humaines. Son travail s’initie dans un aller-retour entre l’individuel et le général, traversant ses projets d’une présence multiple, amplifiée d’une diversité de regards qui les nourrissent. De la récolte de matières brutes délaissées par des entreprises(2) à l’installation de la charpente d’une maison bressane dans une ancienne maréchalerie(3) en passant par la valorisation d’encombrants amassés dans les rues(4), les oeuvres de CLARA s’appuient sur des corps parfois livrés au rebut pour en modifier momentanément la destination. À travers une habile mise en tension des forces, le collectif joue avec les codes architecturaux et l’enveloppe formelle des éléments pour enrichir et déstabiliser les intuitions premières du visiteur dont la présence active les jeux scénographiques et tisse des liens entre objets et espaces d’exposition.

Poursuivant leur démarche de mise au jour d’un patrimoine(5), Maturités émane de la découverte du Potager du Roi à Versailles, et plus particulièrement le 5ème jardin des Onze consacré au développement d’arbres fruitiers, mais où plus d’une centaine de spécimens expirait peu à peu. Contournant la finitude que représentait l’arrachage de ces arbres souffrants, l’exposition offre une seconde vie à ces témoins d’un passé ancien. Une histoire que les artistes ont pu fouiller et approcher en collaborant avec les étudiants de l’École nationale supérieure de paysage, et les jardiniers qui, ensemble, participent à la conservation, la gestion et la valorisation de ce site historique.

Accompagnant CLARA dans son projet, les Tanneries proposent alors une résidence de recherche permettant d’appréhender la matérialité de ces premières formes extraites de leur contexte naturel et d’expérimenter des dispositifs de présentation. L’aboutissement de ces derniers, pensés, dessinés et créés in situ démontre l’implication du Centre d’art dans les dynamiques de création, mobilisant les savoir-faire nécessaires à la réalisation de ces systèmes de monstration spécifiques et uniques. La concrétisation de cette exposition monumentale, d’une ampleur inédite, renforce également l’identification des Tanneries comme Centre d’art contemporain d’intérêt national et plateforme de production. Succédant aux phases de recherche et d’expérimentation, ce sont donc plus de 130 individus qui sont déplantés avec précaution, préservant les récits que dessinent les courbes de leurs systèmes racinaires. Gestes après gestes, par une attention archéologique, des dizaines de volontaires font communauté autour de ces conteurs d’histoire(s). Maturités débute avec cet hommage primordial, ce faire ensemble qui n’est pas sans rappeler les expositions du cycle 2 des Registres du jeu.

Dans le prolongement de ce premier geste délicat, des silhouettes se hissent au-dessus du sol de la Grande Halle et, comme une grande nappe flottante, habitent cet espace de leur présence étrange, irréelle, mythique, presque fantomatique. Et tandis que d’autres sont déposés à même le sol ou s’appuient sur des tuteurs sans fin, les dernières tentent de trouver leur équilibre sur des béquilles, une posture encore possible dans cette « exo-structure » de substitution que forme l’ensemble du dispositif d’installation choisi par CLARA.

Alors que ces vestiges du monde vivant s’introduisent dans l’architecture industrielle du bâtiment, cette dernière semble aller vers eux et les éléments métalliques des Tanneries s’étirer, se contraindre à leur tour pour les accueillir et devenir écrin. Dans le souvenir de leur ordonnancement originel, ces arbres centenaires rejouent leurs vies de labeur, exposent leurs aspérités donnant à voir leurs physionomies sculptées par les mains de générations successives de jardiniers au regard de ce qui reste la trace de leur propre détermination à faire forme : leurs morphologies racinaires. La forte présence de ces figures arborescentes reconvoque la vitalité qui les caractérisait et nous conte désormais des mémoires auxquelles s’adosser pour mûrir l’avenir, celui d’un changement de paradigme d’ores et déjà annoncé. Témoins des registres du jeu dont dépendent les écosystèmes humains, objets maintes fois façonnés et contraints, ces fascinantes formes aériennes et souterraines éveillent nos imaginaires et nous invitent à l’errance. Maturités offre ainsi une expérience tout à la fois esthétique, immersive et réflexive.

(1) L’exposition N.O.É : Nacelle Observant les Étoiles de Victor Cord’homme est visible
du 24 juin au 24 septembre 2023 sous la Verrière.
(2) Sans préméditation, Centre d’art contemporain – Passages, Troyes, 2008.
(3) Devenir charpente, La Maréchalerie – Centre d’art contemporain ÉNSA Versailles, 2021.
(4) Habiter, La Plate-forme, Dunkerque, 2012/2013.
(5) L’exposition Devenir charpente réalisée en 2021 à La Maréchalerie – Centre d’art contemporain ÉNSA Versailles introduisait une nouvelle architecture dans la charpente historique de la Petite Écurie du XVIIe siècle, celle d’une maison bressane du XVIIIe siècle qui venait occuper et reconfigurer l’espace.

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Les artistes programmés au fil de la saison #7 – Les registres du jeu

Cycle 1
Octobre : Les Simonnet, Galerie Haute – Joël Auxenfans, Les Haies, Petite Galerie – Prolongement de l’exposition Éclat de Abraham Cruzevillegas, Grande Halle
Cycle 2
Janvier : Natalia Jaime-Cortez, À combien de pas dormez-vous de l’eau ?, Verrière et Petite Galerie.
Février : Meris Angioletti, Quart de nuit, Galerie haute – Exposition collective, We are, commissaires : Guillaume Lasserre et Sammy Engramer, et les artistes Marielle Chabal, Sammy Engramer, Laurent Lacotte, Michèle Magema, Ibrahim Meïté Sikely, Myriam Mihindou, Bojana Nikcevic, Audrey Terrisse, Laure Tixier, Lassana Sarre & le Nouveau ministère de l’Agriculture.
Avril : Vir Andres Hera, Seized by the spirit, Verrière et Petite Galerie.
Cycle 3
Juin : CLARA, Maturités, Grande Halle – Hélène Delprat, Twist & Die, Galerie Haute et Petite Galerie – Victor Cord’homme, N.O.É : Nacelle Observant les Étoiles, Verrière.