Marine Bourgeois, Ce qui me vient du silence

La Galerie Jean-Paul Barrès présente Ce qui me vient du silence, une exposition rétrospective sur le travail de Marine Bourgeois. Elle fait écho à la parution de sa première monographie Marine Bourgeois Oeuvres de 1989 à 2021 réalisée avec le soutien du Centre national des arts plastiques. Née en France, à l’Isle-Jourdain en 1949, Marine Bourgeois s’engage dans des études supérieures en littérature à Toulouse et débute ses travaux de peinture en autodidacte, en 1972.

La peinture intense et discrète de Marine Bourgeois est scellée au silence comme au mystère de la vie et de la mort. Avec des moyens conventionnels tels que l’encre de Chine, l’encre blanche, la peinture à l’huile, le papier, la toile nue ou celle de jute, l’artiste inscrit des traces, des signes, des gestes et des figures. Depuis la fin des années 1980 et l’apparition des traits, elle souhaite s’en tenir à l’essentiel, c’est-à-dire à l'expérience insondable de l’instant présent. L’artiste atteste l’aveuglement liée à la surcharge d’informations et d’images et nous invite à solliciter notre pensée, ce présent qui, toujours renouvelé, donne à voir les marques de la conscience d’exister. Rien ne lui semble plus important que la répétition perpétuelle manifestant l’intériorité, le « sans fond qui ouvre sur l’infini, sur l'ouverture du sans réponse » pour reprendre les mots de
l’artiste. L’art de Marine Bourgeois est fait de patience, de contemplation, de méditation, et de tout ce dont le silence est tributaire : le recueillement, la réflexion, l'écoute. Ses oeuvres, accueillant la discrétion des cadrans solaires, fonctionnent comme des sabliers et sont nommées d’après leur temps de réalisation.

L’essence de son travail peut s’appréhender grâce aux mots du philosophe Jean-Pierre Mourey : « Les artifices de l’art font de l’oeuvre un autre réel, insensé par rapport à la réalité usuelle. Cet autre réel ne saurait être repris dans les catégories de la langue, ni du mythe. L’oeuvre d’art est ainsi déboîtée des significations habituelles et de la
réalité quotidienne. L’art est le versant qui dénie tout savoir et qui cependant se construit sur une mémoire, un terreau de formes, de signes. Cette contradiction de l’oeuvre, à la fois insensée, muette et bruissante de signes, s’applique particulièrement aux oeuvres de Marine Bourgeois [...] ».