Marlon Wobst

La place fondamentale de la couleur dans son travail remonte à son enfance : petit, il associait mentalement les jours de la semaine à une couleur spécifique, tout comme les chiffres et les parfums. Cette synesthésie, un entremêlement des sens, se retrouve dans la manière dont il emploie la couleur et compose ses peintures. La peinture à l’huile lui permet de créer n’importe quelle teinte. Il va ainsi communiquer une forme d’ivresse chromatique où la couleur existe pour elle-même tout en étant au service d’un ensemble.

Sa pratique de la sculpture céramique a débuté alors que Marlon Wobst était encore étudiant aux Beaux- Arts. Les sculptures semblent directement sorties de ses peintures : Dandy en robe de chambre, déesse de fertilité contemporaine, bandes d’amis qui se grimpent dessus ou qui posent pour une photo de groupe... Il y a aussi les figures de plages allongées, fusionnant presque avec le sol – cinq femmes et cinq hommes – face au soleil, endormies ou en train de faire de la gym. Les sculptures de Marlon Wobst sont efficaces. Si le modelé est rapide et les figures plutôt naïves, les gestes et les postures sont d’une grande précision. Il en est de même pour ses peintures et les tapisseries en laine feutrée. En les regardant, on retrouve et revit les situations décrites tant par le regard que par une reconnaissance physique, corporelle. Les sensations se transmettent, le corps à corps avec la matière résonne avec le spectateur.

Avec ses tapisseries en laine cartée et feutrée, Marlon Wobst a trouvé une matière à la fois nouvelle et très ancienne, liée aux arts appliqués dans de nombreuses cultures. Dodue et légère au départ, l’artiste en créé des grandes peaux qui font appel au toucher. Etirée, tassée, sculptée, découpée, travaillée en juxtaposition ou en superposition, il transforme la laine à l’identité plutôt rustique en art rupestre contemporain. La palette est lumineuse, les aplats dominent – rappelant la technique du découpage/collage. Les sujets des peintures et des sculptures s’y retrouvent mais le médium apporte d’autres dimensions : une sensorialité différente, une maladresse, une animalité. Ces peaux de bête irrégulières se transforment en scène de vie contemporaine.

Avec Tribus, Marlon Wobst propose un ensemble d’œuvres qui témoigne à la fois de ses qualités d’observateur et de chercheur sur la vie humaine, à la fois de sa curiosité, de son désir d’expérimenter et affiner sans cesse le dialogue subtil entre matière et potentiel narratif.