Marronnages

tembe et photographies des Guyanes aujorud'hui
Arts plastiques
Galerie Dominique Fiat Paris 03
Vue d'exposition, 2023

Carlos Adaoudé, Franky Amete, Karl Joseph, Nicola Lo Calzo, Ramon Ngwete, Gerno Odang, Marcel Pinas

commissariat Thomas Mouzard
In memoriam Hervé Télémaque (1937 - 2022 )
Tous nos remerciements à Anne Husson directrice de la Maison de l'Amérique Latine et son équipe

 

Les œuvres présentées dans cette exposition s’inscrivent dans l’histoire encore largement méconnue du marronnage au Suriname et en Guyane française.
Dans l’ancienne colonie hollandaise la fuite des «esclavisés» en dehors des plantations engendre dès le 17e siècle la création de plusieurs communautés que protège la forêt amazonienne.
Menant des campagnes qui s’avèrent trop coûteuses, les autorités de la colonie concluent dès le milieu du 18e siècle des traités avec les Marrons (Saamaka, Djuka) qui les reconnaissent en tant que sujets libres. En Guyane, la France fera de même pour les Boni en 1860. Originaire de différents peuples d’Afrique, ces femmes et hommes recomposent en Amazonie des collectifs aux institutions originales.
C’est ainsi qu’une fois la paix revenue, ils inventent vers le milieu du 19e siècle un art de l’entrelacs, poésie géométrique indissociable des artefacts que chacun produit pour soi et ses proches : fronton de maison, pirogue, pagaie, peigne, tambour, etc. D’abord sculpté et gravé, le Tembe se colorise dans la seconde moitié du 20e siècle, jusqu’à être porté sur la toile.
Le compas à pointe sèche reprend un vaste répertoire de motifs, dont les noms peuvent faire sens. Du relief à la couleur, la virtuosité optique joue de la lumière.

Marcel Pinas se forme en école d’art à Paramaribo, puis à Kingston, avant de fonder le Tembe Art Studio au Suriname. Ses installations et ses peintures où l’on retrouve comme dans Letitembe le syllabaire inventé par Afaka Atumisi au début du 20e siècle pour transcrire une langue marronne, ont largement contribué à offrir une re- connaissance au Tembe dans le milieu artistique contemporain.

Carlos Adaoude a appris à sculpter et tracer le Koti Tembe, avec son père surtout, et forme déjà une sixième génération de Tembeman. Il a aussi appris avec son aîné Franky Amete, a développé notamment le Tembe sur toile (Ferfi Tembe), dans les années 1990. Tous deux renouvellent une fois encore le Tembe, et cette fois l’affranchissent de la symétrie, élargissent sa polychromie, le portent sur d’autres supports, l’insèrent dans le design, le frottent au numérique, le rendent monumental, le propulsent dans les galeries et les foires d’art contemporain, continuant à tracer au compas à pointe sèche leurs lignes de fuite.

A leurs aînés qui leur reprochent de ne pas savoir tracer le Tembe, leurs cadets, qui ont choisi la photographie répondent «Nous, nous sculptons la lumière». Gerno Odang donne à voir les descendants de Marrons dans les villes, participants au mouvement social de mars 2017 à Cayenne.
Ramon Ngwete de passage sur ses terres ancestrales nous offre le regard de ces mères lorsqu’elles se préparent à voyager sur le fleuve Tapanahoni (affluent du Maroni qui marque la frontière entre le Suriname et la Guyane).

Nous rencontrons ainsi la première génération de photo- graphes marrons, tant de décennies après les photographies d’ethnologues comme Jean Hurault ou Pierre Verger.
Nous devons au photographe Karl Joseph, lui aussi enfant de Guyane, d’avoir repéré et encouragé ces jeunes photographes à exposer leurs œuvres sur les scènes artistiques, dont les Rencontres photo- graphiques de Guyane dont il est un des cofondateurs. Il nous livre notamment ici un portrait de Ma Atema, Obieoeman.
Obia est un mot de langue akan (Afrique de l’Ouest) qui renvoie au système politico-religieux des peuples marrons. Obia est le titre qu’a choisi de donner Nicola Lo Calzo à son travail en Guyane, étape du projet au long cours Cham autour des mémoires vivantes de l’esclavage et des luttes anti-esclavagistes dans le monde atlantique.

 

Artistes

Autres artistes présentés

Carlos Adaoudé, Franky Amete, Karl Joseph, Ramon Ngwete, Gerno Odang, Marcel Pinas

Horaires

mardi - samedi 11h - 19h et sur rendez-vous

Adresse

Galerie Dominique Fiat 16 rue des Coutures Saint Gervais 75003 Paris 03 France
Dernière mise à jour le 1 avril 2023